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AN.1566

par-là ils détourneroient le roi de venir avec une armée dans les Pais-bas , ou qu'ils pourroient l'empêcher d'y entrer, en se joignant

ensemble, suppose qui ne voulût pas chanCXXVI. ger de résolution. Mais le comte refusa d'en

Requêre des confé

trer dans cette ligue. Dans le même-tems Brederez, en

derode qui vouloit presenter à la gouvernante voyée à la une nouvelle requête des conféderez , fit degouvernan- mander à cette princesse un fauf-conduit, pour Strada lo:0

se tranfporter sûrement à Bruxelles ; mais ne foro, lo s.

l'ayant pê obtenir, it prit le parti d'envoyer la requête à la gouvernante. Elle contenoit beaucoup de plaintes de la part des nobles, de ce qu'on vouloit armer contre eux, malgré ce qu'ils avoient fait pour défarmer les peuples , & appaiser les séditions ; de ce qu'on les chasfoit des villes ; de ce qu'on les observoit dans la campagne, & de ce qu'enfin on les regar doit par tout comme des ennemis. Ils prétendoient que toutes ces choses étoient contre leur réputation, leur fidelité, & la tranquillité des peuples. En conséquence, ils fupplioient fon altelie de confiriner la sûreté qu'elle avoit donnée aux conféderez, & de permettre aux peuples tes prêches, & tout ce qui en dépend. Hs promettoient de se tenir contens , fi elle licentioit les soldats levez depuis peu de tems & fi este révoquoit fes édits contraires aux conditions accordées. Ils protestoient de demeurer après cela fi étroitement obligez au roi, & à fon altesse, qu'ils préfereroient toûjours la gloire & la grandeur de l'un & de l'autre à teur vie & à leur fortune. Qu'autrement ils prévoyoient un grand carnage des peuples, & Fa ruine prochaine de la patrie ; qu'il leur suffiroit cependant de l'avoir prédite & d'avoir tâché de la détourner. Qu'enfin, li ces maux feur causoient une juste douleur, ils avoient du moins fa confolation de ne felt

De Thoma bo go.

reprocher aucun crime

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La gouvernante lut cette requête dans le

AN.1566 conseil secret, & quelques jours après en avoir

CXXVII. communiqué avec les conseillers, elle répon- Réponses dit à Brederode : Qu'elle de connoissoit pas cette regulo ces nobles , & le peuple au nom desquels on i£* avait presenté cette requête., puisque depuis la réponse faite à la requête des nobles du mois d'Avril, & dont ils avoient paru fi contens, ils venoient tous les jours offrir leur service au roi. Qu'elle n'avoit permis que les prêches, fans y comprendre l'établiifement des consistoires, la création des magistrats, les levées des contributions, la confufion des mariages entre les Catholiques & les héritiques, & les cenes à la calviniéne. Que l'autorité du roi; & des magistrats y étapt tous les jours méprisée la conduite qu'on y tenoit, tendant à établir tine nouvelle forme de république, ils ne devoient pas croire qu'elle eût permis au mépris de Dieu., & à la honte su rọi; tout ce qu'ils appelloient ceremonies de leur religion: Qu'elle avoit donné ordre à leur fureté, avoit gardé fa parole, & qu'elle la garderoit encore, en s'opposant néanmoins à tout ce qui se feroit contre le roi & contre la religion. Mais pourquoi , dit-elle, ceux qui se plaignent qu'on n'a pas gardé de la foi, pasientils sous filence , qu'après les conventions du mois d'Août, on a vû tant de sacrileges, tant d'églises pillées, tant de religieux chaffez de leurs monasteres des prêches établis par la force & par les armes, où il n'y en avoit jamais eu, des villes & des provinces revoltées, & tant d'autres attentats, dont ceux-là même qui prefentent aujourd'hui leur requête; ont été les auteurs:

Elle ajoûtoit, que c'étoit par leur moïen que le peuple avoit eu lạ hardiesse de s'emparer du canon & des munitions du roi, de chasser les ministres du prince, de se mettre en cane

qu'elle

AN.1566 pagne, & de paroître en bataille au bruit des

trompettes & des tambours, de facrifier à fa fureur les monafteres , & les maisons des gentilshommes, de se rendre maîtres des villes, de deftiner au massacre les Catholiques ; fans épargner même la gouvernante, & de tramer secretement la ruine entiere de tous les Païsbas. Qu'on étoit prêt d'executer tant de facrileges, fi la divine bonté n'y eût mis un obftacle, en faisant surprendre des lettres , que les réditieux adressoient à ceux de Valenciennes : qu'ils pouvoient juger par toutes ces choses, que c'étoit mal-à-propos qu'ils demandoient qu'on révoquât les édits, & qu'on licentiât les gens de guerre; c'est-à-dire, qu'on désarmât la justice , & qu'on l'exposât malheureusement au mépris & aux outrages des impies. Qu'elle vouloit bien leur dire, qu'elle ne feroit ni l'un ni l'autre; qu'au contraire elle fortifieroit l'état , s'il étoit besoin , par de nouvelles loix & de nouvelles troupes, & qu'elle ne quitteroit pas le glaive, que Dieu avoit mis entre le mains des princes, pour l'employer quand il est necesaire ; qu'ainsi elle leur conseilloit de ne se plus mêler des affaires du gouvernement, mais de fonger désormais à leurs affaires particulieres, & de ne pas contraindre le roi qui devoit arriver bien-tôt à oublier la douceur & [a clemence : que pour elle, elle sçauroit bien des tourner la ruine dont ils menaçoient la Flandre,

tous les désordres & les foulevemens de la multitude. Cette réponse parût auli-tôt imprimée.

