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LIVRE

DE

LA LAMPE DES TÉNÈBRES

ET DE

L'EXPOSITION (LUMINEUSE) DU SERVICE (DE L'ÉGLISE)

par Abû'l-Barakât connu sous le nom d'Ibn Kabar
TEXTE ARABE ÉDITÉ ET TRADUIT

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Nihil obstat, die 5° augusti 1928.

R. GRAFFIN.

PERMIS D'IMPRIMER.

Paris, le 7 août 1928.

G. COURT, v. g.

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L'auteur de la Lampe des Ténèbres est, d'après les premières lignes de la préface, le « prêtre Šams ar-Ri'âsah Abû'l-Barakât, connu sous le nom d'Ibn KBR ». En l'absence d'une vocalisation constante dans les manuscrits pour ce dernier groupe trilitère, on a proposé de le lire Kubr, ce qui donnerait au surnom le sens très acceptable de « fils de grandeur », fils de grandeur », avec d'excellentes analogies dans l'onomastique arabe, telles que Ibn Rušd, Ibn Zuhr, Ibn Šukr, etc. Toutefois, de nouvelles informations nous déterminent à reprendre la forme Kabar, entendue par Vansleb en Égypte et qui est demeurée traditionnelle parmi les Coptes. D'une part, cette vocalisation est attestée par un document contemporain de notre auteur, le manuscrit Borgia copte 112 qui a été copié pour lui-même en l'année 1024 des Martyrs (1307 A. D.). D'autre part, l'expression Ibn Kabar a un sens que les dictionnaires arabes ne nous avaient pas révélé et que nous a fait connaître M. Habib Zayyât : Kabar est une prononciation vulgaire de Kibar « grand âge, âge avancé »; le surnom Ibn Kabar signifie que quelqu'un est né d'un père âgé, il nous procure sur la naissance d'Abû'l-Barakât une donnée intéressante.

Les renseignements que nous possédons sur la personnalité et la vie d'Abû'lBarakat Ibn Kabar proviennent, soit des manuscrits de ses ouvrages, soit d'indications contenues dans des notices biographiques, d'origine musulmane, concernant l'émir historien Rukn ad-Din Baybars al-Mansûrî al-Khițâ'î, dont il fut le collaborateur. Fils d'un homme considéré, prêtre, peut-être médecin, Abû'l-Barakåt fut le secrétaire dudit Baybars. Sa mort eut lieu entre 1320 et 1327.

L'œuvre littéraire d'Abû 'l-Barakât, dont la Lampe des Ténèbres, encyclopédie de la science ecclésiastique dans l'église copte, est le morceau principal, est donc à placer dans le premier quart du xiv° siècle; elle comprend, en plus d'une collaboration, impossible à préciser, à la chronique du dawâdâr Baybars

1. E. TISSERANT, L. VILLECOURT, G. WIET, Recherches sur la personnalité et la vie d'Abu'l-Barakat Ibn Kubr, dans Revue de l'Orient Chrétien, XXII (1921-22), pp. 373394. Aux diverses manières de lire le mot KBR signalées dans cet article on peut ajouter celles de L. Cheikho: Kabur dans Masriq, XX (1922), p. 280 et Cobar à l'index de l'année XIX (1921).

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intitulée zubdat al-fikrah fi ta'rikh al-hidjrah', un dictionnaire copte-arabe, publié par Athanase Kircher sous le nom de Scala magna, deux traités dogmatico-polémiques encore inédits, intitulés respectivement Ja! Y Je«l'illumination des intelligences ou science des fondements » et << réponse aux musulmans et aux juifs sur le sens des croyances chrétiennes en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, ainsi qu'en la divinité de Jésus, Fils de Marie », un court traité sur le libre arbitre, enfin des homélies pour les jours de fête".

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Nous connaissons l'existence de cinq manuscrits complets de la Lampe : Borgia arabe 116; Paris arabe 203; Upsal vet. 12 (cat. 486); Vatican arabe 106; Vatican arabe 623.

Deux autres manuscrits en contiennent une partie notable :
Berlin Diez A qu 111 (cat. 10184), les 8 premiers chapitres;

Beyrouth Univers. S.-Joseph, 129, les 10 premiers chapitres.

Enfin trois autres manuscrits ne contiennent que de courts fragments: Paris arabe 242, pp. 16-21, qui contient la préface jusqu'à la table des chapitres exclue dans un texte très voisin de celui du ms. d'Upsal.

Cambridge, Add. 32807, p. 171, qui contient le passage sur l'hérésie des Sabbatéens, infra, pp. 682 sq.;

Vatican arabe 57, ff. 127-130 monition aux diacres qui vont être ordonnés prêtres".

1. BROCKELMANN, Geschichte der arabischen Literatur, II, p. 44.

2. Lingua aegyptiaca restituta, Rome, 1643, pp. 41-272.

3. Mss. Vat. arab. 105, ff. 5-66; 118, ff. 1-79; 119, ff. 1-58 et Beyrouth, Université S.-Joseph, 130, copié sur le manuscrit 119 du Vatican, pour le premier; 105, ff. 66-116 et 119, ff. 59-109, pour le second.

