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On remarquera, dans le tableau général des mendians du royaume et dans la carte ci-contre, des différences très sensibles de département à département; et, ce qui confirme les observations que nous avons émises dans le précédent chapitre, ce ne sont pas exclusivement les contrées qui présentent le plus grand nombre d'indigens qui donnent le rapport le plus élevé en population mendiante.

Ce rapport, par exemple, n'est que d'un mendiant sur quarante-six indigens dans le département de la Seine; et dans ceux qui possèdent des villes très populeuses, comme la Gironde, la Seine-Inférieure, le Rhône, etc., on trouve proportionnellement moins de mendians que dans la plupart de ceux où l'indigence est cependant moins étendue. La raison en est simple. Ce sont sans doute les villes qui produisent le plus de pauvres; mais c'est dans les villes, aussi, qu'existent les établissemens de charité les plus vastes, les secours publics les plus abondans, les ateliers de travail les plus multipliés, et surtout une police plus vigilante et plus sévère contre la mendicité. La civilisation moderne des capitales s'occupe beaucoup moins d'éloigner la misère elle-même que de repousser son image dégoûtante.

Dans les campagnes, le nombre des indigens est moins élevé ; mais c'est là que les habitans ont conservé le plus soigneusement la tradition et la pratique de l'aumône. Là aussi les indigens ne sont guère que des malheureux dans

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l'impuissance de travailler. Indigence et mendicité y sont à peu près synonymes. Le mendiant y est secouru, parce qu'il inspire de l'intérêt ; il y est toléré, parce qu'il n'existe dans les villages ni asiles charitables, ni secours régulièrement établis : il y paraît tout simple que le pauvre sollicite lui-même une aumône qui n'irait pas le chercher. C'est par ces motifs que les communes rurales et les campagnes ont plus de mendians que les villes, proportionnellement au nombre total d'indigens. Ces circonstances, les mœurs, les habitudes religieuses, la différence des climats, la nature de l'industrie, la direction donnée à la charité, l'agglomération de la population, expliquent les apparentes anomalies que peut présenter le tableau général des mendians en France.

Pour compléter notre travail, nous joignons ici [H] l'échelle du rapport existant entre le nombre des mendians et celui de la population totale et de la population indigente dans tous les départemens de la France. Elle se divise, comme le tableau analogue que nous avons dressé pour les indigens, en trois zônes ou régions. La zone souffrante donne le rapport de 1 mendiant sur 90 habitans; la zone moyenne, 1 sur 231 habitans, et enfin la zône favorisée, 1 sur 386: l'échelle est graduée de 156 à 1675. Les départemens d'Ille-et-Vilaine et de la Seine se trouvent placés, le premier au sommet, le second à la base de l'échelle.

Nous donnerons de plus amples détails sur la mendicité, en France, dans les chapitres destinés à l'examen de la législation sur les indigens (1).

Il paraît prouvé qu'au moment de la révolution de Juillet, il existait dans le royaume un nombre de mendians moindre qu'avant 1789; mais aussi, à cette dernière époque, il y avait beaucoup moins de pauvres ré

(1) Entre autres le chap. V, livre VI, tom. III.

duits aux secours de la charité publique. Le précepte de l'aumône étant universellement observé, et le clergé à peu près seul chargé de secourir les malheureux, l'indigence, ainsi que nous l'avons dit, ne se manifestait que par la mendicité. Les suites d'une révolution qui, après avoir détruit les dotations religieuses et charitables, paralysa toutes les branches de la prospérité publique, couvrirent la France de pauvres mendians. En 1804, suivant M. Dieudonné, préfet du Nord, on en comptait dans ce département 40,180 (16,072 hommes jeunes et vieux, et 28,108 femmes jeunes et vieilles). Sous le consulat et l'empire, on était parvenu, par des mesures extrêmement sévères, non à détruire la mendicité, mais à l'empêcher de se révéler extérieurement. La vieillesse et l'enfance, impuissantes au travail, furent emprisonnées et punies comme les mendians robustes et paresseux : c'était confondre le malheur avec le vice. Il en résulta dans les mœurs publiques une sorte de flétrissure de la mendicité, et c'était un avantage, mais, à notre avis, trop chèrerement acheté, puisqu'il était le prix d'une grande injustice et d'un monstrueux abus de la force légale.

Depuis la révolution de Juillet, le nombre des mendians doit s'être augmenté en France dans une proportion parallèle à celui des indigens. Celui-ci étant présumé s'être accru de 16 312 (252,362), l'accroissement des mendians serait de 18, c'est-à-dire de 31,545. Ainsi, le nombre actuel des mendians de la France peut être évalué à 229,698, ou au 1/142 de la population générale et au 17 13 de la population indigente.

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