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sion de l'apôtre Paul, se trouvaient « sous le joug d'une servitude» (Gal., v, 1), et se conduisaient par « l'esprit de servitude. » Au contraire, c'est surtout par l'amour que la loi évangélique, purement morale et religieuse, excite l'homme à faire le bien. (Jean, II, 16, 17; xv, 9, 13, 15.) « Vous n'avez point reçu l'esprit de servitude,» dit l'Apôtre aux chrétiens en les comparant aux juifs, « pour vous conduire encore par la crainte; mais vous avez reçu l'esprit d'adoption des enfants, par lequel nous crions: Mon Père, mon Père.» (Rom., vIII, 15.) «Aucun de vous n'est donc plus serviteur, mais enfant. S'il est enfant, il est aussi héritier de Dieu par Jésus-Christ. » (Gal., Iv, 7.)

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III. C'est une loi qui a remplacé celle de Moïse. Ce remplacement de la loi de Moïse, proprement cérémonielle et civile, par une autre loi nouvelle et plus parfaite, la loi de l'Évangile,

1o Déjà l'Ancien Testament l'avait prédit, par exemple dans ces paroles de Dieu aux Juifs : « Qui est celui d'entre vous qui ferme les portes de mon temple et qui allume le feu sur mon autel gratuitement? Mon affection n'est point en vous, » dit le Seigneur des armées, « et je ne recevrai point de présents de votre main; car, depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, mon nom est grand parmi les nations, et l'on me sacrifie en tout lieu, et l'on offre à mon nom une oblation toute pure. (Mal., 1, 10, 11.) Ici, évidemment, comme l'ont aussi remarqué les saints Pères et Docteurs de l'Église, est représentée l'abolition des sacrifices de l'Ancien Testament, et par conséquent de la loi selon laquelle ils étaient offerts seulement dans le temple de Jérusalem, ainsi que l'institution à leur place d'un autre sacrifice parfaitement pur, et par conséquent d'une autre loi, suivant laquelle il sera offert dans toutes les parties du monde (1). Voir aussi Jér., xxxI, 31-35; Dan., Ix, 27 et suiv.

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2o Notre Sauveur l'attesta clairement, soit en parole, soit en

(1) Justin., Dialog. cum Tryphon., cap. 41; Chrysost., contr. Judæos, orat. v, n. 12; Augustin., de Civil. Dei, xvin, 35, n. 3.

action. Quoiqu'il se soumit lui-même à la loi de Moïse (Luc, II, 21, 23, 39; XXII, 9-16) (1), et qu'il fût sous la loi « pour racheter ceux qui étaient sous la loi » (Gal., Iv, 5), néanmoins il préparait en même temps avec une infinie sagesse l'abrogation de cette loi: - lorsqu'il se nommait « le maître même du Sabbat» (Matth., XII, 8; Jean, v, 17) (2); lorsqu'il disait à la Samaritaine : « Femme, croyez-moi, le temps va venir que ce ne sera plus sur cette montagne ni dans Jérusalem que vous adorerez le Père... mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père cherche » (Jean, Iv, 21-23); lorsqu'enfin, à la dernière scène, en instituant le sacrement de l'Eucharistie, il disait : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui sera répandu pour vous. » (Luc, xxII, 20; comp. Ex., xxiv, 8.)

3o Les saints Apôtres firent de même, quoique, à l'exemple du Sauveur, ils n'aient procédé à l'abrogation de la loi de Moïse qu'avec une sage gradation, jusqu'au moment où ils accomplirent publiquement cette œuvre au concile de Jérusalem. (Act., xv, 28.) Le développement le plus détaillé de l'idée de la substitution de la loi de Christ à celle de Moïse se trouve dans

les Épîtres de saint Paul aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens et aux Hébreux, où l'Apôtre dit clairement : « Vous n'ètes plus sous la loi, mais sous la grâce. » (Rom., v1, 14.) « En Jésus-Christ ni la circoncision ni l'incirconcision ne servent de rien, mais la foi qui est animée de la charité. » (Gal., v, 1.)

(1) Et il accomplit la loi, je pense, pour la récompenser aussi comme institutrice et lui rendre les honneurs funèbres comme à une défuntc. »> (Grég. le Th., Serm, sur l'alliance et la venue du Christ; Œuvr. des saints Pères, IV, 249.)

