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culteurs et 3,750,000 ouvriers manufacturiers. Il faut remarquer que, dans ce vaste empire, plus de 46,000,000 habitans sont encore en état de servage, et qu'une grande étendue du territoire n'est pas peuplée.

12o La Suède est dans la même situation religieuse, agricole et industrielle que le Danemarck. Sur 5,866,000 habitans, on compte 1/25 de pauvres, c'est-à-dire 154,600 indigens. Le rapport de la population agricole à la population industrielle est :: 4 : 1; savoir: 3,092,800 propriétaires ou agriculteurs et 775,300 manufacturiers.

13o La Suisse, composée de cantons catholiques et protestans (où, depuis plusieurs années, l'industrie manufacturière prédomine sur l'agriculture dans quelques cantons, et où la population industrielle est fort agglomérée), renferme 171,000 indigens sur une population totale de 1,714,000 individus. Le rapport est de 1 à 10 (1). Celui existant entre la population agricole et la classe manufacturière est : 21. On y trouve 1,442,666 propriétaires ou agriculteurs et 371,534 industriels.

14o Enfin, dans la Turquie d'Europe, livrée à l'islamisme et à l'absolutisme, mais où d'anciennes traditions arabes et chrétiennes de charité et d'hospitalité se sont conservées, et où l'agriculture et l'industrie appliquées aux produits du sol prédominent exclusivement, on n'évalue guère le nombre des indigens qu'à environ 140 de la population. Ce seraient 142, 500 pauvres sur 9,500,000 habitans, et la plupart appartiendraient aux nations franques ou étrangères. Le rapport des classes agricoles aux classes industrielles est de 7 à 1. On y compte 8,312,500 propriétaires ou cultivateurs et 1,187,500 manufacturiers.

(1) Ce rapport est de i 4 dans le canton de Glaris.

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TOTAUX.

226,445,000 491,650 460 28/49 170,681,716| 48,763,667 |:: 3 1/2 : 1 (Nombre rond.)

(1) M. Balbi, géographe et statisticien très estimé, a donné, sur la proportion du nombre des pauvres à la population, dans plusieurs états de l'Europe, des indications qui diffèrent essentiellement des nôtres, et qui nous ont paru manquer d'exactitude. Suivant cet écrivain, il y aurait en Portugal, 1 indigent sur 98 habitans; dans le Wurtemberg, 1 sur 63; dans les Pays véni

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ANALYSE DES CAUSES D'AUGMENTATION

OU DE DIMINUTION

DU NOMBRE DES INDIGENS.

Philosophie matérialiste. Economie politique fondée sur l'excitation des besoins. — Altération du principe de charité. Indifférence du clergé à l'égard des pauvres.-Taxe des pauvres.Oppression de l'Irlande. Agglomération de la population dans les villes manufacturières. Concentration des capitaux et des propriétés.-Emploi des machines dans les travaux de l'industrie et des manufactures.—Système de grande culture. — Extension indéfinie de la production industrielle.-Besoins imposés par le climat. Prédomination de l'agriculture. Industrie exercée de préférence sur les produits nationaux. Influence de la philosophie spiritualiste.

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Influence du catholicisme, de l'éducation religieuse, de l'agriculture et de l'industrie nationale.

Prédomination de l'agriculture et de l'industrie nationale. Influence du catholicisme et du principe de charité religieusement observé. Secours abondans distribués par les établissemens religieux. —Influence de l'agriculture et de l'industrie qui en dérive. - Influence d'un climat qui impose peu de besoins. La plupart des pauvres sont des mendians.

Une portion de la France est atteinte de paupérisme, et c'est celle où les doctrines économiques et industrielles de l'Angleterre ont prévalu. Les provinces méridionales, plus essentiellement agricoles et où les besoins de la vie sont peu nombreux, offrent un petit nombre d'indigens.

Influence du catholicisme, de l'agriculture, de l'industrie nationale et du climat.

Excès de population manufacturière. On a eu recours à l'agriculture pour y remédier.

Le Portugal se trouve dans la même situation que l'Espagne, et cependant on lui attribue un nombre de pauvres proportionnellement plus considérable. Le peu de progrès de l'agriculture, qui forme la base de la richesse nationale et la domination anglaise, expliquent cette différence.

Influence d'une agriculture puissamment encouragée, de l'abondance des produits territoriaux et de l'industrie qui s'exerce sur ces produits,

Influence d'un vaste territoire, d'une population en progrès et de l'industrie agricole. -On doit avoir égard, également, à l'état de servage de la majeure partie des sujets de ce grand empire, condition qui oblige les seigneurs à l'entretien des classes pauvres. (Voir la note aux pièces justificatives A.)

Influence de l'agriculture et d'une industrie nationale.

Influence d'une trop grande extension donnée à l'industrie manufacturière et d'une population exubérante.

Influence de l'agriculture, d'une industrie nationale et d'un vaste territoire faiblement peuplé; foi vive dans une religion qui fait un devoir rigoureux de la charité.

tiens, 1 sur 27; dans la Grande-Bretagne, 1 sur 13; en Hollande, 1 sur 10; en Belgique, 1 sur 8; et, enfin, en France, 1 sur 34. Nous ignorons sur quels documens reposent ses assertions; mais nous sommes fondés à penser que nos calculs se rapprochent davantage de la réalité.

