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LIÇON XLVIII.

De la ruine de Jerufalem.

Eufeb.3. E de Jefus Chrift, Jerufalem fu

Nviron quarante ans après l'afcen

bift.c. 5. ruinée comme il l'avoit prédit. Les Juifs 6.7.&c, fe revolterent contre les Romains, fous pretexte qu'ils étoient le peuple de Dieu, qui ne devoit pas être fujet des Genils. Il y en eût grand nombre de mallacrez en divers lieux; & enfin Jerufalem fut affiegée & prife, après un long fiége, par Titus fils de l'Empereur Vefpafien. Il n'y eût jamais de geurre plus cruelle. La famine fut fi horrible pendant ce fiége, qu'il y eût une mere qui mangea fon propre enfant. Il perit dans ce fiege leu Onze cens mille perfonnes. Le Temple fuc brûlé, & la ville entierement ruinée. Ainfi Dieu fit éclater fa jufte fureur fur cette malheureufe ville : qui avoit fait mourir tant de Prophetes, & enfin Jefus Chrift fon Roy & fon Dieu. Les Juifs qui ne l'avoient pas voulu reconnoître pour leur liberateur, devinrent efclaves des Romains furent chassez de leur pays & difperfez par tout le monde, & entrerent en cet état de fervitude & de mépris, où ils vivent depuis feize cens ans. Can

:

ils n'ont jamais pu rentrer dans la pofielfion de leur terre, ny regner en aucun pays du monde. L'on vit alors l'accompillement de la prophetie du Partriarche Job, qui avoit predit, fi long-tems Gen 49 auparavant, que le fceptre ne fortiroit 10. point de fuda, jufques à ce que vînt celuy qui étoit l'attente des nations. Car en même tems, que le Royaume fpirituel de Jelus-Chrift s'établisloit, & s'étendoit far toutes les nations du monde, le Royaume temporel des Juifs fut anéanty: faus qu'ils ayent été reünis depuis en corps detat, comme ils avoient toûjours été julques alors. Il paru: bien auffi, que la vraye Religion n'étoit attachée, ny à un certain lieu, ny à une certame race; puis que Dieu détruifit & la ville & la nation qu'il avoit chofie; après qu'elle eût fub

allez long tems, pour être un exemple fenfible de fa conduite fur les hommes & pour fournir des Docteurs à tout le refte de la terre. enfin la Loy ceremoniale & la Loy politique des Juifs furent entierement abolies. Car le Temple étant ruiné, il ne pouvoit plus y avoir de facrifices, toutes les autres ceremoes ne regardoient que l'ancienne allian, dont le tems étoit paflé: & la Loy politique & judiciaire, n'avoit été donnéc que pour les Ifraëlites, habitans de la terre promife. De toutes l'ancienne Loy

les

les Chrétiens ne doivent donc plus obfer ver, que ce qui regle les mœurs; & c'eft ce qui eft praticable en tous les tems & en tous les lieux, n'étant que la Loy éter nelle de la nature.

LEÇON XLIX.

De la vie des Apôtres.

Es Apôtres fouffrirent des peines incroiables dans la prédication de l'Evangile. Ils étoient toûjours en voyage, & vivoient pauvrement, ou du travail de leurs mains, ou des aumônes des fi2.Cor. déles. Ils fouffroient des grand fatigues, II. 23. la faim, & la foif, la veille, le froid, le

c.

chaud, les tempêtes, les rencontres des voleurs, & les autres incommoditez des voyages: fans compter les jeûnes & les mortifications volontaires, qu'ils s'impofoient fouvent pour réduire leur corps en fervi tude, & montrer l'exemple aux fideles. 1.Cor. Ils étoient méprifez des Gentils, com9.27. me juifs, & haïs des Juifs, commean

A&t. 20.

20.

nonçant une nouvelle do&rine. Ceux qui fe convertiflorent leur donnoient beau coup d'occupation, pour inftruire, ca rechifer, exhorter en public, & en par ticulier, Bapriler, & donner les autres facremens, établir des Prêtres & des Dia

cres

cres, & donner des reglemens aux nouvelles Eglifes. Its repalloient aux lieux où ils avoient fait des Chrétins, ou leur voyoient des difciples, & leur écri ont des lettres, pour les confirmer dans Foy, & corriger les abus qui fe glifrent. Ceux qui rejettoient leur doctrit, & c'étoit toûjours le plus grand pombre, les chargeoient de calomnies. s traitoient leurs miracles d'enchantemens les apelloient impofteurs & feitieux, qui troubloient l'état en renver- Aft. 16 fant les Religions établies, & amenant des 20. nouveautez & des coûtumes étrangeres. On les menoit devant les Juges, on les mettoit en prifon & dans les fers, on les fouettoit publiquement: quelquefois le peuple les pourfuivoit à coups de pierres. Enfin il leur arriva tout ce que Jefus- Matth Chrift leur avoit prédit, & ils fe trouve- 10.22 rent hais de tout le monde, à caufe de Canom. Mais ils fentirent auffi le courage & la fermeté qu'il leur avoit promfe, & qu'il leur avoit donnée lorsqu'ils curent le faint Elprit. Loin de fuccom berà tant de maux, plus ils fouffroient, plus ils fentoient de confolation & de

fçachant bien, qu'aprés le com 2. Cor la couronne de juftice les attendoit r. 5. ans le Ciel & ne comptant pour rien 2. Tim, fouffrances de cette vie, en compa- 4. 8. for de la furure. Enfin ils fouffrirent Rom. 8. tous 18.

Clem.

tous le martyre, par divers fupplice & donnerent conftamment leur vie, po témoignage des veritez qu'ils préchoic `particulierement de la refurrection de fus-Chrift. Saint Pierre fut crucif Saint Paul eût la tête tranchée; tous d à Rome en même jour fous l'Emper Neron, le plus méchant de tous les ho mes, & le premier des Empereurs, perfecuta les Chrétiens.

L

LEÇON L,

Des perfecutions.

I

'Eglife continua d'être perfecutéepe dant trois cens ans, & il y eût u multitude innombrable de martyrs. Alex. 3. Chrétiens ne faifoient inal à perfon Fadag. vivant la plupart du travail de leurs ma 10. dans une grande humilité & une gran Conft. modeftie. Au contraire ils faifoient bea Apoft. coup de bien, & par leurs grandes aum 1.4.2. nes, & par la guerifon des maladi

ult.

& les autres miracles, qui étoient end re frequens. Cependant tout le monde haïfloit, le nom feul de Chrétien p Textul fois pour un crime. On difoit qu'ils n Apolug voient point de Dieu, parce qu'ils n voient point d'idoles &.n'adoroient qu efprit. On rendoit comme de grand

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