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des saints Pères et Docteurs de l'Église que nous avons citées plus haut.

$169. But de l'Eglise du Christ et moyens qui lui ont été donnés dans ce but.

I. Le but que le Seigneur s'est proposé en fondant son Église, c'est la sanctification des hommes pécheurs et le rétablissement de leur union avec Dieu. Ce but, le saint Apôtre Paul l'indiquait clairement en disant du Sauveur : « Lui-même a donné à son Église quelques-uns pour être Apôtres, d'aupour être Prophètes, d'autres pour être Évangélistes, d'autres pour être Pasteurs et Docteurs, afin que les uns et les autres travaillent à la perfection des saints, aux fonctions de leur ministère, à l'édification du corps de Jésus-Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité d'une même foi et d'une même connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'un homme parfait, à la mesure de la plénitude de Jésus-Christ. » (Éph., iv, 11-13.) Mais ce but résulte aussi évidemment: 1o du rapport de l'Église avec la religion si l'Église chrétienne est une société d'hommes professant la religion chrétienne, et que cette religion nous ait été donnée nommément pour nous rendre saints et nous mener à la vie éternelle et à la félicité en Dieu

(Éph., 1, 4; Marc, xvi, 16; Jean, III, 15, 16, 18, 36), l'Église ne saurait avoir un autre but; 2o de ce que l'Église a été fondée par Jésus-Christ lui-même : or, en venant sur la terre, Notre-Seigneur n'avait pour but que notre salut (Jean, III, 16), et par conséquent tout ce qu'Il fit sur la terre ne pouvait tendre qu'à « sauver ce qui était perdu » (Matth., XVIII, 11, et autr.); 3o enfin de ce que, avant son ascension au ciel, JésusChrist, en envoyant les Apôtres établir l'Église dans le monde entier, leur transmit, ainsi qu'à tous leurs successeurs, sa mission divine, qu'Il avait reçue du Père: « Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie de même » (Jean, xx, 21), et les chargea ainsi en quelque sorte de continuer, avec sa coopération, la même « œuvre » (Jean, iv, 34) pour laquelle Il était venu Lui-même, et qui consistait proprement à sanctifier le genre

humain souillé par le péché (Éph., v, 26, 27; Tite, n, 14), et à le délivrer de toutes les misères qu'il s'est attirées par son premier péché, comme par tous ses péchés subséquents. (Matth., xx, 28; Hébr., п, 11, 14, 15, et autr.)

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II. Il n'est pas difficile à présent de déterminer les moyens que le Seigneur accorda à son Eglise pour atteindre ce but. D'abord, ils doivent répondre au but, c'est-à-dire tendre à délivrer les hommes des misères dont nous avons parlé, à sanctifier les pécheurs, et à les conduire à la félicité éternelle; ensuite ils doivent être ceux-là mêmes qu'employa notre Rédempteur.

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La première misère de l'homme déchu, c'est l'aveuglement de son esprit, l'oubli des vérités de la foi primitive, de la charité et de l'espérance, et, en conséquence de cela, l'ignorance de la voie à suivre pour revenir à Dieu. C'est pourquoi, à sa venue dans le monde, le Sauveur se montre d'abord comme Prophète (Matth., xxiv, 19) ou Maître (Marc, iv, 38; Matth., XIX, 16); Il parcourt les villes et les bourgs, enseigne la foule et prêche l'Évangile du Royaume (Matth., Ix, 35; Marc, vi, 6; Luc, XIII, 22), affirmant que c'est pour cela qu'il a été envoyé » (Luc, IV, 43), « pour cela qu'il est venu. » (Marc, 1, 38.) C'est pour cela aussi qu'«Il a donné à son Église quelques-uns pour être Apôtres, d'autres pour être Prophètes, d'autres pour ètre Évangélistes, d'autres pour être Pasteurs et Docteurs >> (Éph., IV, 11), et leur a commandé de prêcher aux hommes la Doctrine, et nommément la doctrine qu'Il prêchait lui-même (Matth., XXVIII, 19, 20), que plus tard les saints Apôtres ont portée par tous les pays, puis consignée par écrit sous l'inspiration de l'Esprit-Saint et transmise de vive voix à l'Église pour tous les siècles (1).

