est bien raisonnable, que l'on traitte differemment, ceux qui ont peché dans l'aveuglement de l'infidelité où ils n'avoient point le puiflant fecours de la grace, contre leur concupiflence : & ceux qui ont été une fois illuminez au Baptême, qui ont Heb. 6. été faits participans du faint Efprit à la confirmation, qui ont goûté le dou celeste de l'Euchariftie, la beauté de la parole de Dieu, l'excellence du fiécle à venir: & qui font tombez, aprés tant d'avantages, crucifiant en eux-mêmes de nouveau le Fils de Dieu. Ceux-là merirent fans doute, que Dieu leur fafle acheter par des larmes & des œuvres laborieufes la grace qu'il leur fan, de les renouveller par la penitence. C'eft bien aflez qu'il leur remette gratuitement la coulpe: c'eft à dire la tache du peche; & qu'il les décharge de la peine éternelle. La penitence a donc trois parties, la Contrition, la Confeffion, la Satisfaction. La Contrition, c'eft-à dire la douleur qui brife le cœur, doit être furnaturelle. Car il ne fuffit pas d'être affligez de nos pechez, par des motifs temporels : à caufe des maux que nous fentons ou que nous craignons en cette vie. Il faut que cette douleur foit fondée fur la Foy; & qu'elle

ait

pour motif, ou la bonté infinie de Dieu, ou du moins fa juftice & fa puiffan ce, qui peut recompenfer & punir éter

melle

nellement. Si c'eft purement l'amour de Dieu, qui fafle détefter le peché, c'el: la contrition parfaite: fi la contrition eft imparfaite, étant fondée fur la confideConfil. ration de la laideur du peché, ou fur la Tri crainte de l'Enfer on l'appelle attrition. dent. C'est une difpofition fainte& utile, pour sess. 14% le Sacrement de Penitence; mais il faut

C. 4. Id.

qu'elle excluë entierement la volonté de 1.6.0.6 pecher: ce qui enferme un commencement d'amour de Dieu.

14

Eluy qui veut revenir à Dieu, aprés Concil. avoir perdu la grace de fon Baptême, Tridoit commencer par examiner la con- dent. fcience trés-foigneufement pour con- feff. 14 noître autant qu'il pourra, le nombre & cap. S. la qualité de fes pechez, leurs causes & leurs fuites, les paffions & fes babitudes. Il doit fur tout bien fonder fon cœur : fi c'eft tout de bon qu'il veut fe convertir, s'il eft bien convaincu de l'énormité du peché; qui eft le feul vrai mal, qui attaque la Majefté de Dieu même, & qui merite une peine éternelle s'il eft bien touché de l'ingratitude, dont il a ufé envers Dieu fon Créateur, fon Redempteur,

fon

240

Catechisme

fon fouverain bienfaiteur; & de la perfidie avec laquelle il a violé les promefies de fon Baptême; s'il detefte fa vie paffée, & s'il eft bien refolu d'en commen ser une nouvelle, moyennant la grace de Dieu. Qu'il aille enfuite trouver fon Pafteur, ou quelque autre Prêtre approuvé de fon Evêque, & ayant pouvoir de l'abfoudre; & qu'il luy fafle fa confefsion: luy declarant tout au long l'état de fon ame, avec grande fimplicité. Qu'il écoute fes avis avec refpect, & fe foûmette humblement à la fatisfaction qu'il luy impole, quelque rude qu'elle luy paroiffe: puifqu'elle fera toûjours fort legere en comparaifon des penitences canoniques. Enfin qu'il ne murmure point, fi on luy differe l'abfolution: puifque ce n'eft pas à luy à juger de la conduite du Prêtre, qui eft fon Juge. Le Prêtre à le pouvoir de retenir les pechez, auffi bien que de les remettre; & il fe charge devant Dieu de tous les pechez, qu'il remet, ou qu'il retient mal-à-propos. Il doit refufer l'abfolution à celuy qui ne fçait pas les veritez neceflaires pour le falut: comme le Symbole & les Camınandemens de Dieu: à celuy qui n'eft pas contrit, c'eft-à-dire, qui n'eft pas affligé de fon peché, ou ne l'eft que par quelque interêt temporel, ou ne renonce pas à toute volonté de pecher à l'avenir : à celuy quí

ne veut pas reftituer le bien d'autrui qu'il poflede, ou qui ne veut pas quitter l'oc cafion prochaine du peché : ou qui tombe fouvent dans les mêmes crimes : ou qui ne veut pas pardonner à fon ennemi: à celuy qui ne veut pas accepter la fatiffaction qui luy eft impofée. En un mot, à tous ceux à qui il juge que le Sacrement feroit inutile, par leur mauvaise difpofition. Le Prêtre ne peut abfoudre un homme en cet état, fans fe damner avec luy. Que fi la difpofition du penitent eft douteufe le Prêtre doit fufpendre l'abfolution, pour l'éprouver quelque tems. Il doit impofer la penitence la plus approchante qu'il pourra, des peines canoniques: eu égard à l'âge au fexte, à la force & à la ferveur du penitent. Les peines Concil. canoniques font de plufieurs années pour Trident. les grands crimes: comme pour un parjure ou un adultere, fept ans, pour une fim-e. 14. ple fornication trois ans, & ainfi du reste. cap. 8.

LEÇON LIII

De la penitence publique.

N ne peut mieux connoître qu'elles

l'administration de ce Sacrement : que pas les ceremonies de la penitence publique.

Tome II.

L

Ceux

Concil. Ceux qui ont fait des pechez publics & Trident, fcandaleux, doivent en faire penitence feff.24. publiquement; & s'ils ne s'y foûmettent reform. l'Evêque a droit de les retrancher de l'E cap. 8. glife. S'ils demandent penitence, après Pontif. s'être confeflez à l'Evêque ou à fon Peni

Rom.

epulf. publ.

poen.

tencier, ils viennent le Mercredy des Cendres à l'Eglife Cathedrale, vêtus pauvrement & nuds pieds, le vifage panché vers la terre. L'Evêque étant affis au milieu de l'Eglife, ils entrent & fe profternent contre terre avec larmes; puis ils s'approchent, & il leur met à chacun des cendres fur la tête, difant: Souviens-toy homme que tu es poudre, & que tu retourneras en poudre, fais penitence, pour avoir la vie éternelle. Il benit des cilices, dont il leur couvre la tête; & fe mettant à genoux, tout le Clergé & le peuple étant profterné à terre, il recite les fept Pleaumes de la Penitence, avec les Litanies & quelques prieres: pour demander à Dieu qu'il leur pardonne leurs pechez, & leur falle la grace de changer de vie. Enfuite il leur fait un fermon: où il leur reprefente comme Adam après fon peché fut chaflé du Paradis terreftre, chargé de plufieurs maledictions, & qu'à fon exemple ils vont être chaflez de l'Eglife, pour un tems. En effet il en prend un par la main, & ils fe prennent tous les uns les autres, tenant des cierges allumez; ainfi il

les