Page images
PDF
EPUB

An. 1447.

FRANÇOIS

de Venife.

ment avec toute son armée sur Crémone pour en rompre le pont. Il y FOSCARI, envoya promptement quelques briLXV Doge gades. Il s'y rendit ensuite lui-même ; & à peine y fut-il arrivé, qu'il apperçut les colonnes Vénitiennes. Elles établirent leur camp fort près de la ville. On avoit eu le temps de distribuer des troupes pour la défense du pont. Les galions armés étoient à portée de foudroyer le rivage. Michel de Cotignola vit par ces dispositions que fon dessein étoit découvert. Il hazarda une attaque, qui fut foutenue avec une fermeté peu ordinaire. Il fut que le Comte Sforce étoit présent, & n'ayant pas jugé à propos de s'opiniatrer à une entreprise, où il n'avoit espéré de réussir qu'en surprenant l'ennemi, il reprit la route du Crémafque.

Sforce retourna au camp, & continua, avec toute l'ardeur imaginable, les opérations du siège jusqu'au 14 Novembre. Ce jour-là il ordonna un affaut général, qui fut des plus meurtriers & des plus opiniâtres. Thadée d'Eft & Gérard Dandolo firent toute

la résistance qu'on pouvoit attendre

FOSCARI,

de leur bravoure & de leur expérien- An. 1447. ce; mais enfin l'ennemi ayant pénétré FRANÇOIS dans la ville par deux endroits, ils se LXV. Doge refugierent avec leurs troupes dans la de Venife. citadelle. La ville fut abandonnée au pillage & à la fureur du foldat. Le lendemain la garnifson de la citadelle se rendit prifonniere de guerre. Sforce renvoya les Officiers & les foldats fur leur parole; &, après avoir rétabli l'ordre dans la place, il mit ses troupes en quartier, & alla passer l'hiver à Crémone. L'armée des Vénitiens fut distribuée dans les villes au-delà de l'Oglio, du Mincio & de l'Adige. Leur flotte qui étoit partie trop tard, arriva à Casal-Maggior, & s'y arrêta.

[ocr errors]

du Roi

Al

Le Roi Alfonse, malgré le chan- Opérations gement arrivé en Lombardie, n'avoit une pas laissé de poursuivre ses desseins contre l'Etat de Florence. Il étoit parti de Tivoli avec une armée nombreuse, & ayant pénétré en Toscane, il s'étoit rendu maître de Castiglione de Pefchiéra & de plusieurs autres Châteaux. Delà il s'étoit porté contre Renaud

}

FOSCARI,

des Ursins, Seigneur de Piombino, An. 1447 & l'auroit infailliblement dépouillé FRANÇOIS de ses domaines, sans les maladies LXV. Doge qui désolerent fon armée, & qui l'obligerent de retourner dans le Royaume de Naples.

de Venife.

An. 1448.

Milan traite

tiens.

Les intrigues de l'hiver fuccéderent La ville de aux opérations de l'été. Gérard avec les véni Dandolo, qui étoit Podesta à Plaifance, & qui y fut fait prifonnier, avoit eu plusieurs conversations secretes avec François & Jacques Pichinin, qui n'avoient suivi le parti du Comte Sforce que malgré eux, & qui ayant contre lui toute la haine de leur pere, désiroient avec ardeur son abaifsement. Dandolo apprit d'eux, que les Magistrats de Milan voyoient avec inquiétude les grands progrès de ce Comte, & craignoient d'être forcés un jour de fubir fa loi; que cette capitale voudroit bien se lier étroitement avec les Vénitiens, pour être plus en état d'arracher la victoire des mains de Sforce, & de mettre des bornes à fon ambition. Ils le chargerent de rendre compte au Sénat de cette disposition des Milanois, & lui

An. 1448.

FRANÇOIS

de Venife.

promirent de contribuer de tout leur pouvoir à la rendre efficace. Dandolo, de retour à Venise, exposa au Sénat FOSCARI, ce que les Pichinins lui avoient mani- LXV. Doge feste. On eut la sagesse de ne pas négliger cette ouverture de négociation. Quelques jours après les Députés de la ville de Milan se rendirent à Bergame pour traiter avec les Vénitiens & ils convinrent de faire la paix ensemble, chacun des deux partis retenant ce qu'il avoit en sa possession.

[ocr errors]

Le Comte

Sforce empê

Le secret de cette négociation fut connu du Comte Sforce, & il s'appli-shortempe qua à le traverser par les Emissaires ce Traité. qu'il avoit dans la ville de Milan ; en forte que, lorsqu'il fut question de ratifier ce Traité, une partie du peuple se souleva en criant: Point de paix avec les Vénitiens, ennemis du Comte Sforce. Les féditieux entraînerent la multitude. Le Palais où les Magistrats étoient assemblés, fut investi par une populace immense, faifant des huées & des menaces aux auteurs de cette paix; en forte que les Magiftrats, craignant pour leur vie, se virent dans la nécessité de céder au tor

:

rent, & déclarerent que l'on continue

An. 1448. roit la guerre contre les Vénitiens. FRANÇOIS Un homme qui avoit tant de pouLXV. Doge voir fur le peuple de Milan, n'étoit

FOSCARI,

de Venife.

Comte Sforce

nitiens.

pas bien éloigné d'en devenir le maître. Les Magiftrats qui lui étoient les plus opposés, se trouverent dans la nécessité de concourir aveuglément aux vues de son ambition. Il ordonna que tous les navires de l'Etat fussent raffemblés à Crémone pour y former une flotte que l'on pût oppofer à celle des Vénitiens, & il fut obéi. Les Pichinins eux - mêmes malgré le fonds de haine qu'ils avoient contre lui, furent obligés de lui marquer de l'empressement & du zele.

[ocr errors]

Progrès du Il opéra cette révolution pendant contre les ve-l'hiver, & dès que le printemps fut venu, il raffembla fon armée près de Pizzigitone, & fe mit en marche le premier de Mai. Il attaqua Mossanéga & l'emporta. Il pénétra dans la Ghiéra d'Adda & en soumit tous les Châteaux, excepté Caravaggio. Delà il tourna vers Caffano, poste important sur l'Adda, & s'en rendit maître, après dix jours de fiége. Il ne fit que se pré

« PreviousContinue »