Page images
PDF
EPUB

manité; vrai Dieu et vrai homme; étant comme homme composé d'une âme et d'un corps; consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité; en tout semblable à nous, hormis le péché; engendré du Père avant les siècles selon la divinité; le mème né dans ces derniers temps selon l'humanité de la Vierge Marie, mère de Dieu, pour nous et pour notre salut; un seul et même Christ, Fils unique, Seigneur, en deux natures sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation, sans que l'union ôte la différence des natures, l'une et l'autre conservant sa propriété et concourant en une seule personne et une seule hypostase; en sorte qu'il n'est point partagé ou divisé en deux personnes, mais que c'est un seul et même Fils unique, Dieu le Verbe, Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme les prophètes et NotreSeigneur lui-même nous l'ont enseigné, et comme le Symbole des Pères nous l'a transmis (1). »

On voit par là que toute la doctrine de l'Église orthodoxe sur la personne du Seigneur Jésus se résumé en deux propositions principales, savoir: 1° qu'il y a en Jésus-Christ deux natures la nature divine et la nature humaine; et 2° que ces deux natures en Lui ne forment qu'une hypostase.

I. DES DEUX NATURES EN JÉSUS-CHRIST.

$133. Le Seigneur Jésus a la nature divine, et Il est nommé le Fils de Dieu.

Nous avons pour preuves de cette vérité: 1° les Écritures de l'Ancien Testament sur le Messie; 2° la doctrine de JésusChrist sur Lui-même; 3o la doctrine des Apôtres sur Jésus

(1) La même doctrine est exposée dans le symbole connu sous le nom de saint Athanase d'Alexandrie: « C'est la foi orthodoxe que nous croyious et professions le Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, en même temps Dieu et homme Dieu de la substance du Père, engendré avant les siècles, et homme de la substance de la mère, engendré dans le temps; Dieu parfait et homme parfait, composé d'une âme intelligente et d'une chair humaine; le même étant Dieu et homme tout ensemble, non pas deux, mais un seul Christ, unique,, non par fusion des natures, mais par unité d'hypostase. »

Christ; 4° la doctrine et la croyance des hommes apostoliques et de toute l'Église.

[ocr errors]

I. Dans l'Ancien Testament le Messie est nommé : 1o Fils de Dieu, engendré dès l'éternité de l'essence du Père. Dans le ne psaume, que les saints Apôtres (Act., IV, 24-28; xIII, 3234; Hébr., 1, 5; v, 5) et même les anciens Juifs (1) rapportaient au Messie, le Messie rend sur Lui-même ce témoignage: « Le Seigneur m'a dit: Vous êtes mon Fils; Je Vous ai engendré aujourd'hui » (Ibid., 8), c'est-à-dire J'ai engendré ou J'engendre éternellement. « Dans le psaume Cix, également rapporté au Messie par les saints Apôtres » (Act., II, 35-36; Hébr., 1, 13; vii, 17, 21, 24, 25) et par les anciens Juifs (2), Dieu lui-même Lui dit : « Je Vous ai engendré de mon sein avant l'étoile du jour (Ibid., 3), c'est-à-dire avant tous les temps. Le prophète Michée, en prédisant que le Messie doit sortir de Bethléem, ajoute qu'Il a aussi une autre origine éternelle : « Sa génération est dès le commencement, dès l'éternité » (Mich., v, 2); prédiction rapportée également au Messie par toute l'Église juive, (Matth., II, 4-6; Jean, VII, 42.)

D

2o Seigneur Dieu (Adonai, Elohim), et même Jéhovah, dénomination appropriée à Dieu exclusivement. Ainsi, par exemple: 1o les paroles du psaume XLIV : « Votre trône, ô Dieu! subsistera éternellement; le sceptre de votre règne sera un sceptre de rectitude et d'équité; Vous avez aimé la justice et haï l'iniquité; c'est à cause de cela, ô Dieu ! que Votre Dieu Vous a oint d'une huile de joie d'une manière plus excellente que tous ceux qui y ont part avec Vous » (6, 7), rapportées au Messie par l'Apôtre (Hébr., 1, 7-9) et par les anciens Juifs (3); 2° les paroles du psaume cix: « Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Asseyezvous à ma droite » (Ibid., 1), rapportées au Messie, même par notre Sauveur Jésus-Christ (Matth., xxII, 41-46); 3° la prédiction de Malachie : « Je vais vous envoyer mon Ange, qui préparera ma voie devant ma face; et aussitôt le Dominateur

(1) Voir leurs témoignages dans l'Introd. à la Théol. orth., A. M., § 84

[blocks in formation]

que vous cherchez et l'Ange de l'alliance si désiré de vous viendra dans son temple. Le voici qui vient, dit le Seigneur des armées» (III, 1), que le Sauveur lui-même rapportait également au Messie (Matth., XI, 10, 11); 4° la prédiction deux fois répétée par Jérémie : « Le temps vient, dit le Seigneur, où je susciterai à David une guerre juste, un roi qui règnera, qui sera sage, qui agira selon l'équité et qui rendra justice sur la terre. En ce temps-là Juda sera sauvé, Israël habitera dans les maisons sans rien craindre; et voici le nom qu'ils donneront à ce roi le Seigneur (Jéhovah), qui est notre Juste» (xXxIII, 5, 6; comp., xxxIII, 15, 16), - prédiction que les anciens Juifs rapportaient unanimement au Messie (1). II. Conformément aux prédictions de l'Ancien Testament, Jésus-Christ lui-même, notre Sauveur, à sa venue sur la terre, enseigna en parlant de Lui-même comme du véritable Fils de Dieu, comme de Dieu. Parmi les nombreux exemples de cette doctrine citons en quelques-uns.

