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du ciel sur cette immense ville pour y remonter, resplendissante de bonnes œuvres, vers l'auteur de toute charité.

dines, Franciscaines, de Sainte-Elisabeth, de la Croix, de Saint-Thomasde-Villeneuve, du refuge de Saint-Michel, de la croix de Saint-André, Annonciades célestes, de la retraite chrétienne, de Notre-dame-de-BonSecours, pour garder les malades à domicile, etc., etc.

Des associations de jeunes gens pieux se sont établies pour aller prier auprès des prisonniers et des malades indigens, et pour s'opposer aux fléaux des loteries et des maisons de jeu, etc., etc.

CHAPITRE XXIV.

DES INSTITUTIONS DE CHARITÉ ET DE BIENFAISANCE EN ANGLETERRE.

Il y a dans toutes les institutions de bienfaisance de l'Angleterre quelque chose de froid, de sec, de méthodique, un manque de consolation qui fait peine. On voit que la religion n'a pas passé par-là.

(Le baron D'HAUSSEZ : de la Grande-Bretagne.)

On peut distinguer trois époques dans l'histoire des institutions charitables et de bienfaisance de l'Angleterre.

La première embrasse l'établissement du christianisme dans les îles britanniques jusqu'au règne de Henri VIII. Cet intervalle présente, comme l'ère correspondante de tous les peuples catholiques, le soin des pauvres confié principalement au clergé et aux congrégations religieuses, l'établissement d'un grand nombre d'hôpitaux et d'hospices pour les infirmes, les vieillards et les enfans, le principe de l'aumône généralement suivi, en un mot, la charité chrétienne dans sa pureté, dans son efficacité, dans son unité.

L'établissement du protestantisme en Angleterre forme la seconde époque. Son début fut marqué par la disparition violente des institutions catholiques. Les établissemens de

charité, fondés par le catholicisme, subirent la même proscription. Leurs dotations, comme celles du clergé, furent la proie du nouveau clergé anglican, ou d'une aristocratie avide de richesses.

Peu de temps après, cependant, on s'aperçut que les hôpitaux et les hospices étaient indispensables à de grandes populations agglomérées. On recourut aux traditions de l'antique charité, et l'on rétablit, sur des bases analogues, mais en les confiant à des mains séculières, des asiles pour les malades, les vieillards, les infirmes, les orphelins. Toutefois, les secours immenses, dus à la charité religieuse et qui s'étendaient à toutes les classes des malheureux, avaient tari. La mendicité devenait effrayante. Le caractère religieux, attaché à l'échange si doux et si moral du bienfait et de la reconnaissance, des récompenses et des services entre les riches et les pauvres, s'étant affaibli, et, pour ainsi dire, effacé par l'habitude de tout soumettre au doute, au calcul et à l'examen d'une froide philosophie, on se borna à reconnaître le droit des pauvres à l'assistance publique. La taxe des pauvres fut créée, et en même temps, des lois sévères, barbares même, furent rendues contre les mendians. La politique eut une grande part à cette grande déviation de la charité primitive. Il fallait apaiser les pauvres, victimes déplorables de la révolution religieuse, comprimer leur ressentiment contre les spoliateurs des biens du clergé, populariser des changemens que l'opinion du peuple n'admettait qu'avec répugnance et inquiétude, et en même temps effrayer les pauvres qui montreraient leur misère ou feraient éclater leurs murmures de manière à troubler la sécurité et les jouissances des nouveaux propriétaires; car c'était à cette condition que ces derniers consentaient à supporter une taxe spéciale qui, au reste, était légère dans les commencemens et pouvait répondre au but de son institution.

La troisième époque de la charité, en Angleterre, est

comprise entre la révolution de 1688 jusqu'à nos jours. L'avènement, au trône de la Grande-Bretagne, de Guillaume de Nassau, avait donné une nouvelle impulsion à l'esprit d'association, d'industrie et de commerce. La philosophie fondée sur le sensualisme, et, plus tard, l'économie politique, basée sur les principes de l'excitation aux besoins, de l'association industrielle, de la division du travail, de l'emploi des machines et de la production indéfinie, changèrent toutes les anciennes idées sur l'organisation morale et économique des sociétés chrétiennes. La population ouvrière, parquée dans de vastes manufactures, s'accrut avec un essor prodigieux; le nombre des indigens s'augmenta dans une proportion analogue et donna à la taxe des pauvres une extension correspondante au nombre et à l'immoralité toujours croissante des classes ouvrières. Toutefois, les propriétés et les capitaux demeurèrent concentrés dans un petit nombre de familles. Quant à l'Irlande catholique, où la taxe des pauvres n'avait pas été établie, la misère fut en quelque sorte abandonnée à elle-même, mais contenue par la force et l'oppression.

Cette situation extrême explique parfaitement les caractères qu'a dû prendre successivement la charité anglaise. Détournée de sa source primitive, appliquée à un ordre de choses tout-à-fait en dehors des règles et des préceptes du christianisme, la charité, en Angleterre, devait nécessairement être uniquement considérée sous des rapports de politique et d'égoïsme. La charité artique, pressée de soulager le malheur partout où il se manifeste, avait multiplié les institutions et les secours en faveur des pauvres. Les philantropes anglais, alarmés de la progression de la misère, s'occupèrent moins de la nécessité de la secourir que des moyens d'empêcher sa propagation.'Le fardeau des pauvres retombant tout entier sur les grands propriétaires, ceux-ci devaient naturellement faire tous leurs efforts pour s'en délivrer. Les chefs suzerains de l'industrie,

quoique principaux auteurs du paupérisme, ne voulaient pas accepter cette responsabilité. Les uns et les autres prétendirent que le travail devait se charger de réparer l'inégalité et l'injustice de la répartition des richesses. Les théories froides de l'économie politique, les calculs et les combinaisons de l'intérêt personnel, tout fut mis à contribution pour remplacer, par une soi-disant philantropie, la charité religieuse dont on avait dénaturé le principe sacré. Nous avons dit ailleurs, et nous répétons ici, que cette tendance des esprits n'est certainement pas tellement universelle, qu'il n'existe en grand nombre, en Angleterre, des cœurs charitables et d'utiles associations de bienfaisance. Ces associations sont même plus nombreuses qu'ailleurs, et cela devait être, d'abord, parce que la misère y est plus étendue que dans les autres nations de l'Europe, et en second lieu, parce que l'esprit d'ordre, de calcul et d'association généralement appliqué à l'industrie en Angleterre, a dû s'introduire également dans les moyens de soulager et de secourir l'indigence; enfin, parce que le gouvernement, qui fait à peu près tout en France, laisse, en Angleterre, à peu près tout faire aux particuliers, et que la plupart des établissemens de charité ne subsistent qu'au moyen de souscriptions et d'associations. Ainsi, les ouvriers, les personnes exerçant des professions distinguées, ont formé des espèces de sociétés d'assistance mutuelle. On a créé des associations pour tous les cas de malheur qu'il était possible de prévoir; on a surtout multiplié les banques d'économie et de prévoyance; mais on a excité bien moins la sympathiede la charité que la sympathie du malheur. C'est la charité réduite aux calculs et au raisonnement, à l'entraînemant de la mode, de la vanité, la charité dépourvue du mérite, du dévouement, du sacrifice, de l'abnégation, du mystère, de la tendre et ardente pitié dans ceux qui l'exercent, de la reconnaissance et de la sensibilité dans ceux qui la reçoivent : charité pu

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