Nous n'avons pas besoin d'avertir de nouveau que le tableau précédent repose sur des bases approximatives et par conséquent plus ou moins conjecturales. Pour le former, nous nous sommes servis, comme de termes de comparaison, des notions que nous offraient la France, l'Angleterre et les Pays-Bas. Nous avons eu égard à la population, à la nature du sol et des produits, au principe d'industrie prédominant, aux grandes agglomérations d'ouvriers, à l'influence des religions, des climats, des mœurs et des usages. Nous avons enfin procédé du connu à l'inconnu par l'analogie. Le résultat de ces diverses opérations a constamment justifié les principes que nous avons émis sur les causes génératrices du paupérisme.

Partout, en effet, on voit le nombre des pauvres s'accroître en raison de la multiplication et de l'agglomération de la population ouvrière, de la prédomination de l'industrie manufacturière sur l'industrie agricole, de l'application des doctrines anglaises de civilisation et d'économie politique, et de l'abandon du principe charitable et religieux (1).

(1) Les mêmes causes agissent déjà, ainsi que nous l'avons fait remarquer ailleurs, dans les Etats-Unis d'Amérique, pays encore naissant, en quelque sorte, et où la population est encore loin d'avoir dépassé ses limites naturelles. Mais les théories industrielles de l'Angleterre, admises dès longtemps dans ces contrées, ne pouvaient tarder d'y porter leurs fruits amers.

« On ne peut se faire une juste idée, dit le Bostor advertiser, de la rapidité avec laquelle le paupérisme nous envahit, qu'en portant nos regards sur le passé. Alors on a la mesure des progrès immenses que fait chaque jour ce fléau; alors on reconnaît l'inefficacité de toutes les mesures adoptées jusqu'ici, pour l'arrêter dans sa marche. A Massachussets, le nombre des pauvres était, en 1821, de 1/34 sur 100 habitans. Onze ans après, en 1832, ce chiffre avait presque doublé, et s'élevait à 2/55 sur 100 habitans. A Boston, le nombre des pauvres était, en 1819, de 395; en 1821, il atteignit le chiffre de 400; en 1822 et 1823, il augmenta encore; et aujourd'hui, le nombre des pauvres que renferme cette ville, dépasse 800. A New-Yorck, la taxe des pauvres a triplé à peu près, de 1815 à 1831. Dans l'état de Newhampshire, on ne comptait qu'un pauvre sur 300 habitans, en 1800; aujourd'hui, on compte 1 pauvre sur 100 ha

En Europe, le rapport du nombre des pauvres à la population totale est de 120 810.

Le rapport du nombre des classes agricoles aux classes industrielles est: : 3 12: 1.

Le rapport du nombre des pauvres à celui des classes agricoles est: : 1:6; tandis que ce même rapport, au nombre des classes industrielles, est de 5 à 1, c'est-à-dire que, sur 10,897,353 indigens, 1,816,222 appartiennent à l'agriculture et 9,081,111 à l'industrie.

Le pays qui offre proportionnellement le plus de pauvres est la Grande-Bretagne : leur nombre, à l'égard de la population totale, est dans le rapport de 1 à 6.

Celui qui en offre le moins est la Russie, où ce rapport est de 1 à 100.

La France et l'Allemagne sont, à peu de chose près, dans la moyenne générale : le nombre de leurs pauvres

bitans. La Pensylvanie a donné des résultats non moins remarquables ; en 1820, on comptait, dans cette partie des états de l'Union, un pauvre sur 40 habitans, et la taxe des pauvres a quintuplé de 1820 à 1832. »

Tous les efforts du gouvernement sont aujourd'hui dirigés contre cette progression effrayante on espère obtenir d'utiles résultats des sociétés de tempérance qui se multiplient sur tous les points des Etats-Unis.

L'instruction populaire est très avancée dans la conféderation anglo. américaine. Tandis qu'en Angleterre on compte 1 écolier sur 15 habitans, et en France, 1 sur 17, le rapport du nombre des écoliers à la population est, aux Etats-Unis, de 1 sur 8 habitans. Malheureusement, l'influence morale de la religion a perdu de son empire sur un peuple dont cependant les fondateurs sacrifièrent tout à l'intérêt de leurs croyances religieuses. « Les habitans de l'Union, a dit un homme d'esprit, ont trop de religions, pour avoir beaucoup de religion. » En effet, il y a aux Etats-Unis une trentaine de sectes principales qui se subdivisent en un nombre infini de ramifications. Outre les catholiques romains, on y trouve des anabaptistes, des épiscopaux méthodistes, des congréganistes orthodoxes, des presbytériens, des luthériens, des frères unis, des unitairiens, des universalistes, des quakers, des memnonites, des tunkers, des shakers, l'église de la nouvelle Jérusalem, l'église hollandaise réformée, etc., etc. L'anarchie des cultes commence à se faire sentir; aussi, assure-t-on qu'il se manifeste une tendance marquée vers un retour à l'unité religieuse, c'est-à-dire au catholicisme. C'est un progrès qu'il est important de constater.

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