d'Albret , & qui le redemande, ou qu'il soit

An.1569 convaincu d'injustice , s'il retient contre le droit & contre le devoir d'un prince Chrétien & de l'honnête homme un état qui ne lui ape partient pas. Il feroit trop long de vous representer en quelles occafions, & combien de fois les souverains pontifes ont exercé leur pouvoir fuprême, & combien de differends ils ont terminez, non-seulement par leur crédit & par leur entremise, mais encore par leur jurisdidion & par leur autorité. Et pour parler en particulier du droit de donner aux princes des titres & des prérogatives d'honneur , que vos conseillers veulent contester; Alphonse VI. roi d'Espagne accorda la fille en mariage à Henri comte de Lorraine, à cause des grands exploits qu'il avoit fait contre les Maures, & lui donna cette partie de ses états, qui s'appelle le Por. tagal. Quelque-tems après le pape Alexandre III. pour recompenser la valeur & pour réconnoître les grands services qu'il avoit rendus à la Chrétienté, lui accorda le titre de roi, fans que jamais Alphonse ôsât s'opposer au desseio de la saintetė, quelque jalousie qu'il eût de voir fon gendre ausi independant & aulli puisCant que lui.

Les souverains pontifes n'ont-ils pas ôté à la Pologne le titre de roïaume, & ne le lui ontils pas rendu lorsqu'ils l'ont jugé à propos ? Dans le temas que les Polonois reconnoissoient particulierement l'autorité des empereurs, le pape déposa le roi Boleslas pour avoir tué de la main facrilege Stanislas, évêque de Cracovie , prélat d'une sainteté recommandable ; non-seulement il priva le roi du roïaume , fupprima même le titre & la dignité de roi. Cette sentence fut Gi bien executée, que pendant deux cens quarante ans , ceux qui gouvernerent la Pologne ne se nommerent jamais que ducs. Ce n'étoit ni par la negligence, ni par la lâcheté, ni par la condescendance des

il

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princes qui regnoient alors. Henri IV. étoit empereur , il étoit l'ennemi le plus ardent & le plus irréconciliable du faint fiege, & jamais ni lui ni ses successeurs, qui ont été animez du même esprit , n'ont osé contester ce droit. Après tout ce tems , les Polonois ayant une forte passion d'être rétablis dans leurs anciens honneurs, & l'ayant merité par les grands services qu'ils avoient rendus à la religion , envoyerent une solemnelle ambassade en France, où les papes tenoient alors le liege, & ils obtinrent de Jean XXII. que leur duc reprendroit le titre de roi. Quel étoit l'empereur en ce tems-là ? C'étoit Louis de Baviere, l'ennemi & le persecuteur perpetuel de l'église Romaine. Toutefois il n'envia point ce nouveau titre d'honneur aux Polonois, il ne se plaignit pas de ce qu'ils ne s'étoient pas adrefiez à lui. Je ne crois pas que Pie V. ait moins de pouvoir que Jean XXII. & les autres papes ; les hommes n'ont pû lui retrancher ses droits , & vôtre autorité n'est pas plus grande que celle des Henris & des Louis vos predecesseurs. Il n'y a que cette difference, que vôtre Majefté a de la pieté & du respect pour l'église, aulieu qu'ils n'avoient que de l'aversion contr'elle, & qu'ils étoient animez d'un esprit de rébellion contre leur mere.

Dans vôtre Allemagne, dans votre Aûtriche, les pontifes Romains n'ont-ils pas exercé le mê. me pouvoir ? Les empereurs Rodolphe, Albert, Frederic ont envoyé des ambaliadeurs à Rome, pour rendre des actions de graces plûtôt que pour faire des plaintes. Mais s'il_faut aller jusqu'à la source de vôtre pouvoir & de vôtre autorité, d'où avez-vous tiré ce nom d'empereur qui met l'Allemagne au-dessus des autres rožáumes chrétiens ? lorsque l'empire Romain , dont la puissance & la Majesté avoient été transferées dans l'Orient se ruidoit par fa propre grandeur,

