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ÉCONOMIE POLITIQUE CHRÉTIENNE.

gion protestante et où l'industrie manufacturière et commerciale a suivi à peu près la même direction qu'en Angleterre, la proportion du nombre des pauvres, avec celle de la population générale, est dans le rapport de 1 à 7. Sur 6,143,000 habitans, on trouve 877,000 indigens (1). La population se divise, par l'agriculture et l'industrie, dans le rapport de 2 à 3, c'est-à-dire qu'elle se compose de 2,431,000 propriétaires et agriculteurs et de 3,693,000 individus attachés aux manufactures et au commerce extérieur.

go Le Portugal, état catholique, essentiellement agricole, présente 141,000 pauvres sur une population de 3,330,000 habitans; c'est 125 de la population générale divisée, sous le rapport agricole et industriel, dans la proportion de 3 à 1. On y compte 2,941,665 propriétaires ou cultivateurs et 588,555 manufacturiers.

10o La Prusse, monarchie protestante, mais spécialement agricole, renferme 12,778,000 habitans et 425,955 pauvres, c'est-à-dire 150 de la population (2). Le rapport des classes agricoles aux industrielles est: 5: 1. Il y a par conséquent 10,648,915 propriétaires et agriculteurs et 2,129,035 manufacturiers.

11o La Russie d'Europe, qui suit en majorité la religion schismatique grecque et dont l'industrie est principalement agricole et nationale, possède 52,500,000 habitans. Nous évaluons à 1100 le nombre de ses pauvres, ce qui le porterait à 325,000. La population générale se partage, sous le rapport agricole et industriel, dans la proportion de 14 à 1. Il y aurait ainsi 48,850,000 propriétaires ou agri

(1) On comptait naguère plus de 80,000 pauvres à Amsterdam, sur une population de 217,000 individus. (Coup d'œil sur les pauvres d'Allemagne, par M. Friedlander; Paris, 1822. Extrait de la Bibliographie méthodique des ouvrages publiés en Allemagne sur les pauvres. )

(2) Berlin, sur une population de 188,000 âmes, ne compte guère plusde 12,000 indigens.

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culteurs et 3,750,000 ouvriers manufacturiers. Il faut remarquer que, dans ce vaste empire, plus de 46,000,000 habitans sont encore en état de servage, et qu'une grande étendue du territoire n'est pas peuplée.

12o La Suède est dans la même situation religieuse, agricole et industrielle que le Danemarck. Sur 3,866,000 habitans, on compte 1/25 de pauvres, c'est-à-dire 154,600 indigens. Le rapport de la population agricole à la population industrielle est : 4: 1; savoir: 5,092,800 propriétaires ou agriculteurs et 773,300 manufacturiers.

15o La Suisse, composée de cantons catholiques et protestans (où, depuis plusieurs années, l'industrie manufacturière prédomine sur l'agriculture dans quelques cantons, et où la population industrielle est fort agglomérée), renferme 171,000 indigens sur une population totale de 1,714,000 individus. Le rapport est de 1 à 10 (1). Celui existant entre la population agricole et la classe manufacturière est 2: 1. On y trouve 1,442,666 propriétaires ou agriculteurs et 571,554 industriels.

14o Enfin, dans la Turquie d'Europe, livrée à l'islamisme et à l'absolutisme, mais où d'anciennes traditions arabes et chrétiennes de charité et d'hospitalité se sont conservées, et où l'agriculture et l'industrie appliquées aux produits du sol prédominent exclusivement, on n'évalue guère le nombre des indigens qu'à environ 140 de la population. Ce seraient 142, 500 pauvres sur 9,500,000 habitans, et la plupart appartiendraient aux nations franques ou étrangères. Le rapport des classes agricoles aux classes industrielles est de 7 à 1. On y compte 8,312,500 propriétaires ou cultivateurs et 1,187,500 manufacturiers.

(1) Ce rapport est de 1 à 4 dans le canton de Glaris.

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(1) M. Balbi, géographe et statisticien très estimé, a donné, sur la proportion du nombre pauvres à la population, dans plusieurs états de l'Europe, des indications qui diffèrent es

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ANALYSE DES CAUSES D'AUGMENTATION

OU DE DIMINUTION

DU NOMBRE DES INDIGENS.

Philosophie matérialiste. — Economie politique fondée sur l'excitation des besoins. Altération du principe de charité. Indifférence du clergé à l'égard des pauvres.-Taxe des pauvres. Oppression de l'Irlande. Agglomération de la population dans les villes manufacturières. · Concentration des capitaux et des propriétés.-Emploi des machines dans les travaux de l'industrie et des manufactures.-Système de grande culture. - Extension indéfinie de la production industrielle.-Besoins imposés par le climat. Prédomination de l'agriculture. Industrie exercée de préférence sur les produits nationaux. Influence de la philosophie spiritualiste.

