AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.

Encore un ouvrage sur les lieux saints! Pourquoi pas ? Il y a des sujets inépuisables sur lesquels se penchera toujours avec amour l'intelligence humaine; et certes l'HISTOIRE DE LA TERRE SAINTE est bien un de ces sujets les plus nobles et à la fois les plus touchants, ajoutons un des sujets les plus féconds en enseignements.

Les auteurs d'ouvrages sur les saints lieux peuvent, d'ailleurs, espérer aujourd'hui un d'autant meilleur accueil du public, que jamais peut-être les questions que leur nom seul soulève n'ont présenté un intérêt plus vif, plus saisissant, et tout ce qui se passe tend à faire croire que ces questions prendront de jour en jour des proportions plus considérables. Nous tâcherons d'en faire ressortir les points les plus saillants dans un aperçu sur l'état actuel de la question des lieux saints, par lequel nous terminerons notre traduction.

Indépendamment de cet à-propos de la publication de I'HISTOIRE DE LA TERRE SAINTE de M. Sobrino, qui semble

lui assurer une utilité réelle, elle possède une valeur sérieuse, un mérite intrinsèque, qui ont valu les suffrages des personnages les plus éminents de la catholique Espagne à un écrivain que d'autres travaux placent au premier rang parmi les publicistes de son pays. Il est difficile sans doute de présenter un travail tout à fait neuf sur les grands faits qui ont signalé l'existence du peuple de Dieu, sur les Croisades, etc.; mais le savant auteur a complété le sien, en faisant connaître l'histoire admirable et trop ignorée, de ces humbles et héroïques religieux qui, depuis plus de huit siècles, représentent la chrétienté auprès du tombeau du divin Rédempteur. Cette partie souvent dramatique de l'ouvrage aura, croyons-nous, pour la plupart des lecteurs, tout l'intérêt de la nouveauté.

De plus, on ne saurait retracer l'histoire d'un pays, sans parler des hommes illustres qui l'ont honoré. Comment donc notre auteur, n'eût-il pas été chrétien, ne se serait-il pas arrêté, pas prosterné devant cette grande figure du Christ, qui remplit de sa présence toute l'histoire de la Palestine, avant sa venue, par une foule d'événements symboliques et par les prophéties, durant sa vie, par ses œuvres et par ses miracles,

après sa mort, par les sou

venirs précieux dont sont embaumés tous les sanctuaires? Mais pour bien montrer le Christ, il faut exposer sa doctrine. C'est ainsi que M. Sobrino a été naturellement conduit à élargir le cadre de son travail et à y comprendre un traité apologétique, où il établit avec un remarquable talent les vérités fondamentales du christianisme.

Nous ne devons point dissimuler que notre auteur a parfois, malgré la sagacité de son esprit, apporté dans l'appréciation de certains faits, des préjugés nationaux, dont il n'a point toujours su se défendre. Nous avons cru devoir, dans ces cas

assez rares, nous permettre quelques observations que nous soumettons aux lecteurs.

Du reste, ce n'est là qu'une légère tache qui ne saurait déparer la beauté du tableau, et nous osons espérer que 'HISTOIRE DE LA TERRE SAINTE obtiendra, malgré l'imperfection de notre traduction, les sympathies du public religieux auquel nous nous adressons. Les ames pieuses, les catholiques sincères se préoccupent peu de l'importance politique de la question d'Orient; mais ils se sont tournés, a dit un » pieux prélat, avec une ineffable tendresse vers les sources >> abondantes et depuis si longtemps délaissées qui jaillissent » du Calvaire, et où l'esprit chrétien alla s'abreuver et se >> retremper durant tant de siècles. » (1) Puissent ces pages contribuer à hater, à propager le mouvement, qui pousse les hommes de notre époque à aller méditer, près du tombeau du divin Rédempteur, sur l'origine de tous nos malheurs!

(4) Mgr. l'évêque de Tripoli, dans son discours à l'assemblée générale de

· l'œuvre des pèlerinages, tenue le 40 avril 1856,

PRÉFACE DE L'AUTEUR.

La Terre sainte est un pays de prodiges dont personne ne saurait parler sans se sentir vivement ému. Le savant et l'ignorant, le riche et le pauvre, tous éprouvent un attrait irrésistible, un charme indéfinissable, lorsqu'un écho quelconque retentit du nom de JÉRUSALEM ! Ce nom semble résumer la philosophie, l'histoire, la poésie, la félicité du christianisme : car là s'est formé le nœud et révélé le secret des destinées de l'humanité; là se trouve tracé, au pied des murs de Sion, le chemin de la Jérusalem céleste. La religion y montre son berceau et le théâtre de ses triomphes; la philosophie y découvre ses principes, l'histoire sa base, la poésie ses trésors : tout ce qu'il y a de grand et de sublime, tout ce qu'il y a d'admirable et de merveilleux, est comme condensé dans cette contrée mystérieuse, à l'ombre des cèdres du Liban, sous les palmiers du désert et sur les bords du Cédron et du Jourdain.

Et pourtant cette terre divine n'appartient plus à ses maîtres! On y voit errer un peuple dégénéré qui la couvre de ruines et l'abreuve de misères, et les nations civilisées doivent courber la tête devant des barbares, pour qu'ils