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ciens dépôts ne minera pas sourdement les maisons de refuge actuelles? Quelle garantie avons-nous que le produit d'un travail mécanique deviendra une ressource permanente, qui suffirait lors même que la bienfaisance publique prendrait un autre cours?

On ne peut se le dissimuler, messieurs, tout établissement qui ne se suffit pas à lui-même, lorsque les premiers frais ont été faits, porte dans son sein un germe de ruine : or, il est évident qu'avec quelque intelligence qu'un travail mécanique soit distribué dans les grandes réunions de mendians, il ne suffira pas constamment à ses besoins : la concurrence extérieure, les chances des achats et des ventes, les caprices des goûts et les révolutions des modes rendront toujours cette ressource très précaire.

Ce même travail appliqué à la culture de la terre donnera-t-il un secours plus constant? Il semble que la réponse peut être affirmative, car les produits de la terre ont un emploi généralement assuré et à l'abri d'extrêmes vicissitudes, et une fois le sol payé, l'établissement chargé de sa culture se trouve dans une position meilleure que le fermier ou le métayer, qui cependant subsistent et élèvent leur famille avec une portion seulement des produits du sol.

D'ailleurs les ateliers de mendians transportés à la campagne coûtent moins, et les mœurs de ceux qui les composent s'améliorent plus facilement que dans les villes. Le travail en plein air maintient la santé, que détruit le travail d'atelier; la variété des occupations développe l'intelligence, et l'aspect de la nature, les scènes qui se succèdent agissent nécessairement avec plus d'efficacité sur le cœur que la monotonie d'un travail de filage ou de tissage et les murs enfumés d'un atelier.

Ainsi, l'établissement des maisons de répression de la mendicité est préférable aux champs qu'à la ville, et on peut espérer que, placées dans les campagne, elles trouveront dans l'application des bras à la culture des terres un moyen d'existence permanent.

A l'appui du raisonnement vient se placer l'exemple des colonies agricoles des Pays-Bas, qui prospèrent depuis douze ans, et qui s'étendent chaque jour.

Ainsi il n'y a, dans mon opinion, aucun doute sur la convenance de conseiller au ministre d'adopter la proposition de M. le vicomte de Villeneuve et de décider qu'il sera immédiatement fait un certain nombre d'essais de colonies agricoles de répression de la mendicité.

Ce principe adopté, il faut s'occuper des moyens de le féconder et de parvenir à son application.

M. de Villeneuve me semble présenter deux moyens parfaitement convenables d'abord, la création d'un conseil supérieur de bienfaisance, qui, sous l'autorité du ministre, devienne le patron des pauvres du royaume, et offre constamment au gouvernement des lumières sur l'étendue des besoins et sur le meilleur emploi des secours.

En second lieu, un appel à la bienfaisance pour la formation d'une so

peut-être pourrait-on craindre que le travail qui résulterait de cette charge imposée aux administrations ne les décourageât, et que des devoirs devenus trop nombreux ne fussent négligés.

Mais j'applaudirai sans restriction, et, je pense, sans trouver ici de contradicteurs, à la proposition d'établir dans chaque commune une école publique; cependant je dois faire observer que ce vœu d'un homme de bien et d'un administrateur éclairé n'est pas de ceux qui se réalisent subitement, et le défaut de revenus communaux, l'indifférence des pères de famille et beaucoup d'autres causes reculeront nécessairement le moment de la génération de l'enseignement; mais c'est encore un but auquel tous les efforts doivent tendre, et M. de Villeneuve prouve évidemment que l'instruction du peuple se lie intimement au soulagement de l'indigence, et qu'il est un puissant moyen de prévenir la mendicité.

Les mesures à prendre pour obtenir des manufacturiers, en faveur de leurs ouvriers, des soins hygiéniques, pour leur imposer le devoir de veiller à la conservation de leurs mœurs et à leur instruction, sont, ainsi que la proposition d'interdire les cabarets aux indigens, sous peine d'être privés des secours publics, des moyens qu'en théorie on ne peut que louer; mais leur mise en pratique est-elle possible? Ne faudrait-il pas donner une sanction à ces prescriptions, et établir des pénalités; et comment appliquer ces peines sans pénétrer dans l'intérieur des manufactures, et sans soumettre la conduite des fabricans à une sorte d'inquisition? Comment refuser des secours à des femmes, à des enfans mourant de besoin, parce que leur père aura été dépenser au cabaret l'argent qui était destiné à leur subsistance? Ne semble-t-il pas que c'est seulement à améliorer les mœurs qu'il faut s'attacher, et que c'est des sentimens humains des chefs de manufactures, excités par l'estime publique, par leur intérêt, qu'il faut attendre le soulagement de la classe si intéressante des ouvriers?

Je termine enfin ici, messieurs, ce rapport si étendu, et pendant lequel je n'ai eu d'espoir en votre patience qu'à cause de l'importance extrême du sujet. Heureux du moins si la faiblesse du talent de votre rapporteur ne nuit pas, dans votre esprit, au travail le plus important, peutêtre, qui ait été soumis depuis votre réorganisation!

pendant six mois, d'un soleil ardent, recouvre le plus souvent une couche imperméable de roche calcaire : dès lors il y a humidité alternativement et sécheresse extrême. Déjà de nombreux essais ont été tentés sans succès, entre autres dans le grand établissement de Nevers près de la Testc. Partout on n'a presque obtenu d'améliorations que par les semis de pins maritimes; mais ce mode d'emploi des terrains est le moins propre à occuper beaucoup de bras et à procurer une abondante nourriture, et par conséquent à favoriser une colonisation.