(2) « Même en n'observant pas le sabbat, il n'introduisit pas tout à coup une telle législation, mais il commença par en présenter des raisons nombreuses et diverses. Or si, se proposant d'abolir même un seul commandement, il apporte une si grande circonspection dans ses paroles pour ne pas effrayer ses auditeurs, d'autant mieux, lorsqu'il ajoutait à toute l'ancienne loi toute la nouvelle, avait-il besoin de préparer ses auditeurs et de s'accommoder à leur situation pour ne pas les troubler?... Voulant accomplir la loi, il se met à l'œuvre avec la plus grande circonspection.» (Chrys., sur Matth., hom. xvi, n. 2, t. I, p. 307.)

Il faut ajouter ici que l'abrogation de la loi cérémonielle et civile de Moïse par Jésus-Christ était inévitable. La loi cérémonielle, comme n'ayant qu'un sens symbolique, perdit naturellement son sens lorsque, à la venue du Messie, elle reçut son entier accomplissement. Pourquoi l'ombre quand se présenta « l'image même des choses (1)? » (Hébr., x, 1.) D'ailleurs la loi cérémonielle était intimement liée au temple de Jérusalem, de même que la loi civile n'était appropriée qu'au peuple juif et à la Palestine; par conséquent, ni l'une ni l'autre ne pouvaient avoir d'application hors de Jérusalem et de la Palestine, ne pouvaient devenir générales et obligatoires pour tous les peuples (2). Pendant que Jésus-Christ venait annoncer l'Evangile du royaume pour tous les hommes et pour tous les temps, il n'y avait que la loi morale de Moïse, en tant que fondée sur la nature morale de l'homme et tout à fait conforme par son essence, identique même avec la loi de Christ (Deut., vi, 5; Marc, XII, 30), qui pût se réunir à la loi évangélique et conserver avec elle sa signification. « Ainsi que les mères,» dit Théodoret, « si tôt que leurs enfants ont vu le jour, les nourris

(1) « Comme, pour l'instituteur, le plus grand éloge, c'est que son élève n'a plus besoin de sa surveillance pour conserver sa pureté, étant suffisamment affermi dans cette vertu, de même aussi, pour la loi, le plus grand éloge qu'on puisse en faire, c'est que nous pouvons nous passer de son secours; car c'est à cette même loi que notre àme est redevable d'être devenue assez apte à recevoir une plus haute philosophie. » (Chrys., Serm. contre les Juifs, n, n. 3, t. III, 488, Saint-Pétersb., Acad. ecclés., 1850.)

(2) « Dieu les détourna (les Juifs) des sacrifices en détruisant leur ville mème et la rendant inaccessible à tous. En effet, s'il n'avait pas eu cela en vue, pourquoi aurait-il renfermé tout l'office divin en un seul lieu, Lui qui est omniprésent et remplit tout? Pourquoi, après avoir lié le service divin aux sacrifices, les sacrifices à un lieu déterminé, celui-ci à un temps et ce temps à une ville, aurait-il ensuite détruit la ville même? Et voilà ce qui est bien étonnant et bien étrange le monde entier est ouvert aux Juifs, et nulle part il ne leur est permis d'y sacrifier; il n'y a que Jérusalem qui soit inaccessible, et ce n'est que là qu'il leur était permis de sacrifier. Eh bien! la cause de la destruction de Jérusalem n'est-elle pas claire, évidente, même pour les plus bornés? Si un architecte, ayant déjà placé le fondement, élevé les murs, établi et consolidé la voûte sur une seule pierre posée au milieu, vient à ôter cette pierre, il détruit l'édifice entier; de même, Dieu ayant fait une ville comme point de réunion ou comme lieu du culte (judaïque), puis l'ayant détruite, détruisit par là même tout le reste de l'édifice de ce culte. (Chrys., Serm. contre les Juifs, IV, n. 6, p. 536-537; comp. 1, n. 3, p. 503.)