Fin du Livre cent soixante-neuvieme.

LIVRE CENT SOIXANTE-DIXIEME.

E-DIXIÉME

AN.1566

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Es troubles, dont les Païs-bas se trouvoient

1 quelque-tems les contestations déja excitées en- Suite do tre Michel Barus, Hesselius, & leurs adversai- affaires de res. Dans cet intervalle, le premier fit réim. Baïus.

Baiana ins: primer les traitez de la justice, de la justifica

opera Barj. tion & du sacrifice, qui avoient déja paru en 1.1.8.196. 1563. Il leur ajoûta les livres du pêché originel, de la charité, des indulgences, & de la priere pour les morts. Dans la même année 1566. on publia à Paris, Les Lieux Catholie ques, des François Hortenfius, cordelier d'Espagne, lequel ouvrage déplut fort à Basus, qui prétendit y découvrir beaucoup de propositions Pélagiemes. Enfin, dans le même tems il y eut des disputes assez vives, entre l'université de Louvain & les Jesuites. Ceux-ci presenterent le quatriéme de Juillet à la faculté de théologie, qui étoit alors fort divisée, un Indult par lequel les papes leur accordoient le pouvoir de faire bacheliers , licentiez, & docteurs, ceux de leurs écoliers que le redeur ne voudroit pas admettre Gratis. En vertu de ce privile. ge, le provincial de la societé, & le recteur de Louvain, demanderent qu'on accordât gratuitement le degré à ceux de leurs disciples qui devoient être reçûs. La faculté le refusa , & le doyen prouva les raisons de son refus d'une maniere fi forte & fi convainquante, qu'on n'eut rien à lui opposer. Cependant les adversaires de Baïus , ne ces on Coilicica

1). soient point de poursuivre sa condamnation à sa condam. Rome, a peine Pie V. fut-il monté sur le fie-pation à. ge de saint Pierre, que le cardinal de Granvel. Rome.

Baïens 10: le le follicita de faire examiner les livres de ce

fuego cilen

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An.1566

théologien., & ceux de Jean Heffelius & d'en porter un jugement définitif. On ajoûta plufieurs propofitions à celles qui avoient été deja presentées à Pie IV. & qu'on avoit tirées de leurs ouvrages , & on les réduisit toutes au nombre de loixante & seize. Le pere

Montalte sordelier i que Pie V. avoit fait élire depuis peu general de cet ordre, & qu'il fit ensuite cardinal, ne contribua pas peu à avancer cette condamnation. Il preffa le jugement avec d'autant plus d'ardeur , que les parties de Baïus étoient cordeliers comme lui. Ces religieux députerent aussi à Philippe II. deux des leurs ; sçavoir , Pierre le Roi, confesseur de Marie d'Alltriche , & Theodore de Liege qui étoit fort avant dans la faveur du duc d'Albe, afin de faire Intervenir le roi dans cette affaire. Pendant ce tems-la Pie V. ft examiner les écrits de Baïus.

Ce pape donna le fixiéme de Mars le cha Le pape peau de cardinal à Michel Bonelli, fils de fa tric son ne

fæur, de l'ordre de faint Dominique. Bonelli pal.

remplit une des fix places qui vacquerent dans Ciacom.t. 3. cette année au sacré college. P1029. Le premier des cardigaux qui mourut fut

François de Gonzague , fils de Ferdinand , Mort de

, cardinal prince d'Ariano, & d'Ifabelle de Capoue , daFrançois de me de Molfête , & par cet endroit neveu Gonzague: du cardinal Hercule de Gonzague, qui fut 16

Giaimg.it ut Fame. I.

premier legat au concile de Trente , sous 3. : 934.,

Pie IV. II eut pour freres, entrautres Ce. to feq. far prioce d'Ariano , & Jean Vincent chevaCabreral

. 4. fier de Malte, que Gregoire XIII, dans la sui

te honora de la pourpre Romaine. François aïant donné dès son bas âge des preuves de fa vertu, de la pieté & de l'integrité de ses meurs, & s'étant distingue dans les lettres & dans la science du barreau , Pie IV qui étoit allié à la maison de Gonzague, lui donna l'abbaye d'A. qua-Negra, le fit protonotare apostolique, & le mit enfin au nombre des färdinaux

veu cardi

IV.

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12,

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