découvert & puni. Mort du Pape Martin V. Son fucceffeur est un Vénitien. Joie des Vénitiens au sujet du nouveau Pape. Ouverture de la cumpagne. Déroute de l'armée Vénitienne. Progrès des Généraux de Philippe. La Flotte des Vénitiens est détruite. Succès de Lorédan sur la côte de Gênes. Conduite répréhenfible de Carmagnole. Irruption des Hongrois dans le Frioul. Nouvelles fautes de Carmagnole. Affaires d'Egypte. Sigismond passe en Italie. Carmagnole est arrêté & puni de mort. Inutilité du Congrès de Plaifance. Opérations de l'armée Vénitienne. Campagne fur mer. Paix des Alliés avec le Duc de Milan. Le Doge Fofcari veut abdiquer. On n'accepte point fa démission.. 1 HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE LIVRE VINGT ET UNIEME. A PRÈS qu'on eut terminé les obseques du Doge Tho- An. 1423. mas Mocenigo, on proce-FRANÇOIS da à l'élection de fon suc-LXV. Doge ceffeur. Plusieurs Candidats furent mis de Venise. fur les rangs; mais il n'y en eut que deux entre lesquels les fuffrages furent affez long-temps balancés, Pierre Lorédan & François Fofcari. Le premier jouissoit de toute la confideration due aux exploits & aux vertus militaires. Le second avoit l'avantage que donnent l'intrigue & la dextérité; & le nombre des partisans qu'il s'étoit faits par argent ou par féduction, étoit considérable. Les intérêts de ces deux 數 1 de Venife, compétiteurs furent vivement agités An. 1423 dans l'intérieur du Conclave. Les amis FRANÇOIS FOSCARI, de Fofcari, pour procurer l'exclufion LXV Doge de Pierre Lorédan, affecterent de relever ses grands talens pour la guerre, & foutinrent que, personne n'étant aussi capable que lui de commander les forces maritimes de l'Etat, la République devoit se conserver la liberté de l'employer contre les ennemis du dehors, dans les occasions où la fûreté de l'Etat feroit intéressée. Le parti de Lorédan observa que François Fofcari avoit beaucoup d'enfans & peu de bien, qu'il étoit d'un caractere turbulent & ennemi de la paix, & qu'on devoit se souvenir de ce que le dernier Doge avoit dit de lui en mourant, que si on le mettoit à la tête de la République, il ne tarderoit pas d'allumer & ne cesseroit d'entretenir le feu de la guerre. Il y eut jusqu'à dix scrutins; mais enfin Fofcari l'emporta, & fut proclamé Doge le 15 d'Avril de l'an 1423. Le lendemain il prit possefsion du Palais, & fit au peuple une très-belle harangue, qui fut reçue avec de grands applaudissemens. 1 Les commencemens de fon Dogat Les Grecs furent signalés par une acquisition im- An. 1423. portante. Jean Paléologue regnoit à FRANCOIS Constantinople. Incapable de confer- LXV. Doge ver ses Etats contre les forces Otto- de Venife. manes, il aimoit mieux les démem- cedent Salo brer en faveur des Puissances voisines nique aux Vé nitiens, de la Chrétienté. Il fit offrir aux Vénitiens la Ville de Salonique, que le Sultan Amurat, déja maître d'une partie de la Macédoine, projettoit d'envahir. L'offre fut acceptée par le Sénat. On arma à Venise fix galeres; on fit partir un Gouverneur, deux Provéditeurs & des troupes, pour prendre poffeffion de la place; & le peuple de cette Ville riche & commerçante, se crut à l'abri des évenemens qu'il appréhendoit, en se voyant défendu par une garnison Vénitienne. fition irrite Amurat fut très-offensé contre le Cette acqui Sénat, qui avoit ofé traverser ses vuestri & braver sa puissance. Son méconten- tre les Véaitement qu'il fit éclater, & les grands tiens, préparatifs qu'il faifoir pour affiéger Salonique, déterminerent la Seigneurie à l'envoi d'un Ambaffadeur, pour entrer en négociation avec ce Prince. An. 1423. Nicolas Giorgi fut chargé de cette FRANÇOIS Commission importante. Il se rendit LXV. Doge LCD, au camp d'Amurat, qui le reçut trèsde Venife. fierement, & qui lui dit avec amer les tume que, si les Vénitiens n'avoient pas accepté l'offre de Jean Paléologue, il auroit eu Salonique, ou par capitulation, ou par force. Il le congédia sans vouloir l'entendre, & le fit arrêter à son retour près d'Andrinople. Salonique est Une détention si contraire au droit affiégée par des gens rendit la guerre inévitable. On arma à Venise toutes les galeres du port: on envoya ordre d'armer toutes celles de Candie, de Modon, de Coron, de Naples, de Romanie & de Zara. On donna le commandement de certe flotte à Pierre Lorédan, qui s'embarqua avec un gros corps de troupes de terre, & qui fut spécialement chargé de secourir Salonique & de couvrir les colonies de l'Archipel... La flotte fit voile vers les côtes de Ils fout for- Romanie. Amurat s'étoit porté sur éés de lever le fiége. Salonique avec une grande armée, & dressoit ses machines pour battre la place. Lorédan, après avoir établi fa croifiere devant Gallipoli, détacha An. 1124. |