Page images
PDF
EPUB

Saint Éphrem : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et je vous soulagerai (Matth., x1, 28), dans un lieu où il y a un riche don, une joie incomparable, une allégresse constante, des actions de grâce soutenues, une théologie sans lacunes, un royaume infini, une richesse incalculable, des siècles sans fin, un abîme de largesses, un océan de bonté et d'humanité, et tant d'autres choses qui ne peuvent être exprimées par aucune bouche humaine, mais seulement énoncées en énigmes (1). »-« Si quelqu'un entre par la porte étroite et par cette voie resserrée, il recevra une rémunération de félicité, une rémunération céleste qui n'aura point de fin (2). »

Saint Hilaire: « Tel est l'héritage du saint: la vie, et l'incorruption, et le royaume, et la cohabitation éternelle avec Dieu (3).

[ocr errors]

Saint Chrysostome: « Pour ce qui suivra (le jugement universel), quelle parole peut nous le dépeindre, je veux dire la douceur, l'utilité et la joie provenant de la communion avec Christ? Car l'âme, ayant enfin recouvré sa noblesse primitive et la faculté de contempler avec assurance son Sauveur, trouve une douceur et une utilité ineffable à jouir non-seulement des biens qu'elle a acquis, mais aussi de l'assurance que ces biens ne finiront jamais. Ainsi cette joie ne peut être ni exprimée par la parole ni conçue par l'esprit (4). :

Ce fut la doctrine de Clément d'Alexandrie (5), de saint Cyprien (6), de saint Ambroise (7), de saint Grégoire le

(1) Serm. sur le second Avénement du Seigneur; Œuvr. des saints Pères, XIII, 404.

(2) Ibid., p. 308.

(3) V. plus haut, page 800, note 4.

(4) Ier Serm. à Théod. déchu; Lect. chr., 1844, 1, 380.

(5) « Si nous vivons dans la chasteté et la piété nous serons heureux icibas, mais nous le serons bien plus encore à notre sortie de cette vie, et cette félicité dont nous jouirons n'aura point de borne; nous jouirons d'un repos éternel.» (Strom., v, ch. 14.)

(6) Epist. LVI.

(7) « Illæ complectendæ divitiæ, illa captanda potentia, quam non tempus <«< eripit, non locus substrahit, quæ manet statu perpetuo, quæ privilegio ser« vatur æterno, quæ fini non subducitur.» (De Pænit., c. 30.)

Théologien (1), de saint Basile le Grand (2), et d'autres (3).

$275. Application morale du dogme sur le jugement et la
rémunération universelle.

Le dogme sur le jugement dernier et la dernière rémunération des justes et des pécheurs, qui termine toute l'économie de notre salut, est l'un des dogmes les plus instructifs pour la moralité chrétienne.

1o Dieu « a arrêté un jour auquel il doit juger le monde » (Act., xvii, 31); mais quand viendra ce jour, personne ne le sait: «Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour, ni l'heure, quand doit venir le Fils de l'homme. (Matth., xxv, 13.)

2o Le Seigneur viendra du ciel dans toute sa gloire, avec tous ses Anges, et rendra un jugement universel, public et solennel, jugement juste et redoutable. Oh! qui pourra subsister alors devant le redoutable tribunal! « Si le juste même se sauve avec tant de peine, que deviendront les impies et les pécheurs?» (I Pierre, Iv, 18.) Que sentirons-nous lorsque soudain nous nous verrons à sa gauche, que toutes nos actions, toutes nos pensées, tous nos désirs indignes seront dévoilés à la face du monde entier, du ciel et de l'enfer, qu'enfin nous entendrons cette sentence terrible: «Retirez-vous de moi, maudits; allez au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges?» (Matth., xxv, 41.) Que sentirons-nous lorsque, en même temps, nous verrons les justes à la droite du Seigneur, et que nous entendrons ces mots qu'il leur adressera: « Venez, vous qui avez été bénis par mon Père; possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde?» (Ibid., 34.)

(1) Vers sur lui-même; Œuvr. des saints Pères, Iv, 286.

(2) Introd. aux grandes Règles; ibid., IX, 88; Serm. à la jeunesse sur L'Utilité des écrits des païens; ibid., VIII, 365.

(3) August., de Civit. Dei, XXI, c. 30; J. Dam., Exp. de la Foi orth., liv. Iv, ch. 27, p. 308.

D

3o Le monde présent, auquel nous sommes si fort attachés, passera alors: «La terre sera brûlée avec tout ce qu'elle contient. (II Pierre, II, 10.) Que nous restera-t-il de tous ces trésors que nous convoitons avec tant d'ardeur? A quoi nous serviront toute cette gloire et tous ces honneurs mondains que nous poursuivons avec tant de persévérance, tous ces plaisirs de la terre pour lesquels nous consumons souvent nos forces et notre santé ?

4° Les tourments des pécheurs en enfer seront éternels: les siècles suivront les siècles, les milliers d'années se succèderont, toute supputation de temps s'épuisera... mais il n'y aura point de fin aux tourments de l'enfer... Comment ne pas tressaillir à cette idée? Comment ne pas avoir en aversion le péché avec tous ses attraits et toutes ses séductions, si l'on se représente vivement à quoi il nous mène? Comment ne pas chérir la repentance, qui seule peut nous purifier de nos péchés et nous préserver des tourments éternels?

5° La félicité des justes dans le ciel sera d'une douceur inexprimable; ils entreront dans la joie de leur Seigneur, et, cette joie, personne ne la leur ravira jamais. Pour obtenir une félicité de cet ordre et de cette durée, ne renoncerons-nous pas au monde et à toutes ses œuvres? Ne nous consacrerons-nous pas entièrement à Dieu? Ne nous résoudrons-nous pas à toutes les luttes, à tous les travaux que nous prescrit la sainte religion?

Oh! si nous méditions plus souvent sur ce « grand jour » (Act., 11, 20) « de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu » (Rom., 11, 5), qui doit clore un jour toute l'économie de notre salut; si nous nous représentions avec plus de vivacité et plus de clarté les biens infinis préparés au ciel pour les justes et les tourments éternels réservés en enfer aux pécheurs, que de motifs nous y trouverions pour nous préserver du vice et faire des progrès dans la piété !

Accordez-nous, Seigneur, à tous et toujours, un souvenir vivant et impérissable de votre futur et glorieux avénement, du dernier et redoutable jugement que vous prononcerez sur nous, de l'éternelle et équitable rétribution que vous ferez aux justes et aux pécheurs ! Qu'à la lumière de ce souvenir, et par

[ocr errors]
[ocr errors]

le secours de votre grâce, nous vivions dans le siècle présent avec tempérance, avec justice et avec piété (Tite, 1, 12), et qu'ainsi nous parvenions enfin à la vie éternelle et bienheureuse dans le ciel, pour vous y glorifier de tout notre être, avec votre Père éternel et votre Esprit souverainement saint, bon et vivifiant, aux siècles des siècles!

FIN DU SECOND ET DERNIER VOLUME.

« PreviousContinue »