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Cette maxime si simple, a été comprise d'une manière très différente par M. de Rougé qui, après avoir rattaché la première moitié de la troisième à la seconde, a uni la seconde partie de la troisième à la quatrième pour ne former qu'un seul précepte qu'il traduit ainsi : « Si tu arrives à lui faire des réprimandes, quand l'heure est passée, il recherche ton accueil. » Il est évident que M. de Rouge, outre qu'il n'a pas séparé les phrases, comme je l'ai fait après M. Chabas, a lu autrement que je ne l'ai fait. La seule différence provient du dernier signe que M. de Rouge a lu simplement, tandis que M. Chabas a lu : le signe est en effet extraordinaire; car, à la forme habituelle en hiératique de la coupe, est joint un autre signe que le scribe avait oublié et qui peut parfaitement se transcrire. En outre la traduction de M. de Rouge

suppose un suffixe qui n'existe pas après le verbe

A: de plus le pronome e est le sujet de ce verbe qui est employé ici à l'état construit et fait introduire son régime sans préposition comme je l'ai démontré ailleurs '.

M. Brugsch n'a pas traduit cette maxime.

M. Chabas a donné la traduction à laquelle je me suis arrêté, parce que je la crois certaine pour d'autres raisons que celles de cet illustre égyptologue. Cette maxime veut simplement dire que, si l'on manque une bonne occasion, il faut se hâter d'en saisir une autre.

1. Cf. Lettre à M. Maspero sur la vocalisation, etc., dans le Recueil de monuments relatifs à l'arch. et à la phil. ég. et assy., tome xII.

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Comme cela exalte ses esprits, que soient le chant, le prosternement, l'encens en ses œuvres, que l'adoration soit dans ses affaires; qui fait cela, le Dieu magnifiera son nom'.

J'ai coupé la phrase ainsi et je rattache les mots suivants à la maxime qui suit, quoique mes devanciers aient agi autrement. Cette maxime est d'une traduction difficile et je m'écarte notablement des sens déjà proposés. Voici comment M. de Rougé l'a traduite : « Les esprits s'élevant, il devient pieux et prodigue l'encens dans ses offrandes. Celui qui loue Dieu pour les biens qu'il lui a donnés aura son nom élevé au dessus des hommes de plaisir. » Je ne puis accepter cette traduction, pas plus que ne l'avait fait M. Chabas; car elle ne tient pas compte des pronoms, ni de certains déterminatifs, comme dans qui est rendu par prodigues, et la fin suppose tout un système de pronoms qui n'existe pas. M. Brugsch n'a traduit que la dernière partie de cette

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1. Mot à mot. Etant cela exaltant ses âmes, que soient chant, prosternement, encens dans ses œuvres, que soit prise adoration dans ses affaires qui fait cela, le Dieu à magnifier son nom.

maxime; voici ce que l'honorable égyptologue y voit: «Les grains d'encens tombent hors de leurs capsules et distribuent leur parfum d'après leurs espèces. » La phrase est coupée arbitrairement et pour expliquer les mots ainsi qu'on l'a fait, il faut supposer d'autres déterminatifs que ceux que nous offre le papyrus. En plus, comment lier la phrase finale à ce qui précède, si l'on doit traduire ainsi? Aussi M. Brugsch s'estil bien gardé de le faire : il a isolé les mots précédents de ce qui précède et de ce qui suit, ce qui est d'une méthode assez facile, mais peu rigoureuse.

M. Chabas a traduit : « Etant qui élève ses esprits, il y a louange, prostration, encensement dans ses œuvres, réception d'adoration dans ses affaires : qui agit ainsi Dieu magnifiera son nom au-dessus de l'homme sensuel. » Cette traduction serre le texte de très près, et il n'y a guère que le commencement que je regarde comme inexact, avec la fin que j'ai réunie à la maxime suivante. Je dois cependant faire observer

que M. Chabas semble avoir fait du moty

un

nom, tandis que j'y vois un verbe en parallélisme avec le verbe du membre de phrase précédent comparerai l'expression toute entière de

$14; je 14

à l'expression copte en mor, action de grâces, mot à mot: prendre grâces (pour les donner à quelqu'un qui les mérite).