4. Vat. arab. 119, ff, 109-126.

5. Un recueil de ces homélies a été imprimé au Caire par les soins du patriarcat copte, cf. L. CHEIKHO, dans al-Masriq, XX (1922), p. 281. Il s'agit peut-être seulement des homélies d'Ibn Kabar, que l'on trouve dans le

Le Caire, 1914. L'homelie pour le الجوهرة النفيسة فى خطب الكنيسة recueil intitule

,

jeudi saint a été publiée également par L. CHEIKHO, al-Masriq, XIX (1921), pp. 241-245. 6. De SLANE, Catalogue des manuscrits arabes (de la Bibliothèque Nationale), Paris, 1883-1895, p. 63. Cf. GALTIER, Contribution à l'étude de la littérature arabe-copte, dans Bulletin de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, IV (1905), p. 196, extr., p. 92. 7. W. WRIGHT, A Catalogue of the syriac manuscripts preserved in the library of the University of Cambridge, vol. II, Cambridge, 1901, p. 848 sq. Ce manuscrit en écriture karšuni a été copié en 1607 au monastère de N.-D. des Syriens dans le désert de Scété.

8. A. MAI, Scriptorum veterum nova collectio, t. IV, Rome, 1831, 2° partie, p. 89. Ce manuscrit n'est pas mentionné au mot « Abulbarkatus » dans l'index alphabétique, p. 679.

1. Borgia arabe 116, olim K. III. 18 (mm. 272 × 207), ff. 393. Ce manuscrit a été copié par Raphaël Tûhi sur le Vat. arab. 623; il est mal écrit et en très mauvais état par suite de l'action corrosive de l'encre sur le papier.

2. Paris arabe 203', ancien fonds 84 (cm. 27 × 18), ff. 296. Ce manuscrit (P), acheté en Égypte par Vansleb, était, à ce que lui avaient dit ses interlocuteurs, l'unique manuscrit de la Lampe que l'on connût en Égypte; déclaration de vendeur dont on sait qu'il ne faut tenir aucun compte. Privé de ses derniers feuillets, le manuscrit ne contient aucune note de copiste et se présente, de ce chef, comme un manuscrit non daté. Le temps où il fut écrit n'est cependant pas douteux, grâce à la liste des patriarches, conclut le chap. XXIV: poussée de première main2 jusqu'au nom de Jean de Damas, intronisé en 1363, elle démontre que le manuscrit de Paris fut terminé sous son pontificat, entre 1363 et 1369. L'examen paléographique confirme d'ailleurs pleinement cette déduction.

qui

Deux notes ont été écrites en arabe par des lecteurs tandis que le manuscrit se trouvait en Égypte, l'une non datée au f. 139', dans une page laissée presque entièrement blanche par le scribe à la fin du chap. Ix, l'autre au f. 274, datée du 5 janvier 1456. Une autre note, également en arabe, a été écrite, puis barrée d'un trait en diagonale, peu après l'arrivée du manuscrit en Europe; elle se trouve au f. 1, immédiatement au-dessous du titre:

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الكتاب المبارك بطرس بن ذئاب الحلبى ترجمام (sic) السلطان (sic) فرنساء ومعلم لسان النحوى في مدرسة (sic) السلطانية سنة ٦٦٩) مسيحية رحمة الله عليه وعلى اهله وعلى قارى

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um ball b (sic) 13 « A examiné ce livre béni Pierre ibn Di'ab' l'Alépin, interprète de l'Empereur de France, professeur de langue (arabe) littérale à l'École Royale, l'an de l'ère chrétienne 1669. Que la miséricorde de Dieu soit sur lui et sur sa famille et sur le lecteur de cet écrit. Amen. »

A ces notes arabes s'ajoutent de nombreuses annotations de Vansleb en

1. De SLANE, op. cit., p. 50 sq.

2. La liste a été poursuivie en marge jusqu'à Matthieu IV (intronisé en 1660, m. en 1675), mais le changement d'écriture est manifeste, cf. Le catalogue patriarcal d'Abou'lBarakat ibn Koubr, [traduit et annoté] par E. TISSERANT et G. WIET dans J. MASPERO, Histoire des Patriarches d'Alexandrie..., Paris, 1923, pp. 359-381.

3. Ce Syrien, connu sous le nom de Pierre Dippy ou Dépy, occupa la chaire d'arabe et de syriaque du Collège de France (alors Collège Royal) de 1669 à 1709, entre Pierre Valtier et Pétis de la Croix; cf. RISTELHUEBER, Les traditions françaises au Liban, Paris, 1918, p. 110; FERRAND, Le tuḥfat al-albáb, Journ. asiatique, 1925, II, p. 3, n. 1. LEFRANC, Histoire du Collège de France, Paris, 1893, p. 384, indique pour Dippy les années 1670-1709.

4. Le mot sulțân est le titre des souverains de Turquie, que l'on a coutume de traduire par << empereur » dans les documents diplomatiques; c'est ce dernier titre que les rois de France prenaient dans les capitulations. De même l'École Royale est qualifiée d'École « sultanienne ».

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