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est, à celui de leur population totale, dans le rapport de 1 à 20. (Ce rapport est, pour l'Europe, :: 1: 1|20 8|10.) Nous plaçons ici la carte graduée du paupérisme en Europe (1).

Que, si l'on désirait connaître les parties de l'Europe où, abstraction faite des résultats numériques, la situation matérielle des pauvres est la plus affligeante, il suffirait d'examiner l'influence des systèmes de civilisation et d'industrie qui prédominent; il faudrait avoir aussi quelque égard à la diversité des climats; car il est sensible que ceux du nord multiplient les besoins, tandis que ceux du midi n'en comportent que de très bornés. Il ne faut pas oublier, non plus, que la Russie et la Turquie, par la nature de leurs institutions, sont dans une catégorie exceptionnelle. Dans le nombre de 10,897,333 indigens que nous avons assignés à l'Europe se trouvent compris, non seulement les mendians, dont nous traiterons spécialement dans un autre chapitre, mais tous les prolétaires, qui, ne pouvant exister suffisamment par leur travail, éprouvent des privations plus ou moins douloureuses, et appellent les secours de la charité publique ou privée.

Il est inutile de faire remarquer que le nombre des pauvres de chaque royaume est nécessairement très inégalement réparti dans les diverses localités. Les villes en offrent toujours une proportion beaucoup plus considérable que les campagnes. Cette proportion varie de 15 à 1/15, tandis que, dans les campagnes, elle n'est que de

150 à 1100.

Ces observations acquerront plus de force par les détails que nous allons présenter sur le nombre, la situation et la répartition des pauvres en France.

(1) Nous avons cru devoir suivre, en cette circonstance, l'exemple donné d'abord par M. Malte-Brun et adopté par M. le baron Charles Dupin, relativement à la situation de la France sous le rapport de l'instruction élémentaire. M. A.-M. Guerry en a fait une application heureuse dans son Essai sur la statistique morale de la France.

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CHAPITRE II.

DE LA SITUATION ET DU NOMBRE DES PAUVRES EN FRANCE.

Le paupérisme anglais a commencé d'envahir une partie de la France : il est encore temps de repousser ce funeste présent.

EN 1794, Barrère, au nom du comité de salut public, faisait connaître à la convention nationale que le nombre des indigens s'élevait, en France, au vingtième de la population.

Il se fondait, à cet égard, sur le rapport du comité de mendicité formé au sein de l'assemblée législative.

M. le comte de Fourcroy, dans un travail général préparé, en 1808, par le conseil d'état pour l'organisation des secours publics, porte la population indigente de la France au dixième de la population totale dans les temps malheureux, et au vingtième dans les temps ordinaires; ce qui établit une moyenne d'un quinzième.

Un publiciste, qui évalue à près de 2,000,000 le nombre d'indigens sur les registres des paroisses en Angleterre (1), suppose qu'en France ce nombre doit s'élever à cinq millions. Des journalistes ont aussi porté ce nombre à quatre ou cinq millions (2), et un, entre autres,

(1) M. B. de C. (Universel, 21 février 1819). (2) Journal de Paris (2 déc. 1831).

l'a élevé jusqu'à dix millions (1). Un jurisconsulte (2) qui a examiné les droits des pauvres et des mendians à un secours légal, a supposé, d'accord avec le comité de men-" dicité de l'assemblée législative, que le nombre des indigens du royaume pouvait être de 1,500,000 à 2,000,000.

M. le baron Degérando (5) pense que la population pauvre de la France n'est guère que d'un trentième ou d'un quarantième dans les campagnes, tandis que, dans les grandes villes, elle s'élève presque jusqu'au cinquième, indépendamment du nombre des pauvres reçus dans les hôpitaux et dans les hospices. Il croit que la proportion moyenne est à peu près d'un vingtième dans la capitale, mais qu'un grand nombre de causes tendent à y augmenter la population indigente, ne fût-ce que la multiplicité des pauvres étrangers qui affluent de toutes parts (4).

(1) Courrier de l'Europe (2 déc. 1831).

(2) M. Loubens, avocat (des Pauvres, des mendians et de leurs droits). (3) M. Degérando (Visiteur du Pauvre).

(4) Nous trouvons les détails suivans dans la Gazette médicale du 2 fé

vrier 1832:

« L'administration générale des hospices civils de Paris vient de publier un rapport fort curieux sur la population indigente de cette ville en 1832. » « La population de la capitale se monte à 770,286 habitans, d'après le recensement officiel de 1831. La partie indigente de cette population est de 68,986 individus : il ne faut pas oublier ici qu'il s'agit des pauvres officiels, de pauvres secourus à domicile, de pauvres portés sur les registres des bureaux de charité. Mais que d'indigens inconnus à la bureaucratie de l'administration des hospices! que de misères secourues par la charité particulière ! »>

<< On peut dire, sans exagération, que le nombre d'indigens que n'atteint pas la charité publique, est au moins égal au nombre de ceux qu'elle soutient. Aussi, le septième de la population de Paris est à la charge de la charité. »

<< La proportion des indigens au reste de la population varie, selon les divers arrondissemens, de 1 sur 6 à 1 sur 24. Le 12° arrond. et le 2o forment les deux points extrêmes de la proportion. Le 2o, comprenant les quartiers les plus riches de Paris, il n'est pas étonnant qu'il renferme le moins de pauvres. »

<< Quant au 12° arrond., bien qu'il s'y trouve quelques fortunes consi

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