(1) Parmi les serviteurs de Christ, énumérés par l'Apôtre Paul (Éph., iv, 11), que le Seigneur donna à son Église, les uns ne furent que pour un temps, comme ministres extraordinaires du Verbe pour répandre la foi et fonder des Églises dans tout le monde, savoir les Apôtres, les Prophètes, les Evangélistes; mais les autres furent donnés pour toujours: ce sont les Pasteurs ordinaires et les Docteurs chrétiens. Voir l'idée des trois premiers ministères dans l'Hist. bibl. de l'Em. Philaut. sur l'Église apostolique, sect. v.

La seconde misère de l'homme pécheur, c'est sa culpabilité devant Dieu, en conséquence de laquelle, même après avoir appris la voie à suivre pour retourner au Père céleste, le pécheur n'aurait pas osé aller ou n'aurait pas pu arriver par cette voie au but désiré. Pour répondre à une telle nécessité, notre Sauveur daigna se faire grand Sacrificateur ou Pontife (Hébr., Iv, 15; v, 1), s'offrir Lui-même en sacrifice pour l'humanité pécheresse (VII, 26-28), et ainsi « nous réconcilier avec Dieu par sa croix, ayant détruit en soi-même l'inimitié. » (Éph., II, 16.) Et dans son Église Il institua les saints « Sacrements (Matth., xxvIII, 19; Luc, xxII, 19; Jean, xx, 21; I Cor., XI, 24; Matth., XVI, 19, et autr.), et en général les saints « Offices, lui fournissant ainsi les moyens d'approprier aux hommes ses mérites sur la croix, de leur communiquer la gràce salutaire, de les sanctifier et de les former « à devenir la maison de Dieu

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par le Saint-Esprit. » (Éph., 11, 22.) Il y établit aussi l'ordre des ministres ou « dispensateurs des mystères de Dieu » (I Cor., Iv, 1), lorsqu'Il donna aux Apôtres l'autorité et le pouvoir (Luc, XXII, 19; Jean, xx, 22) d'accomplir et d'administrer les sacrements (Matth., xxvIII, 19; Luc, xx11, 12; Jean, xx, 22) et les autres offices divins (Matth., Ix, 38; xxiv, 20; comp. Jacq., Iv, 14), et les saints Apôtres transmirent cette autorité et ce pouvoir à leurs successeurs. (I Cor., II, 12, 16; I Tim., II, 1, 2.)

Enfin, la dernière misère de l'homme déchu, c'est son impuissance morale, par laquelle, mème après avoir appris la voie à suivre pour se réunir de nouveau avec Dieu, même après avoir le courage et tous les moyens que lui offre la gràce pour marcher dans cette voie, il peut s'y arrêter, en éteignant en luimême l'Esprit de grâce (I Thess., v, 19), dévier à droite et à gauche et même rétrograder. (Luc, 1x, 62.) C'est sous ce rapport qu'il faut aux hommes pécheurs des guides sûrs, qui fixent leur marche par des lois et des règles, aient constamment l'œil sur eux et les excitent par des récompenses et des punitions. Le Seigneur Jésus, comme Rédempteur du genre humain, satisfit pleinement ce nouveau besoin des hommes, en partie déjà en leur donnant diverses lois pour les conduire au

