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Ł E ÇO N. X V.

De l'Idolatrie.

Andis que Dieu prenoit tant de foin Aft. 14. des Ifraëlites, il laifloit encore les au- 15. 17. tres nations dans l'ignorance & le peché, 30. les abandonnant à leurs paffions déreglées. Les hommes ne regardoient plus que leurs corps, & ne s'appliquoient qu'aux chofes materielles. Ils fentoient bien en leur conIcience, qu'ils ne s'étoient pas faits euxmémes: la beauté des corps celeftes & l'or- Pf. 18. dre de toute la nature, leur difoit aflez, qu'il y avoit quelque fage ouvrier qui en étoit l'auteur, & qui les gouvernoit. Il oient reçû de leurs peres quelque traditim de la création du monde, du déluge, & des autres châtimens exemplaires, que Dien avoit exercez fur les méchans : ils Plate. avoient oui parler d'un jugement futur, 10. de des fupplices, & des recompenfes de l'autre repub, e. Mais comme ils ne faifoient point in f. d'attention à leur ame, ny à aucune chofe (pirituelle ils donnoient du corps divinité, & s'imaginoient la trouver par tout où ils voioient quelque puiflance exraordinaire ainfi ils remplifloient tour le monde de dieux. Ils en mettoient dans le Ciel, dans le foleil, dans les aftres : ils en

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à la

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Sap. 14. mettoient fur la terre & dans les eaux. 17.. que peuple les nommoit à sa mode, mêtoit les grands Rois, les inventeúr

arts, & les autres hommés fameux de

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que pays ils en racontoient mille f. extavagantes. Ils fe figuroient leurs d comme des hommes immortels, leur noient des femmes, qu'ils nommc déefles, & des enfans qu'ils appelo dieux ou demi dieux; & leur attribuo toutes les paffions des hommes & tous vices. Ils ne fe contentoient pas de les in giner, ils vouloient les avoir prés d'e ils faifoient des ftatues de bois, de pier de bronze ou d'autres métaux, à qui donnoient les noms de leurs dieux, p tendant qu'ils y habitoient en effet : adreftoient leurs prieres & leurs adoratic à ces idoles. Ils leurs drefloient des ter ples & des autels, leur faifoient des fac fices & des fêtes magnifiques. Le demo les abufoit ainsi, pour fe faire adorer, for ces noms, & pour leur faire commett toutes fortes de crimes, fous pretexte c Sap. 14. religion. Car leurs fêtes n'étoient que jeu 22. 23. & diflolutions. On honnoroit Baccus, e beuvant avec excès: il y avoit des lieux o Baruch. les femmes s'abandonnoient publiquement 443 en l'honneur de Venus; d'autres, où le Herod. peres facrifioient & brûloient leurs pro pres enfans, pour appaifer les dieux infer baux. Il y avoit mille impofteurs, quif

es

antoient d'être les Prophetes de ces dieux, & de prédire l'avenir, ou devenir les cho les cachées : les uns par l'aftrologie, les deres par l'obfervation du vol ou du chant soifeaux, ou par les entrailles des victi On croyoit des jours heureux, d'aumalheureux : on obfervoit les fonges: tout étoit plein de fuperftitions ridicules, Cependant la corruption des mœurs étoit Riverfelle; tous les vices regnoient fur la terre, & quoy que la lumiere de la raison &la loy de nature reftât dans le cœur des Rom. 1. hommes, elle étoit fi peu fuivie, qu'elle 32. 11, ne fervoit qu'à les rendre coupables, d'a- 15, gir contre leur confcience. Il étoit refervé au Sauveur; de tirer le genre humain de sette mifere.

A

LEÇON XV I.

De David & du Melfie.

Près que les Ifraëlites curent été long

12. Reg.

tems gouvernez par des Juges, ils voulurent avoir des Rois. Le premier fut 1. Reg. Saül, de la tribu de Benjamin: qui fut bien- 10. réprouvé pour fes pechez. Le fecond fat David, de la tribu de Juda; que trouva felon fon cœur, & le fit facrer avec de l'huile fainte, par le Prophete Samuel, fut long-tems perfecuté par Saul, &

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Dieu

étaut

16.

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étant devenu Roy, il foutint de gra guerres contre les infideles; mais ← Dieu le délivra de tous fes travaux, le

au-deffus de tous les ennemis, & le cos Ad.13. bla de richefles & de gloire. Aufsi fu 21. Pf. fort fidele à le fervir. Toute fon appli

100.

7.

tion étoit de méditer la loy de Dieu,1 mettre en pratique, & la faire observe fes fujets; c'eft à quoy il emploio it fa pu fance. Comme il avoit l'efprit trés-bea & entendoit parfaitement la poëfie & mufique, il compofa un grand nombre cantiques pour loüer Dieu & enfeigner,. vertu: & ce font les Pfeaumes, que no chantons encore tous les jours. Jerufaler qui avoit été autrefois la demeure de Me z, Reg. chifedec, fur auffi celle de David. Il y b tit un Palais fur la montagne de Sion, a il fit apporter l'Arche d'alliance. Il voulo bâtir un Temple magnifique, pour là pla cer, & faire les facrifices. Car depuis qu le peuple étoit entré dans la terre promife il n'y avoit point encore de lieu fixe, pou le fervice divin. Mais Dieu déclara à Da vid, que cet honneur de bâtir le Temple étoit refervé à fon fils; & luy promit en même tems, que fa pofterité regneroit éternellement fur le peuple fidele. C'eft donc un renouvellement d'alliance, que P131. Dieu fit avec ce faint Roy. Car il promit auffi de donner un repos éternel à fon peu ple, & de prendre Jerufalem pour fa de

meure;

meure; c'eft-à-dire pour le lieu où il voulot que fon nom füt honoré, & fa prelence au milieu de fon peuple particulierement reconnue. Ainfi cette fainte cité del'image de l'Eglife qui eft l'aflemblée fideles, & du Ciel, qui eft lé léjour des bien heureux. Dieu découvrit en même tems à David de plus hauts myfteres. luy revela que le Sauveur des hommes P.71 feroit de fa race: qu'il feroit Roy: qu'il regeroit, non feulement fur la maifon d'Ifraël, mais encore fur toutes les nations de la terre: & que fon regne n'auroit point de fin. Qu'il feroit Pontife, non fe- Pf. 109. lon l'ordre d'Aaron, mais felon l'ordre de Melchifedec, plus ancien que la loy écrite: qu'il feroit fils de Dieu, & Dieuluymême. Tout cela fut revelé à David. Pf. 11. Mais il lui fut auffi revelé, que le Sauveur 7.44. 8. avant que d'arriver à la gloire, fouffriroit de grandes afflictions: dont celles de Da P/.21. n'étoient qu'une legere peinture. Dé- 68. puis ce tems les Ifraëlites nommerent le Sauveur, qu'ils attendoient, Meffie, on Chrift: c'eft-à-dire oint, ou facré avec Thuile fainte, dont on avoit accoûtumé de farer les Rois & les Sacrificateurs. Ils l'ap pelloient auffi le fils de David.

L

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