TÉMOIGNAGES DE LA TRADITION. 1. S. AUGUSTIN, Serm. XXII ad fratres in eremo (1): « Les religieux et les solitaires ont un besoin tout particulier de la prière, qui nous concilie les grâces de Dieu, en attirant sur nous ses regards favorables. Le peuple juif avait adoré un veau d'or, en conséquence de quoi Dieu dit à Moïse : Laissez-moi faire, afin que le feu de mon indignation s'allume contre eux (Exod., XXXII, 10). Moïse lui dit à son tour: Que votre colère s'apaise, je vous en prie, et laissez-vous fléchir en pardonnant à l'iniquité de votre peuple (ibid., 16). Et Dieu se laissa toucher par cette prière de son serviteur. Oh! qu'il est sublime cet office de la prière! quel mystère consolant il renferme pour nous! Moïse priait sur la montagne, et Israël avait l'avantage sur Amalec. Ezéchias obtient par sa prière la guérison de son corps et de son âme. La prière fait de Saul un Paul, ce docteur des nations, cet apôtre de l'univers entier... >> Ce qui constitue la prière, ce sont moins les paroles que le sens qu'elles renferment. Jérémie en prison puise de nouvelles forces dans la prière. La prière de Daniel lui fait goûter la paix parmi les lions. Celle des trois jeunes hommes les fait tressaillir de joie au milieu des flammes. Job doit à la prière de triompher sur le fumier et au milieu du plus affreux dénuement. Le larron prie attaché en croix, et gagne sur-le-champ le paradis. Suzanne par sa prière parvient à confondre d'infames vieillards. La prière d'Etienne lui ouvre le ciel, et fait la conquête de Saul rangé parmi ceux qui le lapident. » Il n'existe pas de lieu où nous ne devions prier, parce que Dieu est partout, et que partout il daigne nous exaucer. Priez donc en tout temps et en tout lieu, pour assurer votre salut. Chacun doit prier non-seulement pour soi-même, mais encore pour tous les autres. Car, comme le dit Ambroise, mon vénérable père : « Si >> vous ne priez que pour vous, vous n'aurez à le faire qu'un simple >> profit; au lieu que si vous priez pour tout le monde, tout le >> monde priera aussi pour vous. » La prière est la colonne de toutes les vertus, l'échelle de la sainteté, l'épouse des veuves, l'alliée des anges, le fondement de la foi, la couronne des moines, la consolation des personnes engagées dans le mariage. O sainte prière! heureux celui qui vous aime; plus heureux celui qui vous (1) Les sermons dont il s'agit ici ne sont pas, au moins pour la plupart, de saint Augustin. V. NAT. ALEX., Hist. eccl., t. V, p. 112, édit. de Venise. pratique! Heureux celui qui vous épouse; plus heureux celui qui vous est fidèle! Heureux celui qui répand ses larmes dans votre sein, parce qu'il offre alors à Dieu un holocauste pur et sans tache. >> 2. S. JÉRÔME, adversùs Vigilantium, c. 3 : « Si les apôtres et les martyrs peuvent, lorsqu'ils sont encore enveloppés de chair, prier pour les autres, quoiqu'ils aient en même temps à s'occuper d'eux-mêmes, à combién plus forte raison le peuvent-ils après les couronnes, les victoires et les triomphes? Un seul homme, Moïse, obtient de Dieu pardon pour six cent mille combattants; Etienne, imitateur de son divin maître, et premier martyr de Jésus-Christ, implore le pardon pour ses persécuteurs; et lorsqu'ils seront une fois avec le Christ, ils auront moins de puissance? L'Apôtre dit que, sur le navire qu'il montait, la vie de deux cent soixante-seize personnes lui fut accordée, et lorsqu'une fois, après sa mort, il sera avec Jésus-Christ, il devra fermer la bouche, et ne pourra dire un mot pour ceux qui, dans l'univers entier, ont cru à sa prédication? Et Vigilance, ce chien vivant, şera meilleur que ce lion mort (1)? » 3. S. AUGUSTIN, Serm. I de Sanctis, qui est etiam I de S. Stephano: « J'aurais dû te perdre depuis longtemps (dit JésusChrist à Saul); mais Etienne a prié pour toi. Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Tu as beau exhaler ta rage contre moi et mes disciples; je saurai faire de toi mon serviteur. O Saul, loup ravissant, tu as dévoré ta proie; mais attends quelque peu, et tu expieras ton crime. Disons-le ouvertement le fils de perdition a été exterminé. Si saint Etienne n'avait pas prié, l'Eglise n'aurait pas aujourd'hui son Paul. Mais Paul a été conquis à l'Eglise, parce qu'Etienne a prié pour son salut et qu'il a été exaucé. Saint Etienne a été exaucé à ce point, que ses prières ont eu le mérite d'effacer le péché de Saul. Recommandons-nous donc à ses prières car il sera exaucé bien mieux encore maintenant en faveur de ceux qui se recommanderont à lui. » 4. Le même, Serm. IV de Sanctis, sive de S. Stephano : « Eux, ils lui lançaient des pierres; lui, il répondait par des prières qu'il faisait à Dieu, comme s'il eût dit : Seigneur, si vous faites périr mes ennemis, qui aurez-vous pour en faire vos amis? Enfin, mes frères, si vous voulez savoir