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31. Et s'étant retirez à part, ils parlérent

enfemble & dirent cet homme n'a rien fait qui foit digne de la mort, ou de la prison. 32. Agrippa dit à Feftus: Il pouvoit être renvoyé abfous, s'il n'eût point appellé à Cefar.

CHAPITRE XXVII.

Saint Paul eft envoyé prifonnier à Rome. Le vent contraire l'arrête en Candie. Il eft d'avis qu'on y paffe l'hyver. N'ayant pas êté cru, le vaiffeau eft battu d'une furieuse tempête. Ils jettent en mer la charge du vaifJean, &c. S. Paul promet la vie à tous. IL empêche que les mariniers ne fe dérobent. Il les prie tous de manger. Ils continuent de · décharger le navire. Ils êchoüent & font naufrage. Tous fe fauvent à la nage ou fur des planches.

I.

Prés qu'il eut été refolu que Paul Airoit en Italie, on le mit avec d'autres prifonniers entre les mains d'un nommé Jule, Centenier dans la Cohorte appellée l'Augufte.

2. Nous montâmes fur un vaiffeau d'Adrumette, & nous levâmes l'ancre pour côtoyer les terres d'Afie,ayant avec nous Ariftarque Macedonien de Theffalonique.

3. Le jour fuivant nous arrivâmes à Sidon, & Jule traitant Paul avec humanité, permit qu'il allât voir fes amis, & que l'on cût foin de lay.

Verf. 2. Grec, d'Adramytte.

4. Etant partis de là nous primes nôtre route au deffous de Chypre, parce que les vents étoient contraires.

s. Et aprés avoir traversé la mer de Cilicie & de Pamphylie, nous arrivâmes à ✯ Myre de Lycie ;

6. Où le centenier ayant trouvé un vaisseau d'Alexandrie, qui faifoit voile en Ita→ lie, nous y fit embarquer.

7. Nous allames fort lentement pendant plufieurs jours, & nous arrivames avec grande difficulté vis-à-vis de Gnide; & parce que le vent nous empêchoit d'avancer nous côtoyames l'Ile de Crete vers Sal

mone.

8. Et allant avec peine le long de la côte, nous abordames à un lieu nommé Bonsports prés duquel étoit la ville de * Thalaffe.

9. Mais, parce que beaucoup de tems s'étoit écoulé, & que la navigation devenoit perilleuse, le tems du⋆ jeûne étant déja paffé, Paul donna cet avis à ceux qui nous conduifoient.

10. Mes amis, je voy que la navigation s'en va devenir tres-fâcheufe, & pleine de peril, non feulement pour le vaiffeau & pour fa charge, mais auffi pour nos perfonnes & nos vies.

11. Mais le Centenier ajoûtoit plus de

Verf. 5. 1. v. Lyftre D'autres disent qu'il faut Lire: Lymira: qui eft une ville de Lycie plus maritime que Myre.

Verf. 8. Grec. Lafée.

Verf. 9. Expl. le grand jeune des Juifs: aux jours de l'expiation qui arrivoit à leur feptieme mois, qui répond partie au mois de Septembre,partie au mois d'Octobre, où les tempêtes font plus ordinaires.. Ibid.l. les confolait.

foy aux avis du Pilote & du Maître du vail feau, qu'à ce que difoit Paul.

12. Et comme le port n'étoit pas propre pour hyverner, la plupart furent d'avis de fe mettre en mer pour tâcher de gagner Phenicie; qui eft un port de Crete qui regarde les vents du couchant d'hyver & d'Eté, afin d'y paffer l'hyver.

13. Le vent de midy commençant à fouffler doucement, ils penférent qu'ils viendroient à bout de leur deffein, & ayant levé l'ancre * ils côtoyérent le plus prés qu'ils purent l'Ifle de Crete.

,

14. Mais il fe leva peu aprés un vent impétueux d'entre le Levant & le Nord, qui donnoit contre l'Ifle:

15. Et comme il emportoit le vaiffeau fans que nous puffions y refifter, nous le laiffames aller au gré du vent.

16. Nous fumes, pouffez au deffous d'une petite Ifle appellée Caudes, où nous pûmes à peine être maîtres de l'efquif.

17.Mais l'ayant enfin tiré à nous, les ma◄ telots employérent toute forte de moïens; & liérent le vaiffeau par deffous craignant d'être jettez fur des bancs de fables ; * ils abaifférent le mât, & s'abandonnérent ainsi à la mer.

18. Et comme nous êtions rudement battus de la tempête, le jour fuivant ils jettérent les marchandises dans la mer.

Verf. 12. Sudoueft &norioneft.

Verf. 13. 1. v. d'Affon.

Verf. 14. 1. Euro-aquilon, maintenant Noreft.
Verf. 17. Autr. ils abbatirent la vergue & les voiles.

19. Trois jours aprés ils y jettérent auffi de leurs propres mains l'équipage du vaiffeau.

20. Le Soleil, ni les étoiles ne parurent point durant plufieurs jours; & la tempête étoit toûjours fi violente, que nous perdimes toute efperance de nous fauver.

21. Mais parce qu'il y avoit long-tems que perfonne n'avoit mangé, Paul fe leva au milieu d'eux, & leur dit; Sans doute,mes amis, vous euffiez mieux fait de me croire, & de ne point partir de Crete, pour nous épargner tant de peine, & une fi grande perte.

22. Je vous exhorte néanmoins à avoir bon courage, parce que perfonne ne périra, & il n'y aura que le vaiffeau de perdu.

23.Car cette nuit même un Angedu Dieu à qui je fuis, & que je fers m'a apparu.

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24. Et m'a dits Paul, ne craignez point, il faut que vous 'comparoiffiez devant Cefar: & je vous annonce que Dieu vous a donné tous ceux qui navigent avec vous.

25. C'est pourquoi, mes amis, ayez bon courage: car j'ay cette confiance en Dieu, que ce qui m'a été dit arrivera.

26. Mais nous devons être jettez contre une certaine Ifle.

27. La quatorziéme nuit, comme les vents nous pouffoient de tous côtez fur la mer Adriatique, les matelots crurent vers le minuit qu'ils approchoient de quelque

terre.

28. Et ayant jetté la fonde, il trouvérent vingt braffes, & un peu plus loin ils en trouvérent quinze.

29. Alors, craignant que nous n'allasfions donner contre quelque écueil, ils jet térent quatre ancres de la poupe; & ils attendoient avec impatience que le jour vint. 30. Or comme les matelots cherchoient à s'enfuir du vaiffeau,& qu'ils descendoient l'efquif en mer, fous prétexte d'aller jetter des ancres du côté de la proüe,

31. Paul dit au Centenier & aux foldats: Si ces gens-cy ne demeurent dans le vaiffeau;vous ne pouvez vous fauver.

32. Alors les foldats coupérent les cables de l'efquif, & le laifférent tomber.

33. fur le point du jour, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture en leur difant: Il y a aujourd'huy quatorze jours que vous êtes à jeun, & que vous n'avez rien pris en attendant la fin de la tempéte

34. C'eft pourquoi je vous exhorte à prendre de la nourriture pour vous pouvoir fauver; car il ne tombera pas un feul cheveu de la tête d'aucun de vous.

35. Aprés avoir dit cela, il prit du pain & ayant rendu grace à Dieu devant tous il le rompit : & commença à manger.

36. Tous les autres prirent courage à son exemple, & fe mirent auffi à manger.

37. Or nous étions dans le vaiffeau deux cens soixante & feize perfonnes en tout.

Verf. 33. Grec. En attendant que le jour vint.

FS

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