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FRANÇOIS

avoit eu le commandement de la flotte l'année précédente, s'offrit pour l'al- An. 1427. ler remplacer. Il partit en diligence; FOSCARI & ayant joint la flotte le 20 de Mai, LXV. Doge ⚫ de Venife. il la mena tout de suite à Brescello où les ennemis étoient defcendus. Il leur livra bataille: il les chargea fi vivement, & il fut fi bien secondé par la garnison, qu'il les mit en fuite, & se rendit maître de leur camp, de leurs munitions & de tout leur bagage. Il y trouva cent soixante-dix-huit pieces d'artillerie, & une quantité prodigieuse de poudre, de boulets, d'armes de toute espece.

Habile à profiter de la victoire, Bembo se porta sur Casal-Maggior, où il trouva l'ennemi fortement retranché. Il lui livra un second combat, & le mit une seconde fois en déroute. Ensuite il fit attaquer la place, qu'il emporta en peu de jours. La garnison, de plus de douze cents hommes, se rendit prifonniere de guerre. Bembo remonta jusqu'à Crémone, où il trouva les deux bords du Fleuve, & une ifle qui est dans le milieu, occupés par P'ennemi. La terreur que ses premiers

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An. 1427.

FOSCARI,

succès avoient répandue fit plier ces
troupes au premier choc. Bembo con-

FRANÇOIS tinua de remonter le fleuve. II prit un
LXV. Doge château qui défendoit l'embouchure

de Venife.

de l'Adige: il entra dans le Tésin, & s'avança fort près de Pavie; mais ne rencontrant plus d'ennemis & craignant de s'être engagé trop avant, il se replia sur Crémone, qu'il canona en passant; & de-là sur Casal-Maggior.

Opérations La campagne avoit été ouverte de des troupes de très-bonne heure dans le Bressan. Les Généraux de Philippe avoient assemblé leur armée dans cette province, & y avoient fait de gros magasins. Leur intention étoit de donner de l'inquiétude à Carmagnole pour la ville de Breffe, & de l'éloigner ainsi du Crémonois. Ils y parvinrent par des mouvemens habilement combinés. Carmagnole quitta son camp de Mantoue, & marcha dans le Bressan. Il avoit des intelligences dans beaucoup de places; il les entretenoit avec beaucoup de foin pour multiplier ses conquêtes sans effusion de sang. Il eut quelque espérance de débaucher la gar

nison de Monte-Chiaro; mais ce pro

jet jet ayant avorté, il se porta fur Gotalengo pour tenter la même aventure. An. 1427. L'ennemi informé de ses ruses, l'yat-FRANÇOIS tira, résolu de le prendre dans ses pro- LXV. Doge pres piéges.

FOSCARI,

de Venife.

surprise &

Carmagnole arriva devant le châ- L'armée Véteau le jour de l'Ascension, sur les nitienne e neuf heures du matin, avec une ar-difsipée. mée de douze mille chevaux & de douze mille hommes d'infanterie. Comme il n'avoit point rencontré d'ennemis dans sa marche, il s'abandonna à une faufsse sécurité. Il ignoroit qu'un gros corps de troupes de Milan étoit embusqué dans le voifinage: il ne prit aucune précaution; il ne fit aucune reconnoissance; il permit même à ses soldats de rompre leurs rangs, pour se délaffer des fatigues de la marche. Ils se coucherent la plupart sur l'herbe, & laisserent leurs chevaux paître en liberté. L'ennemi faisit ce moment de désordre, & fondant avec impétuosité sur le camp Vénitien, il diffipa cette belle armée en un instant, & fit plus de quinze cents prifonniers.

On se figure aifément quelle fut la
Tome VI.

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FOSCARI,

Belle manœu

confufion & le désespoir de CarmaAn. 1427. gnole. Mais il montra bien-tôt après FRANÇOIS que, si les grands hommes sont sujets LXV. Doge à faire des fautes, il n'appartient qu'à de Venife. eux de savoir les réparer. Il rassembla vre de Car- les débris de son armée, qu'il recruta magnole. avec le plus grand soin, & résolut d'user à l'avenir de toute la circonfpection possible en se retranchant indifféremment dans toutes fortes de positions. Dès qu'il fut en état de tenir la campagne, il se porta sur l'Oglio, jetta un pont sur ce fleuve, & alla camper sur les bords du Pô, près de Crémone. Cette manœuvre étoit trèshabile. Par-là il forçoit l'ennemi à renoncer à tout dessein contre la ville de Bresse, en lui donnant de l'inquiétude à lui-même pour la plus importante des places de l'Etat de Milan. Cette inquiétude fut si vive , que l'armée de Philippe descendit en grande hâte dans le Crémonois, & que Philippe lui - même s'enferma dans la place pour la défendre.

Depuis long-temps on n'avoit vu en Italie de si nombreuses armées en présence. Elles montoient les deux à

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atta

An. 1427.

de Venise.

plus de soixante-dix mille hommes. Les Généraux de Philippe, animés par la présence de leur Souverain & par FOSCARI, le souvenir de leur derniere victoire, LXV. Doge se disposoient à livrer bataille. Carmagnole fortement retranché dans son camp, tenoit toutes choses prêtes pour se défendre vigoureusement. On resta quelque temps à s'observer. Enfin l'ennemi ennuyé de cette inaction qua les retranchemens des Vénitiens, & les força. On se battit dans le camp même, & il y eut d'abord quelque défordre : mais Carmagnole fit avancer ses corps de réserve. Les Milanois furent fur le point d'être environnés & accablés par le nombre. Ils se sauverent, en se faisant jour l'épée à la main, & comme ils emmenerent quelques prifonniers, ils se consolerent des blesses & des morts qu'ils avoient laifsés en beaucoup plus grand nombre. Carmagnole qui n'avoit voulu qu'éloigner de Bresse le feu de la guerre, & qui savoit que le Duc de Savoie venoit d'opérer une diversion du côté de Verceil, décampa le lendemain de cette action. Comme Philippe fur

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