Mes mémoires, Volume 10

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Calmann Lévy, 1870
 

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Popular passages

Page 65 - Ils se disaient entre eux : Quelqu'un de grand va [naître ! L'immense empire attend un héritier demain. Qu'est-ce que le Seigneur va donner à cet homme Qui, plus grand que César, plus grand même que [Rome, Absorbe dans son sort le sort du genre humain...
Page 66 - Comme ils parlaient, la nue éclatante et profonde S'entr'ouvrit, et l'on vit se dresser sur le monde L'homme prédestiné, Et les peuples béants ne purent que se taire, Car ses deux bras levés présentaient "à la terre Un enfant nouveau-né.
Page 190 - J'aurais dit cela, sire, et le soir, dans l'église, Dans mon cercueil sanglant baisant ma barbe grise, Ma Diane au cœur pur, ma fille au front sacré, Honorée, eût prié pour son père honoré ! — Sire, je ne viens pas redemander ma fille. Quand on n'a plus d'honneur, on n'a plus de famille. Qu'elle vous aime ou non d'un amour insensé, Je n'ai rien à reprendre où la honte a passé. Gardez-la. — Seulement je me suis mis en...
Page 195 - Ah ! ne réveille pas une pensée amère, Ne me rappelle pas qu'autrefois j'ai trouvé — Et, si tu n'étais là, je dirais : j'ai rêvé, — Une femme contraire à la plupart des femmes, Qui, dans ce monde où rien n'appareille les âmes, Me voyant seul, infirme, et pauvre, et détesté, M'aima pour ma misère et ma difformité.
Page 70 - Encor si ce banni n'eût rien aimé sur terre! Mais les cœurs de lion sont les vrais cœurs de père. II aimait son fils, ce vainqueur! Deux choses lui restaient dans sa cage inféconde, Le portrait d'un enfant et la carte du monde, Tout son génie et tout son cœur! Le soir, quand son regard se perdait dans l'alcôve, Ce qui se remuait dans cette tête chauve, Ce que son œil cherchait dans le passé profond, — Tandis que ses geôliers, sentinelles placées Pour guetter...
Page 191 - J'avais droit d'être par vous traité Comme une majesté par une majesté. Vous êtes roi, moi père, et l'âge vaut le trône. Nous avons tous les deux au front une couronne Où nul ne doit lever de regards insolents, Vous, de fleurs de lys d'or, et moi, de cheveux blancs.
Page 66 - Être si grand et si petit; Quand son père eut pour lui gagné bien des batailles; Lorsqu'il eut épaissi de vivantes murailles Autour du nouveau-né riant sur son chevet; Quand ce grand ouvrier, qui savait comme on fonde, Eut, à coups de cognée, à peu près fait le monde Selon le songe qu'il rêvait...
Page 71 - Tous deux sont morts. — Seigneur, votre droite est terrible ! Vous avez commencé par le maître invincible, Par l'homme triomphant, Puis vous avez enfin complété l'ossuaire ; Dix ans vous ont suffi pour filer le suaire Du père et de l'enfant ! Gloire, jeunesse, orgueil, biens que la tombe emporte!
Page 190 - Oh ! monseigneur le roi, puisqu'ainsi l'on vous nomme, Croyez-vous qu'un chrétien, un comte, un gentilhomme, Soit moins décapité, répondez, monseigneur, Quand au lieu de la tête il lui manque l'honneur?
Page 189 - Comme vous le devez, puisque vous êtes roi ! Vous m'avez fait un jour mener pieds nus en Grève ; Là, vous m'avez fait grâce, ainsi que dans un rêve, Et je vous ai béni, ne sachant en effet Ce qu'un roi cache au fond d'une grâce qu'il fait. Or, vous aviez caché ma honte dans la mienne. Oui, sire, sans respect pour une race ancienne, Pour le sang...

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