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salut (Matth., vI, 5, 6; xvI, 17; Jean, XIV, 1; xv, 9, 12), en leur présentant des motifs (Matth., v, 2-12), en soumettant les pécheurs à son jugement spirituel et pardonnant les péchés (Luc, v, 20-24; vII, 48, 49), mais surtout en fondant sur la terre son Église, comme la meilleure société pour conduire les hommes à la vie éternelle. Dans cette société, Il institua une direction spirituelle » et des directeurs, tels qu'étaient au commencement les saints Apôtres, investis par Lui du pouvoir de « paître l'Église » (Jean, xx1, 15-17), et en conséquence « de lier et de délier » (Matth., XVI, 19; XVIII, 18; Jean, xx, 22, 23), de recevoir en grâce les dociles et de retrancher de l'Église les indociles (Matth., xvi, 17), et tels que furent ensuite les successeurs des Apôtres, ayant reçu de ces derniers la même autorité divine de paître l'Église (Act., xx, 28; I Pierre, v, 2, 3) et de la diriger. (I Tim., III, 19, 20, 22; Tite, I, 5; II, 1, Aussi le Seigneur est-il justement nommé le Prince des pasteurs (I Pierre, v, 4) et le Roi de son royaume de grâce. (Jean, XVIII, 36, 37.)

3.)

Mais si Jésus donna, de cette manière, à son Église, pour lui faire atteindre son but sublime, trois moyens essentiels et indispensables, il est évident aussi que le but le plus direct, le premier but de cette institution, c'est proprement le maintien et un emploi convenable de tous ces moyens. C'est-à-dire que l'Église a la destination, et ainsi l'obligation : 1o de conserver le précieux gage de la doctrine de la foi salutaire (I Tim., vi, 20; II Tim., I, 12-14) et de la répandre parmi les peuples; 2o de conserver et de faire servir à l'avantage moral des hommes les saints sacrements et en général tous les divins offices; 3° de conserver la direction divinement instituée dans son sein et d'en faire usage selon les vues du Seigneur.

$ 170. Nécessité d'appartenir à l'Eglise de Christ pour parvenir au salut.

La conséquence nécessaire de la doctrine du but principal et médiateur de l'Église de Christ, c'est cette doctrine que

hors de cette Église il n'y a point de salut. En effet, pour le sa ut, il faut du côté de l'homme :

I.- La foi en Jésus-Christ, qui nous a réconciliés avec Dieu, car nul autre nom sous le ciel n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés» (Act., Iv, 12); et déjà précédemment le Sauveur lui-même disait : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; et, au contraire, celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jean, III, 36.) Mais la véritable doctrine de Christ et sur Christ n'est conservée et prêchée que dans son Église et par son Église, sans quoi il ne peut pas même exister de vraie foi. (Rom., x, 17.)

II. La participation aux saints sacrements, par lesquels « la puissance divine nous donne toutes les choses qui regardent la vie et la piété » (II Pierre, 1, 3); car il est dit : « Personne ne peut voir le royaume de Dieu s'il ne naît de nouveau. » (Jean, III, 3.) « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous, etc. >> (Jean, vi, 53.) Or ce n'est que dans l'Église du Christ qu'on peut trouver et les sacrements d'institution divine et la manière dont ils doivent être accomplis.

III. Enfin une vie honnête et pieuse : « Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux; mais celui-là seulement y entrera qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matth., vii, 21.) « Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les commandements.» (XIX, 17.) Mais pour avancer dans une telle vie il faut à l'homme, faible comme il l'est, une direction sûre, et, comme il tombe souvent dans le péché, il faut qu'il se purifie du péché et se réconcilie avec Dieu; autrement il y a encore d'être sauvé. Or, cette

pour lui impossibilité de bien vivre et direction sûre, avec le droit divin de remettre aux hommes leurs péchés, où la trouver ailleurs que dans l'Église de Christ?

Après cela, rien de plus facile à comprendre que ces paroles de notre Sauveur, confirmant la vérité que nous examinons : « Celui qui ne croira point... sera condamné » (Marc, xvi, 16); «< celui qui ne croit point (au Fils) est déjà condamné. » (Jean,

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