méprifer ces pechez, quelque petits qu'ils nous paroillent : & très-important de s'en purifier fouvent, foit par le Sacrement, foit par quelque autre forte de pe- 3, nitence. Car encore qu'ils n'éteignent pas la charité, ils l'affoibliffent, & nous mectent en danger de tomber dans de plus grands pechez. Le moindre peché eft toûjours un très-grand mal : pire que les maladies, les pertes de biens, la douleur : corporelle, l'infamie, la mort même, en forte qu'un Chrétien doit plûtôt s'exposer à tous ces maux temporels, que de commettre un peché veniel de propos deliberé. Tous les pechez, tant mortels que veniels, fe rapportent à fept principales fources. La gourmandife: l'impudicité : l'avarice: la colere: l'envie: la parefle: l'orgueil. D'autres ajoûtent la vanité, & mettent le chagrin pour la parelle.

LEÇON LVI.

Des Indulgences du Purgatoire.

Do

U tems que les penitences canoniques étoient en vigueur: il arrivoit fouvent, que les Evêques touchez de la ferveur du penitent, luy en remettoient quelque partie ou pour la longueur du tems, ou pour la rigueur des peines.

De

25. 10.

Depuis il fut affez ordinaire, de le remettre, en confideration de quelques œuvres moins penibles; comme des aumônes, des pelerinages, le fervice de la guer re contre les infidéles. Tout cela s'appelle Indulgence. Les Evêques en donnent encore quelquefois, comme à la confecration des Eglifes. Mais c'eft le Pape qui les donne le plus ordinairement : & il les applique à ceux qui recitent certaines prieres, qui afliftent aux offices, ou vifitent les Eglifes à certains jours, qui font quelques jeûnes ou quelques autres bonnes œuvres. L'Indulgence la plus folem- Levit nelle eft celle du Jubilé : ainfi nommé du Jubilé de l'ancienne Loy, qui remettoit tous les cinquante ans toutes les dettes. On en a abregé le terme de moitié, & on l'a mis à vingt-cinq ans; & de plus, il y a quelquefois des Jubilez extraorninaires: à l'occafion, par exemple, d'une guere des infidéles, ou de quelqu'autre befoin de l'Eglife. Ces Indulgences font un remede très-utile, depuis que l'on a ffort adouci les penitences. Car la ju- Concil. ftice de Dieu étant toûjours la même : Trident. nous avons fujet de craindre qu'il ne foit feff. 25. pas fatisfait des penitences legeres que l'on in fin. nous impofe, & du peu de foin que nous avons, d'y en ajouter de volontaires : ainfi nous ne devons point perdre d'occafion, de profiter des Indulgences, Mais il

faur

faut bien fe fouvenir, qu'elles ne fuppléent qu'à la fatisfaction, & non pas à la contrition; & qu'elles ne profitent qu'à ceux qui font veritablement convertis : car Dieu ne fe paye pas de formalitez. Nous pouvons encore être aidez par les bonnes œuvres des autres, qui prient ou jeûnent pour nous fuivant l'application qu'il plaît à Dieu da nous en faire. C'est l'effet de la communion des Saints: & c'est ce qui nous doit rendre fort foigneux, de prier les uns pour les autres, & de nous recommander aux prieres des faints qui font fur la terre: & encore plus des faintes ames, qui font dans le Ciel. Il ne refte que ce feul remede à ceux, qui forroit de cette vie en état de grace, mais chargez de quelques pechez venils: ou de quelque partie des peines temporelles qu'ils devoient à Dieu. Ils ne ne peuvent être aidez que par les Concil. fuffrages des vivans. Ils fouffrent cepen

Tri

dent.

dant la paine, que nous, appellons purga

toire: parce qu'elle eft neceflaire pour les Jef. 6. purper entierement; & les rendre dignes can. 30. d'entrer dans le Ciel. C'eft pour cela que Je 25. l'Eglife a prié de tout tems pour ceux, in prin qui font morts dans la paix & fa communion & qu'elle offre pour eux des aumônes, des facrifices & toutes fortes de bonnes œuvres.

cip.

L S

LE CON LVII.

De l'extrême-Onction.

Nous avons befoin à la mort d'un fe- Concil.

cours particulier de Dieu les atta- Trident. ques du diable font alors plus violentes, feff. 14. & l'ame fe reflent de la foiblefle du corps. Ce fecours nous eft donne par un Jacq.s. Sacrement, que l'Apôtre faint Jacques 14. nous explique en ces termes : Quelqu'un eft il malade? qu'il appelle les Prêtres de I'Eglife, & qu'ils prient fur luy, en l'oiguant d'huile, au uom du Seigneur. La priere de la Foy fauvera le malade, le Seigneur le relevera; & s'il a commis des pechez, ils luy feront remis. Ce Sacrement a donc trois effets: premierement il remet les pechez, c'est-à-dire les pechez veniels, & les reftes de toutes fortes de pechez pardonnez. Secondement, il fortifie le malade, le releve & luy donne du courage. Eu troifiéme lieu, il luy rend même la fanté corporelle, s'il eft expedient pour fon falut. Les Miniftres de ce Sacrement font les Prêtres : & le figne fenfible de la grace, eft l'application de l'huile avec la priere. L'huile eft très propre à marquer l'effet de ce Sacrement, puifque l'on s'en fert pour guerir les playes, pour fortifier

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le corps. On ne le doit donner qu'aux malades, qui fouten peril; fans toutefois attendre à la derniere extremité. Autrefois les malades fe faifoient fouvent conduire à l'Eglife, pour le recevoir. Le Prêtre, étant entré dans la chambre du malade, y donne fa benediction, & avertit le malade de recevoir le Sacrement de Penitence, s'il eft befoin: car il faut, autant qu'il est poffible; fe mettre en état de grace, pour Ritual. recevoir l'extrême-Onction. Enfuite il Rom. l'inftruit de l'inftitution de ce Sacrement, Ritual. & des difpofitions avec lefquelles on doit Parif. le recevoir : qui font la Foy, le courage, la refignation à la volonté de Dieu, le détachement de la vie prefente, la componction des pechez. Il fe met à genoux avec tous les affiftans, & recite les Litanies des Saints, puis il s'approche du malade, & dit plufieurs oraifons fur luy. Alors il fait les Onctions avec l'huile, qui a été confacrée pour cet ufage, à la Mefle du Jeudy faint difant à chacune des paroles: Par cette Onction de l'huile sacrée & fa très-pieufe mifericorde, Dieu veuille te pardonner tous les pechez que tu ascommis, par la vûë: ou par l'ouïe, & ainfi à proportion. On fait fept Onctions. Aux yeux, aux oreilles, aux narines: à la bouche, pour les pechez du goût & des paroles, à la poitrine pour les pechez d'impureté d'autres font cette Onction aur

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