& que ces

provinces étoient désolées par les

AN.1569 barbares, qui est-ce qui l'a partagé ? qui est-ce qui en a donné une partie aux Allemands ? Y a t'il quelqu'un qui soit fi animé contre le saint fiege, & fi ennemi de la verité, qui n'avouë que ce sont les papes ? Il leur a donc été

permis d'ôter aux Grecs une partie de l'empire, & de vous la donner avec le titre d'empereur : & il né leur sera pas permis aujourd'hui de donner le titre de duc & de roi ? Pourquoi n'auront-ils pas un droit qu'ils ont pû vous donner ? En verité , lorsque je fais reflexion sur cette affaire, j'ai quelque sujet de foupçonner que ceux qui vous ont donné un conseil fi nouveau, & fi dangereux dans la conjondure du tems, ont quelque deisein caché d'augmenter les troubles & les desordres pour vous brouiller avec le faint fiege.

L'empereur se trouvant embarrassé de répon. dre à ce discours, allegua seulement, qu'il étoit obligé en conscience de soutenir les droits de l'empire. A quoi le cardinal repliqua, que puisque fa Majesté Imperiale se croyoit fi obligé de défendre les droits de l'empire, elle ne devoit pas trouver mauvais, que le pape prit soin de défendre ceux du faint- liege , & qu'il lui avoit fait affez connoître qu'ils étoient. Coime publia ausi les raisons qui revenoient à peu près aux mêmes. Il disoit entr'autres que Childeric ayant été dépouillé de la couronne de France, Pepin en avoit été fait roi, par le pape Zacharie. Que Demetrius avoit été XCIII: crée par Gregoire VII. roi de Croatie & de Raisons de Dalmatie, qui sont des provinces sujettes du Corme duc

de B'lorego roïaume de Hongrie ; qu'Innocent III. avoit fait Joanniza roi de Bulgarie & de Valachie , l'empequi étoient auffi des provinces dépendantes reur.

De Thero, du même roïaume de Hongrie. Il ajoûtoit

1, 46. encore d'autres raisons moins importantes ; mais la plus forte étoit la volonté du pape ,

)

ce contre

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qui chargea aufti Michel Bonelli, dit le cardinal Alexandrin, d'avoir pareillement un entretien sur ce sujet avec le roi Philippe , & de faire en sorte que tout ce differend fût accommodé à l'amiable. On pretend, que le pape avoit donné ordre au cardinal Altemps, au cas que l'empereur refusât un accommodement avantageux, de lever dix-mille hommes en Allemagne. Mais on n'en vint pas à cette extrêm mité, & moyennant une fomme d'argent assez considerable, que Maximilien reçut , Cosmo

demeura revêtu du titre de grand duc. c. Le pape ne fit aucune promotion de cardiMort da naux dans cette année 1569. & l'on n'en troucardinal

ve qu'un seul qui soit mort; sçavoir , le carCapisucchi.

dinal Jean-Antoine Capifucchi Romain, neveu Ciacon. 1x wit poni f

de Paul Capifucchi mort en 1539. lequel avoit 5.3.7.853. été chargé d'emplois importans fous Clement Andr. Villo- VII. & Paul III. Jean Antoine son neveu avoit rod. in adaša été élevé au cardinalat par Paul IV. dans la fion Cia. Ugelli promotion de l'année 1555. Il étoit d'une anItalia Saiya, cienne famille Romaine, & né à Rome le vingt.

un d'O&obre 1515. Après avoir donné des preu. vés de la capacité, de la prudence, & de fa probité dans le bareau, où il eut differends emplois, il devint Chanoine du Vatican, d'où Paul III. le tira, ponr le faire auditeur de Rote, Paul IV. én le faisant cardinal lui donna le ti. tre de saint Pancrace, & le fit évêque de Lodi. Pie IV. changea ton titre en celui de Sainte Croix de Jerusalem , & ensuite en celui de S. Clement. Le cardinal Vitellozi-Vitelli étaat mort, Pie V. le fit preffet de la signature de grace, le mit au nombre des cardinaux prépo. sez pour le tribunal de l'inquisition , & lai don. na le gouvernement de Gualdo, avec le cara dere de légat apostolique. Il mourut à Rome le vingt-deuf Janvier 1569. dans la cinquante, quatrième année de son âge, & fut enterré dans l'églife de fon titre de faint Clement,