1o Dans un entretien avec Nicodème, prince juif, sur la régénération spirituelle, le Sauveur dit entre autres : « Personne n'est monté au ciel que Celui qui est descendu du ciel, savoir le Fils de l'homme qui est dans le ciel...; car Dieu a tellement aimé le monde qu'll a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle... Celui qui croit en lui n'est pas condamné; mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce qu'il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean, III, 13, 16, 18.) Ici d'abord le Seigneur s'attribue l'omniprésence, attribut qui ne peut appartenir à nul être créé; ensuite Il se nomme Fils unique (povoyevs) de Dieu, sans doute dans le sens propre, c'est-à-dire engendré de la nature divine, ayant la nature divine; car à ce Fils appartient l'omniprésence, - attribut divin; enfin Il atteste que sans la foi en Lui, nommément comme Fils unique de Dieu, qui est omniprésent, le salut est impossible aux hommes.

2o Dans une parabole qu'Il prononça devant les prêtres, les

(1) Introd. à la Theol. orth., A. M., § 24, rem. 222.

scribes et les anciens des Juifs (Marc, x1, 27), la parabole de la vigne, « qu'un homme planta, entoura d'une haie... loua à des vignerons >> (Ibid., XII, 1, 2), où Il entendait par cet homme le Père céleste, qui planta son Église au milieu du peuple juif et la leur remit à eux comme chefs du peuple, notre Sauveur dit que, la saison étant venue, le maître de la vigne envoya aux vignerons ses serviteurs les uns après les autres « pour recevoir du fruit de sa vigne » (Ibid., 2); mais que, les vignerons ayant battu et chassé ignominieusement les uns et même tuẻ les autres (3-5), le maître se décida à leur envoyer son propre Fils: « Enfin, ayant un Fils unique qu'Il aimait tendrement, Il Le leur envoya encore après les autres, en, disant: Ils auront quelque respect pour mon Fils mais ces vignerons dirent entre eux: Voici l'héritier, allons, tuons-le, et l'héritage séra à nous. Ainsi, s'étant saisis de Lui, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne (6-8). » Par cette opposition entre les serviteurs, c'est-à-dire les Prophètes que Dieu avait précédemment envoyés aux Juifs, et Lui-même, comme Fils unique et tendrement aimé, comme héritier du Père, Notre-Seigneur exprimait évidemment qu'Il se nommait Fils de Dieu, non dans un sens figuré, mais dans le sens propre.

a

3o Lorsque, le Seigneur ayant guéri le paralytique, « les Juifs le persécutèrent parce qu'Il faisait ces choses le jour du Sabbat » (Jean, v, 16), Il répondit comme pour se justifier : « Mon Père ne cesse point d'agir jusqu'à présent, et j'agis aussi incessamment. » (Ibid., 17.) Cette réponse, dans laquelle le Seigneur Jésus s'attribue l'égalité avec Dieu le Père en droit et en pouvoir, fut comprise précisément dans ce sens par les Juifs, qui « cherchaient encore avec plus d'ardeur à Le faire mourir, parce que non-seulement Il ne gardait pas le sabbat, mais qu'Il disait même que Dieu était son Père (idíov), se faisant ainsi égal à Dieu. » (Ibid., 18.) Alors Jésus nonseulement ne fit pas remarquer aux Juifs qu'ils le comprenaient mal, mais au contraire Il continua : « En vérité, en vérité, je vous dis que le Fils de l'homme ne peut rien faire de Luimême, et qu'Il ne fait que ce qu'll voit faire au Père, car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait comme Lui. » (Ibid., 19.)

[ocr errors]

Car, comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il Lui plaît. Car le Père ne juge personne, mais Il a donné tout pouvoir de juger au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore point le Fils n'honore point le Père qui L'a envoyé. » (Ibid., 21, 22, 23.) « Car comme le Père a la vie en Lui-même, Il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en Lui-même. »> (Ibid., 26.) Ici le Sauveur s'attribue précisément le même pouvoir indépendant d'opérer des miracles, la même adoration divine, la mème aséité qu'à Dieu le Père. Bien plus, pour convaincre encore davantage les Juifs de la vérité de ses paroles et par conséquent de sa divinité, Il leur cite plus loin d'autres témoignages à son sujet : le témoignage de Jean-Baptiste, qui L'a nommé le Fils de Dieu, descendu du ciel et étant « au-dessus de tous » (Ibid., 32, 33; comp. II, 31-36); le témoignage de ses œuvres miraculeuses « qu'aucun autre n'a faites (Ibid., 36; comp. xv, 24); le témoignage du Père céleste, qui disait de Lui: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute mon affection» (Ibid., 37; comp. Matth., III, 17), et le témoignage des Écritures de l'Ancien Testament : « Lisez avec soin les Écritures, parce que vous croyez y trouver la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent le témoignage de moi. (Ibid., 39.)

«

4o Il se présenta bientôt un cas du même genre. Le Sauveur étant venu un jour dans le temple de Jérusalem, les Juifs, l'ayant entouré, Lui demandèrent avec instance : « Jusqu'à quand nous tiendrez-vous l'esprit en suspens? Si vous êtes le Christ, dites-le clairement. » (Jean, x, 24.) Alors en leur répondant Il dit entre autres : Mon Père et moi nous ne sommes qu'un.» (Ibid., 36.) Ces paroles exaspérèrent à tel point ses interrogateurs qu'ils prirent des pierres pour le lapider, en disant Ce n'est pas pour aucune bonne œuvre que nous vous lapidons, mais à cause de votre blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu.» (Ibid., 30-33.) Et pourtant, même alors, le Sauveur, loin de faire remarquer aux Juifs qu'Il ne se nommait pas Dieu, comme ils le pensaient, se mit à insister avec plus de force sur cette idée, en se nommant

a

« PreviousContinue »