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Gen.

même qui le détourna de Dieu, le l vra au defir des plaifir fenfibles & à toutes les autre paffions, comme la colere, l'envie, la triftefle & la crainte; & le rendit capable de faire toute forte de mal, incapable de faire aucun bien, & deftiné aprés la mort à une autre mort éternelle, c'elt à-dire aux tourmens de l'enfer.

LEÇON III.

De la corruption du genre humain, & du deluge.

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Dam n'eût des enfans qu'aprés fon pe ché, & fafemme ayant peché comme luy, leurs enfans nâquirent dans la corrup tion, fujets aux mêmes miferes, & chargez du peché, qu'ils tiroient de leurorigine. Il a paflé à tous leurs defcendans : & tous les hommes naiflent tachez de ce peché, que nous appellons originel: & qui les rend ennemis de Dieu, incapables de faire aucun bien, & dignes de l'enfer. Les premiers enfans d'Adam & d'Evefurent Cain & Abel. Caïn tua fon frere par 4. envie. Dieu luy reprocha fon crime, difant que le fang de fon frere crioit vengeance contre luy : & il fe jugea luy même digne de mort; mais Dieu défendit de le tuer, pour ne pas multiplier les

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neurtres. Les defceans de Cain furent néchans, mais Adam eût un fils, nomné Seth: dont les enfans conferverent la pieté, & la connoiffance de Dieu. Cette Gen. race s'étant mêlée avec l'autre, par des alliances criminelles, fe corrompit comme elle: tous les hommes s'écarterent du chemin de la raison, & leur malice fut fi grande, que Dieu refolut de les faire tous perir, comme s'il fe fût repenti de les avoir créez. Il n'y eût que Noé, defcendu de Seth, qui trouva la grace devant Dien. Dieu l'avertit du deflein qu'il avoit, de purger toute la terre, par un déluge univerfel & luy commanda de bâtir une arche, c'est-à dire un vaifleau carré & couvert, de la forme d'un grand coffre, capable de contenir une couple de chaque efpece de bêtes & d'oifeaux, & dequoy les nourir durant une année. Pendant que 1. Petr Noé bâtifloit l'arche, il exhortoit les 3. 20. hommes à faire penitence, & les menaçoit du déluge, qui dura plus de cent ans mais ils ne voulurent point le croire. Le tems étant venu, Dieu fit entrer Noé Gen. 7. dans l'arche, avec fa femme, fes trois fils & leurs femmes, & toutes fortes d'aniinaux terreftres & d'oiseaux ; puis il ou vrit les refervoirs du Ciel, & fit tomber une pluye épouvantable, pendant quarante jours & quarante nuits: il fit aufli déborder les abinies de la mer, en forte que A S la

la terre fut inondée, & que

l'eau furpall de vingt pieds les plus hautes montagues Tous les hommes & tous les animaux fu1. Petr. rent noyez: il n'y eût que Noć & fa famille de fauvez, c'est-à-dire huit perfonnes feulement. L'Arche étoit une figure de l'Eglife, où le fauve un petit nombre d'é lûs, tandis que tous les autres hommes periflent dans leurs pechez.

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20.

Gen. 8.

LEÇON IV.

De la Loy de nature.

Oé fortit de l'Arche, par l'ordre de Dieu, un an aprés qu'il y fut entré: & en fortant il lui offrit un facrifice, pour le remercier de l'avoir fauvé avec tant de bonté. Dieu eût agréable le facrifice de Noé, il luy promit quil n'envoyeroit plus de deluge fur la terre, & que les faifons reprendroient leurs cours ordinaire. Illuy donna fa benediction & à fes enfans, pour les faire multiplier & leur foûmettre tous les animaux. Même il leur permit d'en tuer pour les manger, mais il défendit Gen.9. expreflément de tuer les hommes; Quiconque, dit-il, répandra le fang humain fon fang fera repandu, car l'homme eft Gen. 10. fait à l'image de Dieu. Les trois fils de Noć étoient Sem, Cham, & Japhet, qui

6.

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epeuplerent le monde. Ainfi tous les homnes font freres, & obligez de s'aimer. Mais la nature devint beaucoup plus foible lepuis le déluge. Au lieu que les hommes vivoient prés de mille ans, leur âge fe reluifont petit à petit à cent ou deux cens us? & ils devinrent encore plus méchans ue devant. Il falut partager les biens & es terres, parce qu'ils ne pouvoient s'acorder à en jouir ensemble: de là vinrent es pillages, les guerres, les fervitudes. hacun ne cherchoit qu'à fe donner du plaifir, boire, manger, & fatisfaire tous les defirs, fans regle & fans mefure: & our les contenter plus librement, mépriler l'autorité des Peres & des anciens, & même s'aflujettir fes freres & fes égaux, ou par force, ou par artifice. Au lieu d'honorer le vray Dieu, als adoroient des creatures, foit les hommes les plus puiflans, foit les aftres, ou d'autres chofes vifibles. Ainfi

commença l'idolâtrie. En tout cela ils faifoient contre leur confcience, & contre la lumiere de la raifon : qui dit à tous les hommes, qu'ils ne doivent rien adorer, qui leur foit égal ou moindre qu'eux, mais feulement leur Createur : qu'ils doivent honorer leurs Peres & leurs Meres; qu'ils doivent garder l'inftitution du mariage; ue le point nuire les uns aux autres, ny en leur perfonne, ny en leurs ny en leur reputation: dire toûjours

biens,

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jours la verité, & moderer leurs defits, La raifon dicte tout cela aux hommes qui la veulent écouter: & c'eft ce qui s'ap pelle la Loy de nature. Il y eût toûjours des Saints qui l'obferverent, comme Job Melchifedech, & quelques autres, mar quez dans l'Ecriture; fans ceux que nous ne connillons pas. Job étoit un Prince fort riche & fort vertueux: Dieu permit que le demon luy ôtât tous fes biens, fes enfans, fa fanté, & le reduisit à la derniere mifere, pour donner un grand exemple de patience.

LEÇON V.

Du Patriarche Abraham.

Cjours de plus en plus la vaaye Reli

Omme le monde fe corrompit toû

gion, c'eft-à-dire, la connoiflance de Dieu & l'obfervation de la Loy de nature, ne reftoit plus qu'en quelque peu de faints perfonages, principalement de la pofterité Fof. 24. de Sem, & de la branche d'Heber. Mais l'idolâtrie gagnoit même, cette famille: quand Dieu y choisit un homme, avec qui il fit un alliance particuliere, afin de s'en fervir, pour conferver fur la terre la connoiffance de la verité & la pratique de la vertu. Ce fut Abraham, Dieu luy comman

Gen. 12.

da

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