La principale différence existant entre le commencement de ma traduction et celle de M. Chabas provient du sens attribué au pronom. M. Chabas sembleraiten faire un pronom de la troisième personne du singulier: or, le pronom

est le pronom de la troisième personne du féminin singulier, ou de la troisième personne du pluriel; mais, le commentaire qu'il a joint à sa traduction montre clairement qu'il n'a pas considéré les signes comme formant un pronom, mais

comme étant partie intégrante d'un mot qu'il lit

Δ

et pour justifier la présence de ces deux lettres

impulsives devant la même racine verbale, il cite comme 元 A qu'il rapproche du copte cagor,

exemple le mot

age et qu'il traduit par arrêter, fasciner, repousser par des

moyens magiques '. Je ne prendrai pas la peine de faire observer que si le mot

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瓜 A doit être rapproché d'un

mot copte avec le sens que lui attribue M. Chabas, ce ne

peut-être caqor qui signifie maudire, ni crge qui signifie être

fou, mais cage qui veut dire écarter; mais je ne crois pas que le mot

呱 a soit un factitif de

plutôt de la racine

,

mais bien

Teg, qui veut dire bou

leverser. Ainsi le seul exemple apporté par M. Chabas n'é

tant pas applicable, la théorie d'un mot

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tombe, et nous restons en présence du mot ordinaire 4

LADYA

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eut un

et du pronom .En outre pour traduire par : étant qui élève ses esprits, il faudrait que le mot troisième personnage humain comme déterminatif, s'il n'avait pas la terminaison, à savoir l'homme ordinaire. Or ce déterminatif est absent. Je sais bien qu'il est assez facile d'oublier ce signe, surtout quand deux autres signes de même. ordre précèdent; mais, dans le cas présent, outre que les deux signes précédents ne se font pas en hiératique de la même manière que l'homme ordinaire, je crois avec conviction qu'il ne faut recourir au moyen facile de voir une faute dans un passage que l'on ne peut expliquer qu'en dernière alternative et qu'ici un examen plus serré du texte permet de le comprendre. Je ferai donc des signes le pronom de la troisième personne du féminin singulier, et, comme il est

1. CHABAS, L'Egyptologie, p. 47.

bien connu qu'en égyptien ancien, comme en copte, le pronom de la troisième personne du féminin singulier s'emploie pour rendre le neutre, je traduirai par cela.

Le suffixe qui suit le mot que j'ai traduit par esprits semble assez vague et l'on ne sait au premier abord à quel nom le faire rapporter. Ces emplois de suffixes sont l'une des plus grandes difficultés que peuvent présenter l'intelligence et l'explication d'un texte. Ici, il n'y a aucun mot dans la phrase auquel puisse se rapporter ce suffixe, aussi bien que celui qui suit le mot et celui qui suit le mot

'; mais, s'il n'y a aucun mot exprimé, il y a le sens général qui montre que le mot homme ou individu est sous-entendu dans toute la maxime et que c'est à lui qu'il faut faire rapporter les trois suffixes. Par conséquent le sens de cette maxime se dégage clairement: Comme cela élève les esprits, à savoir ce qui va suivre, il faut que l'homme fasse entendre des chants, qu'il se prosterne, qu'il offre de l'encens dans ses œuvres, qu'il fasse adoration avec tous ses biens puis vient la conclusion: Dieu magnifiera le nom de celui qui agit de la sorte. J'expliquerai dans la maxime suivante pourquoi j'ai séparé la fin de cette maxime d'après la traduction de M. Chabas et de M. de Rougé, pour la faire entrer dans la maxime suivante.

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