combien a été puissante la prière (1) Cf. OEuvres choisies de saint Jérôme, etc., trad. par Collombet, tome VIII, p. 170-171. d'Etienne, jetez avec moi les yeux sur ce jeune homme qui s'appelait Saul, et qui gardait les vêtements de ceux qui lapidaient Etienne, le lapidant ainsi pour ainsi dire lui-même par les mains de tous les autres. Le fils de perdition a été exterminé, et le vase d'élection a été mis à sa place. A Saul persécuteur de l'Eglise, a été substitué Paul apôtre des gentils. Si Etienne n'avait pas prié de même, l'Eglise n'aurait pas eu de Paul. Mais Paul s'est élevé de terre, parce qu'Etienne prosterné en terre a prié pour lui. » FIN DU TOME QUATRIÈME. CONTENUES DANS LE QUATRIÈME VOLUME. DEUXIÈME PARTIE. PRINCIPES DE LA JUSTICE CHRÉTIENNE. SECTION I. Du mal qu'il s'agit d'éviter, 1–273. Article III. Des péchés d'autrui qui peuvent nous être imputés, 1-120. Saint Paul précédé en partie, et suivi en partie par ses œuvres famille, les maîtres, etc., 3: EUTHYME. - Ceux qui persuadent à d'autres de pécher sont plus coupables que ceux qui ne pèchent qu'en cédant à la suggestion d'autrui, 3: S. AUGUSTIN. — Diverses manières de participer aux œuvres des ténèbres, 4-5 S. BASILE. Deux choses indispensables pour ne pas être souillé par le contact des méchants, savoir, ne leur donner ni sa participation ni son consentement-Ce n'est pas assez de ne pas participer au mal, il faut de plus exercer la correction, 5-6 : S. Au- Question II. Combien compte-t-on de ces péchés dits d'autrui, 6. Question III. Quand est-ce qu'on participe par conseil aux péchés d'au- Question IV. Quand est-ce qu'on participe par injonction aux péchés Question V. Quand est-ce que nous participons par consentement aux L'état de damnation où sont ceux qui pèchent se communique à ceux qui les fréquentent, 28: S. IRÉNÉE. -- Ordonner le crime, c'est y parti- Question VI. Quand est-ce qu'on participe par provocation aux péchés Question VII. Quand est-ce qu'on participe par flatterie ou adulation Les louanges qu'on donne aux gens vicieux font encourir une punition sévère Approuver le mal est plus punissable que de le commettre - -- a de pécher un nouvel aliment - Médecins qui aigrissent le mal en vou- --- - Question VIII. Quand est-ce que, par réticence de notre part, nous C'est consentir au mal, que de garder le silence quand on peut élever la voix, 54: S. BERNARD. Garder le silence avec discrétion - Silence qui serait coupable - Quiconque se charge du sacerdoce, prend les fonctions de héraut, 54-56: S. GRÉGOIRE. On peut sans malveillance déférer les coupables aux supérieurs - Les postes occupés par les mi- nistres de l'Eglise sont critiques pour leur salut-La crainte de la critique est une des causes qui ralentissent leur zèle, 56-58: S. AUGUSTIN. Devoir des pasteurs d'élever la voix pour réprimer les méchants - suffit pas de vivre saintement soi-même à celui à qui est confiée la pré- dication de l'Evangile Le prêtre est une sentinelle — Celui qui n'aura pas repris le pécheur sera livré avec lui aux flammes éternelles, 58-59 : JULIEN POMERE.-Les bons doivent quelquefois s'abstenir d'enseigner aux méchants les prescriptions de la loi Celui qui peut faire cesser le mal et qui le dissimule, devient coupable comme s'il y donnait son consen- tement La crainte ne doit pas faire négliger l'office de l'enseignement Quel serait le principe d'une telle crainte Devoir des bons prêtres quand ils voient les pauvres opprimés Les pasteurs qui restent muets porteront la peine de l'iniquité de leurs peuples n'avoir pas repris ses fils aussi sévèrement qu'il le devait - Les prêtres doivent avoir en vue le salut de ceux qu'ils reprennent-Une réprimande secrète n'est pas ce qui convient pour la répression d'un désordre public S'il est besoin d'assaisonner la correction de paroles amères, il faut que la charité règne toujours au fond du cœur, 60-62 S. Isidore. Trois motifs coupables qui font qu'on retient dans le silence les oracles de Dieu — Un maître est coupable de la perte de celui qu'il aurait pu soustraire à la mort, en l'avertissant de se relever de sa chute-On n'est pas dispensé du devoir d'enseigner, par cela seul que celui qu'on en- seigne refuse de faire ce qu'on lui dit, 62-64: S. JÉRÔME. - Lors même que le pécheur périt par sa propre faute, le supérieur n'en est pas moins jugé digne de mort pour le seul fait de son silence-Nous devenons cou- pables d'autant de meurtres spirituels, que nous laissons mourir de nos ouailles par notre indifférence et notre silence-Ce qu'il faut entendre par le sang que Dieu nous redemandera — Les choses que doit prêcher le pasteur se réduisent à deux, la foi et les œuvres - Discrétion à garder dans l'enseignement-Pourquoi l'Apôtre recommandait le zèle à Tite son disciple, et la patience à Timothée, 64-66: S. GRÉGOIRE.-La prédication |