ment multiplié les volumes, et jeté de la confusion dans la narration car la plupart de ces faits appartenant à des états long-tems presque étrangers les uns aux autres, n'ont entr'eux aucune liaison naturelle. Et dans l'impossibilité de les réunir dans un même cadre, et sous un seul point de vue, on eût fatigué le lecteur par des interruptions pénibles et fréquentes qui eussent exigé de lui un degré d'attention qu'on ne peut espérer obtenir dans un tems si fécond en événemens d'un intérêt supérieur. J'ai donc cru devoir chercher toujours et suivre de préférence ce qui tenoit à la confédération Helvétique au milieu de tant de faits isolés. C'étoit le seul fil qui pouvoit les lier entr'eux, leur donner un centre commun comme c'est cette même confédération qui scule a pu faire de vingt peuples diffé rens une seule nation, et une nation long-tems illustre, puissante et libre. C'étoit donc sans doute le grand objet qui devoit faire le fond de ce tableau historique. Ce qu'on a cru devoir y joindre est plutôt une introduction, des accessoires et des développemens que l'histoire même des Suisses. Quoique ce plan ainsi circonscrit m'ait paru le plus propre à rendre cette histoire intéressante, sans lui faire rien perdre de son utilité, je ne doute pas que bien des lecteurs ne me reprochent encore d'y avoir laissé des détails longs, arides, et trop peu importans à leurs yeux, pendant que d'autres se plaindront d'y en trouver si peu sur l'origine de leurs villes natales, sur les événemens qui les ont rendues puissantes ou célèbres, sur des familles illustres, sur des communes particulières, des monumens, des usages qui ont quelque chose de remarquable. Rapprocher ces critiques c'est peut-être assez y répondre, puisqu'il étoit impossible de concilier des choses qui s'excluent nécessairement. J'ajouterai cependant qu'il sera facile à cette dernière classe de lecteurs de suppléer à ce qui leur paroîtra manquer à l'histoire qu'on leur présente, au moyen des annales des divers Cantons ou de leurs alliés, des chroniques générales ou particulières, qu'on doit à des auteurs anciens et modernes des dissertations, des traités que d'au tres savans ont écrits sur quelques points d'histoire, des dictionnaires his toriques et géographiques dont quel ques-uns ne laissent rien à désirer, enfin d'un grand nombre de mémoires et de relations qui forment un ensem ble d'instructions très-complet dont on trouve un catalogue raisonné dans B : le grand et savant ouvrage publié en langue allemande par feu Mr. G. Em. de Haller, ouvrage qui est bien réellement, comme son titre l'annonce, une bibliothèque de l'histoire de la Suisse, et de tout ce qui y a rapport. Cette bibliothèque où toutes les sources de l'histoire de la Suisse sont indiquées et si bien appréciées, m'a dispensé de faire connoître autrement que par de courtes notes celles dont j'ai fait usage. Je dois cependant dire quelque chose de plus particulier de l'histoire des Suisses de Mr. J. Muller. La réputation de cette histoire si avantageusement connue depuis long-tems s'accroîtra sans doute encore quand elle sera achevée, et qu'il n'y sera pas uniquement question des tems anciens. Dans la traduction Françoise qu'on en a publiée, elle comprend déjà neuf volumes, quoiqu'elle ne s'étende que jusques vers le milieu du quinzième siècle. La mienne renferme dans un seul tous les faits de ce long espace de tems, parce que j'écrivois sur un autre plan que M. M. et pour d'autres lecteurs ; mais je n'en ai pas moins profité de beaucoup de recherches intéressantes que ses neuf volumes contiennent. J'ai usé en cela du droit établi par l'usage et l'exemple de tous. ceux qui traitent un sujet déjà traité avant eux, droit trop utile aux lecteurs pour qu'ils puissent s'en plaindre, et qui n'est soumis qu'à la seule obligation de faire, comme je le fais ici, une reconnoissance publique et expresse de tout ce qu'on emprunte de ses prédécesseurs.' Après avoir exposé, et fait approuver peut-être, au plus grand nombre des lecteurs le plan de cet ouvrage, je désirerois pouvoir en justifier aussi |
