ΑΝ. 1443. Pendant que les nouveaux alliés préparoient les secours destinés au FRANÇOIS Comte Sforce, Alfonse lui débaucha FOSCARI, Suite des LXV. Doge une partie de ses troupes, qui paffede Venife. rent à son service avec leurs chefs. opérations de Brunoro & Troilo, deux des meilla campagne. leurs Généraux de Sforce, & en qui il avoit eu le plus de confiance, donnerent aux autres ce mauvais exemple; & en paffant chez l'ennemi, ils lui livrerent les places qui leur avoient été confiées. Sigifmond Malatesta, Seigneur de Rimini, ami & parent de Sforce, fut fur le point lui-même de se laisser corrompre par Alfonfe. Le Comte Sforce, retiré à Fano, ville des Etats de Sigifmond, eut beaucoup de peine à le retenir dans son parti : il fut obligé de lui livrer tout l'argent qu'il recevoit de Venife & de Florence; & il n'en auroit pas moins été trahi, sans la crainte qu'eut Sigifmond de la nouvelle ligue du Duc de Milan avec les deux Républiques. Alfonse se Il ne restoit, comme nous l'avons retiradas de dit, a Sforce, dans toute la Marche Naples. d'Ancone, que les places de Fermo d'Afcoli & de Rocca Contraria. Al dans le An. 1443.. fonse entreprit de soumettre cette derniere, & n'ayant pu y parvenir, il se porta avec son armée à cinq mil- FOSCARI, les de Fano. Sforce s'y tenoit renfer- LXV. Doge mé, attendant les secours qui lui de Venife. venoient de Venise & de Florence, & qui avoient leur rendez-vous à Rimini. L'approche de ces secours, & la difficulté d'assiéger, fans flotte, une place maritime, forte par elle-même, & défendue par le Comte Sforce en personne, déterminerent le Roi Alfonfe & Pichinin à rétrograder. Quelques jours après ils se séparerent: Alfonfe prit la route de Fermo, où il fut averti que Brunoro & Troilo, transfuges l'un & l'autre de l'armée de Sforce, étoient en correspondance avec leur ancien Chef. C'étoit un faux avis que le Comte Sforce lui avoit fait donner par ses Espions, afin de procurer à ces deux traîtres le châtiment qu'ils méritoient. Pour prouver cette intelligence à Alfonse, Sforce leur écrivit une lertre, dans laquelle il les exhortoit à exécuter au plutôt ce dont ils étoient convenus, & donna ordre au porteur de cette lettre de faire en forte qu'elle An. 1443. fût interceptée & qu'elle parvînt à FRANÇOIS Alfonse. La lettre lui fut rendue, en LXV. Doge effet. Il ne douta plus de la perfidie FOSCARI, de Venife. de Brunoro & de Troilo: il les fit arrêter, & les envoya en Espagne, où il les retint en prison pendant dix ans dans un Château près de Valences Cette rufe de Sforce eut un double effet: il fut vengé de ceux qui l'avoient trahi, & il inspira à Alfonse tant de foupçons, que, fans s'arrêter aux fiéges de Fermo & d'Ascoli qu'il avoit voulu entreprendre, il gentra, avec fon armée dans le Royaume de Naples.mdep runs o Pichinin ravageoit le pays entre Pichinin est Rimini & Fano, & le Comte Sforce L'armée de défaite. pouvoit à peine mettre aux courses de ses partis de foibles empêchemens. Les troupes auxiliaires de Venife & de Florence arriverent enfin, près de Rimini. L'objet de Pichinin étoit d'empêcher leur jonction avec celles de Sforce, & la position qu'il occupoit étoit habilement choisie pour cela. Sforce raffembla promptement toutes les troupes qu'il avoit déta chées en différens endroits, & en par- FRANÇOIS ticulier celles qui avoient côtoyé l'ar-FOSCARI, riere-garde du Roi Alfonse dans sa LXV. Doga retraite. Il partit de Fano, avec ce petit corps d'armée, le 10 Novembre & s'approcha de Monteloro, où l'ent nemi étoit campé. Sigifmond Malatesta conduiseit son avant-garde;.& lorsqu'il fut arrivé au bas de la montagne, il repoussa les gardes avancées des ennemis. Pichinin, campé sur la hauteur, fit descendre une de ses divisions pour engager le combat avec Malatesta, & pour profiter du défor+ dre où se trouve presque toujours unet armée que l'on attaque avant qu'elle ait eu le temps de se former. Sforce averti de ce mouvement, fit avancer le reste de fon armée pour foutenir fon avant-garde, & envoya deux Aides-de-Camp à Rimini, pour or donner aux troupes auxiliairesi dé marcher sans différer, & d'attaquer la droite de l'ennemi, tandis qu'il étoit aux prises avec fon aile gauche. L'armée de Sforce chargea avec vivacité, & pouffa l'ennemi jusqu'au fommet de la montagne. Dans cet An. 1443. endroit la résistance fut fi opiniâtre, FOSCARI, & l'attaque si désavantageuse, que les LXV. Doge foldats commencerent à se rebuter : FRANÇOIS de Venife. Sforce accourut, & ranimant les siens, il fit plier les premiers bataillons de Pichinin. Ils se reformerent derriere une double ligne de chariots de bagages. Les troupes de Sforce, encouragées par la présence de leur chef, forcerent ce retranchement, & fe jetterent, le fabre à la main, dans les rangs des ennemis, qui furent mis en déroute. Il étoit deux heures de nuit; les vaincus chercherent, par la fuite, leur falut où ils purent. Tout le camp, deux mille chevaux & toute l'infanterie resterent au pouvoir des vainqueurs. Pichinin fut errant une partie de la nuit, & trouva enfin un afyle dans un Château près de Pésaro. Sforce resta jusqu'au lendemain fur le champ de bataille. Il eut d'autant plus de gloire dans ce combat, qu'il le livra, avec des forces inférieures, à un ennemi retranché sur une hauteur, & que les troupes auxiliaires qui étoient à Rimini, ayant reçu ses or |