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sent de leur sein d'abord, puis d'un aliment de digestion facile, et enfin, quand ils se font grands, leur donnent une nourriture solide; de même le Dieu de toutes choses donna de temps à autre aux hommes une nourriture plus parfaite. Mais avec tout cela nous apprécions aussi l'ancienne alliance comme le sein d'un mère; seulement nous n'y puisons pas du lait, car pour les hommes faits le lait de la nourrice est inutile, quoiqu'ils doivent la tenir en estime comme ayant été nourris et élevés par elle; de même, bien que nous ne pratiquions pas aujourd'hui la circoncision, les sacrifices, les aspersions, et n'observions pas les sabbats, nous tirons pourtant de l'Ancien Testament un autre avantage : il nous enseigne à la perfection la piété, la foi en Dieu, l'amour du prochain, la sobriété, la justice, le courage, et, de plus, il offre à notre imitation les exemples des anciens saints (1). »

$147. Jésus-Christ a donné sa loi pour tous et pour toujours.

I. Il a donné sa loi pour tous les hommes, et non pour les Juifs seulement. Cette vérité était annoncée déjà dans l'Ancien Testament. Ainsi, dans le prophète Isaïe, Dieu lui-même disait à son Fils, le Messie: « Je vous ai établi pour être la lumière des nations et le salut que j'envoie jusqu'aux extrémités de la terre » (XLIX, 6); « je vous ai établi pour être le réconciliateur du peuple et la lumière des nations, pour ouvrir les yeux aux aveugles, pour tirer des fers ceux qui étaient enchaînés, et pour faire sortir des prisons ceux qui étaient assis dans les ténèbres.» (XLII, 6, 7.) Comme le Christ venait de naître, et qu'après l'accomplissement des jours de purification de la sainte Vierge il était apporté dans le temple, le juste Siméon, ayant pris dans ses bras le divin Enfant, le nomma « la Lumière qui éclairera les nations.» (Luc, II, 32.) Étant entré

(1) Somm. des Dogmes divins, chap. 17; Lect. chr., 1844, IV, 337-338. Cette désuétude, et non abolition de la loi de l'Ancien Testament, est traitée assez en détail par le patriarche Photius dans l'une de ses lettres (Photii Epist., ed. Londini, 1851, ep. L, p. 103-105).

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dans les fonctions de son ministère public, Notre Sauveur Jésus-Christ rendit de lui-même ce témoignage : « Je suis la lumière du monde » (Jean, vIII, 12); « je suis venu dans le monde, moi, la lumière, afin que tous ceux qui croient en moi ne demeurent point dans les ténèbres. » (XII, 46.) Et en même temps il nomma ses disciples, qu'il venait de choisir, « le sel de la terre » (Matth., v, 13), « la lumière du monde. » (Ibid., 14.) En parcourant les villes et les villages de la Judée il disait : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut aussi que je les amène; elles écouteront ma voix, et il n'y aura qu'un troupeau et un pasteur.» (Jean, x, 16.) Enfin, sa grande œuvre consommée sur la terre, il dit à ses disciples, après sa résurrection: « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre; allez donc et instruisez tous les peuples (Matth., XXVIII, 18, 19); allez par tout le monde, prèchez l'Évangile à toutes les créatures. » (Matth., xvi, 15.) Et les Apôtres, « étant partis réellement, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmèrent sa parole par les miracles qui l'accompagnaient.» (Ibid., 20.)

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II. Il a donné sa loi pour tous les temps. En effet, en envoyant ses disciples enseigner « tous les peuples » il ajouta : ‹ Et assurez-vous que je serai toujours avec vous jusqu'à la consommation des siècles. » (Matth., xxvIII, 20.) Et par conséquent il avait en vue non-seulement les peuples contemporains, mais aussi toutes les générations futures des hommes sur la terre. En faisant à ces mêmes disciples la promesse du Saint-Esprit il s'exprimait ainsi : « Et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. (Jean, xiv, 16.) Parmi les signes de la prochaine fin du monde il mettait celui-ci. « Alors cet Évangile du royaume sera prêché dans toute la terre pour le témoignage à toutes les nations » (Matth., XXIV, 14); et la fin de son économie et de la semaison de la boune semence sur la terre, il la réunissait avec la fin même du monde, où il devait apparaître dans la gloire pour juger les morts et les vivants et rétribuer chacun selon ses œuvres. (xIII, 24-43.) Les saints Apôtres prèchaient également que « Jésus-Christ est le même hier, aujour

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