Adolphe: anecdote trouvée dans les papiers d'un inconnu

Front Cover
Charpentier, 1839 - 387 pages
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 134 - Le malheur d'Ellénore prouve que le sentiment le plus passionné ne saurait lutter contre l'ordre des choses. La société est trop puissante, elle se reproduit sous trop de formes, elle mêle trop d'amertumes à l'amour qu'elle n'a pas sanctionné...
Page 230 - Un état qui en a conquis un autre le traite d'une des quatre manières suivantes : il continue à le gouverner selon ses lois, et ne prend pour lui que l'exercice du gouvernement politique et civil ; ou il lui donne un nouveau gouvernement politique et civil ; ou il détruit la société et la disperse dans d'autres ; ou enfin il extermine tous les citoyens.
Page 18 - De là une certaine absence d'abandon qu'aujourd'hui encore mes amis me reprocheut , et une difficulté de causer sérieusement que j'ai toujours peine à surmonter. Il en résulta en même temps un désir ardent d'indépendance, une grande impatience des liens dont j'étais environné , une terreur invincible d'en former de nouveaux.
Page 32 - Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est, pour ainsi dire, spectatrice de l'autre.
Page 128 - Ma surprise n'est pas que l'homme ait besoin d'une religion; ce qui m'étonne, c'est qu'il se croie jamais assez fort, assez à l'abri du malheur pour oser en rejeter une: il devrait, ce me semble, être porté, dans sa faiblesse, à les invoquer toutes ; dans la nuit épaisse qui nous entoure, est-il une lueur que nous puissions repousser? au milieu du torrent qui nous entraîne , est-il une branche à laquelle nous osions refuser de nous retenir?
Page 68 - J'étais reconnaissant de ce qu'elle n'exerçait pas sa puissance ; il me semblait que je l'en aimais mieux. Moimême, d'ailleurs, je ne me séparais pas sans un vif regret d'un être qui m'était si uniquement dévoué. Il ya dans les liaisons qui se prolongent quelque chose de si profond...
Page 18 - J'avais, à l'âge de dix-sept ans, vu mourir une femme âgée, dont l'esprit, d'une tournure remarquable et bizarre, avait commencé à développer le mien. Cette femme, comme tant d'autres, s'était, à l'entrée de sa carrière, lancée vers le monde, qu'elle ne connaissait pas, aver le sentiment d'une grande force d'âme et de facultes vraiment puissantes.
Page 101 - Je fus entraîné à l'aveu complet de mes sentiments: je convins que j'avais pour Ellénore du dévouement, de la sympathie, de la pitié; mais j'ajoutai que l'amour n'entrait pour rien dans les devoirs que je m'imposais. Cette vérité, jusqu'alors renfermée dans mon cœur, et quelquefois seulement révélée à Ellénore au milieu du trouble et de la colère, prit à mes propres yeux plus de réalité et de force, par , cela seul qu'un autre en était devenu dépositaire.
Page 44 - L'amour supplée aux longs souvenirs , par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin du passé : l'amour crée , comme par enchantement, un passé dont il nous entoure. Il nous donne, pour ainsi dire, la conscience d'avoir vécu, durant des années , avec un être qui naguère nous était presque étranger.
Page 132 - Êtes bon ; vos actions sont nobles et dévouées : mais quelles actions effaceraient vos paroles ? Ces paroles acérées retentissent autour de moi : je les entends la nuit ; elles me suivent, elles me dévorent, elles flétrissent tout ce que vous faites.

Bibliographic information