D'un autre côté, un des mémoires mis par M. de Villeneuve, à la suite de son travail, montre la difficulté d'établir des colonies dans les landes de Bretagne, qui, loin d'être improductives, entrent comme portion nécessaire dans la composition d'une ferme complète, mais qui, considérées isolément, sont peu aptes à la production de substances alimentaires.

Enfin l'agglomération de la population dans le royaume des Pays-Bas, le rapprochement des villes considérables, les facilités que présente partout un réseau de canaux et de routes assurent des débouchés avantageux aux produits des colonies agricoles; tandis que dans les parties du royaume où les nôtres pourraient être établies, les moyens de communication manquent totalement; et il semble qu'il faudrait qu'au moment même où les colonics seraient fondées, le gouvernement s'occupât de la création de voies publiques.

Mais quels que soient les obstacles que l'on rencontre dans la nature des lieux, dans la résistance obstinée des communes, propriétaires jalouses de la plus grande partie des landes, dans les prétentions des autres possesseurs, tout indique, comme le dit M. le vicomte de Villeneuve, « qu'il « y a quelque chose à faire. Poursuivons cette recherche avec persévérance, « continue-t-il; que le signal sc donne, que le mouvement s'imprime, et « sans doute la France ne s'arrêtera pas dans une carrière qui appelle tous « les sentimens nobles et généreux, toutes les méditations des hommes « éclairés et philantropes, et le concours de tout ce qui est véritablement « humain et religieux. »

Je parlerai succinctement des mesures parallèles à la mesure principale que propose l'auteur des Mémoires, parce qu'elles n'entrent pas dans le cercle des attributions du conseil supérieur.

M. de Villeneuve voudrait une révision de la législation relative à la répression de la mendicité: il est en effet bien désirable que ces questions, fort controversées, et qui trouvent devant les tribunaux des solutions diverses, soient enfin traitées à fond, et que, s'il est nécessaire, une loi nouvelle interprète la législation et amène une jurisprudence uniforme.

Il invoque aussi une loi qui donne aux établissemens charitables la tutelle des enfans dont les pères reçoivent des secours de la bienfaisance publique. Mais avant de dépouiller ainsi la paternité d'un droit qu'elle tient de la nature, il serait nécessaire d'examiner bien attentivement les avantages de la substitution de cette tutelle officieuse à la tutelle naturelle;

peut-être pourrait-on craindre que le travail qui résulterait de cette charge imposée aux administrations ne les décourageât, et que des devoirs devenus trop nombreux ne fussent négligés.

Mais j'applaudirai sans restriction, et, je pense, sans trouver ici de contradicteurs, à la proposition d'établir dans chaque commune une école publique; cependant je dois faire observer que ce vœu d'un homme de bien et d'un administrateur éclairé n'est pas de ceux qui se réalisent subitement, et le défaut de revenus communaux, l'indifférence des pères de famille et beaucoup d'autres causes reculeront nécessairement le moment de la génération de l'enseignement; mais c'est encore un but auquel tous les efforts doivent tendre, et M. de Villeneuve prouve évidemment que l'instruction du peuple se lie intimement au soulagement de l'indigence, et qu'il est un puissant moyen de prévenir la mendicité.

Les mesures à prendre pour obtenir des manufacturiers, en faveur de leurs ouvriers, des soins hygiéniques, pour leur imposer le devoir de veiller à la conservation de leurs mœurs et à leur instruction, sont, ainsi que la proposition d'interdire les cabarets aux indigens, sous peine d'être privés des secours publics, des moyens qu'en théorie on ne peut que louer; mais leur mise en pratique est-elle possible? Ne faudrait-il pas donner une sanction à ces prescriptions, et établir des pénalités; et comment appliquer ces peines sans pénétrer dans l'intérieur des manufactures, et sans soumettre la conduite des fabricans à une sorte d'inquisition ? Comment refuser des secours à des femmes, à des enfans mourant de besoin, parce que leur père aura été dépenser au cabaret l'argent qui était destiné à leur subsistance? Ne semble-t-il pas que c'est seulement à améliorer les mœurs qu'il faut s'attacher, et que c'est des sentimens humains des chefs de manufactures, excités par l'estime publique, par leur intérêt, qu'il faut attendre le soulagement de la classe si intéressante des ouvriers?

Je termine enfin ici, messieurs, ce rapport si étendu, et pendant lequel je n'ai eu d'espoir en votre patience qu'à cause de l'importance extrême du sujet. Heureux du moins si la faiblesse du talent de votre rapporteur ne nuit pas, dans votre esprit, au travail le plus important, peutêtre, qui ait été soumis depuis votre réorganisation!

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DES MENDIANS

EXISTANT DANS LES DIVERS DÉPARTEMENS DE LA FRA

Gradué d'après le rapport du nombre des Mendians à la popula

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