Influence du catholicisme, de l'éducation religieuse, de l'agriculture et de l'industrie nationale.

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Prédomination de l'agriculture et de l'industrie nationale. Influence du catholicisme et du principe de charité religieusement observé. Secours abondans distribués par les établissemens religieux. — Influence de l'agriculture et de l'industrie qui en dérive. - Influence d'un climat qui impose peu de besoins.— La plupart des pauvres sont des mendians."

Une portion de la France est atteinte de paupérisme, et c'est celle où les doctrines économiques et industrielles de l'Angleterre ont prévalu. Les provinces méridionales, plus essentiellement agricoles et où les besoins de la vie sont peu nombreux, offrent un petit nombre d'indigens.

Influence du catholicisme, de l'agriculture, de l'industrie nationale et du climat.

Excès de population manufacturière. On a eu recours à l'agriculture pour y remédier.

Le Portugal se trouve dans la même situation que l'Espagne, et cependant on lui attribue un nombre de pauvres proportionnellement plus considérable. Le peu de progrès de l'agriculture, qui forme la base de la richesse nationale et la domination anglaise, expliquent cette différence.

Influence d'une agriculture puissamment encouragée, de l'abondance des produits territoriaux et de l'industrie qui s'exerce sur ces produits,

Influence d'un vaste territoire, d'une population en progrès et de l'industrie agricole. On doit avoir égard, également, à l'état de servage de la majeure partie des sujets de ce grand empire, condition qui oblige les seigneurs à l'entretien des classes pauvres. (Voir la note aux pièces justificatives A.)

Influence de l'agriculture et d'une industrie nationale.

Influence d'une trop grande extension donnée à l'industrie manufacturière et d'une population exubérante.

Influence de l'agriculture, d'une industrie nationale et d'un vaste territoire faiblement peuplé; foi vive dans une religion qui fait un devoir rigoureux de la charité.

1 sur 27; dans la Grande-Bretagne, I

et, enfin

sur 13; en Hollande, 1 sur 10; en Belgique,

Ja da samane renocent ses asser

Nous n'avons pas besoin d'avertir de nouveau que le tableau précédent repose sur des bases approximatives et par conséquent plus ou moins conjecturales. Pour le former, nous nous sommes servis, comme de termes de comparaison, des notions que nous offraient la France, l'Angleterre et les Pays-Bas. Nous avons eu égard à la population, à la nature du sol et des produits, au principe d'industrie prédominant, aux grandes agglomérations d'ouvriers, à l'influence des religions, des climats, des mœurs et des usages. Nous avons enfin procédé du connu à l'inconnu par l'analogie. Le résultat de ces diverses opérations a constamment justifié les principes que nous avons émis sur les causes génératrices du paupérisme.

Partout, en effet, on voit le nombre des pauvres s'accroître en raison de la multiplication et de l'agglomération de la population ouvrière, de la prédomination de l'industrie manufacturière sur l'industrie agricole, de l'application des doctrines anglaises de civilisation et d'économie politique, et de l'abandon du principe charitable et religieux (1).

(1) Les mêmes causes agissent déjà, ainsi que nous l'avons fait remarquer ailleurs, dans les Etats-Unis d'Amérique, pays encore naissant, en quelque sorte, et où la population est encore loin d'avoir dépassé ses limites naturelles. Mais les théories industrielles de l'Angleterre, admises dès longtemps dans ces contrées, ne pouvaient tarder d'y porter leurs fruits amers.

« On ne peut se faire une juste idée, dit le Bostor advertiser, de la rapidité avec laquelle le paupérisme nous envahit, qu'en portant nos regards sur le passé. Alors on a la mesure des progrès immenses que fait chaque jour ce fléau; alors on reconnaît l'inefficacité de toutes les mesures adoptées jusqu'ici, pour l'arrêter dans sa marche. A Massachussets, le nombre des pauvres était, en 1821, de 1/34 sur 100 habitans. Onze ans après, en 1832, ce chiffre avait presque doublé, et s'élevait à 2/55 sur 100 habitans. A Boston, le nombre des pauvres était, en 1819, de 395; en 1821, il atteignit le chiffre de 400; en 1822 et 1823, il augmenta encore; et aujourd'hui, le nombre des pauvres que renferme cette ville, dépasse 800. A New-Yorck, la taxe des pauvres a triplé à peu près, de 1815 à 1831. Dans l'état de Newhampshire, on ne comptait qu'un pauvre sur 300 habitans, en 1800; aujourd'hui, on compte 1 pauvre sur 100 ha

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