Mémoires inédits de l'abbé Morellet ...: sur le dix-huitième siècle et sur la révolution, Volume 1

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Ladvocat, 1822
 

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Page 118 - Vincennes j'étais dans une agitation qui tenait du délire. Diderot l'aperçut : je lui en dis la cause, et je lui lus la prosopopée de Fabricius, écrite au crayon sous un chêne. Il m'exhorta de donner l'essor à mes idées, et de concourir au prix. Je le fis, et dès cet instant je fus perdu. Tout le reste de ma vie et de mes malheurs fut l'effet inévitable de cet instant d'égarement.
Page 448 - Je ne sais ce qu'il est devenu depuis, et je ne m'en informe pas, car je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive.
Page 62 - D'ALEMBERT. Février. Si j'ai lu la belle jurisprudence de l'Inquisition 1 ! Et oui, mordieu, je l'ai lue, et elle a fait sur moi la même impression que fit le corps sanglant de César sur les Romains. Les hommes ne méritent pas de vivre, puisqu'il ya encore du bois et du feu, et qu'on ne s'en sert pas pour brûler ces monstres dans leurs infâmes repaires. Mon cher frère, embrassez...
Page 193 - Vous t-tes bien sévère ; ce n'est pas là un livre qu'on puisse appeler mauvais, quoiqu'il soutienne une bien mauvaise cause, mais on ne peut la soutenir avec plus d'esprit, plus de grâce, plus d'adresse, de bonne plaisanterie, de finesse même, et de discussion dans les détails. Un tel livre, écrit avec cette élégance, cette légèreté de ton, cette propriété et cette originalité d'expression, et par un étranger, est un phénomène peut-être unique. L'ouvrage est très...
Page 270 - Franklin, mon ancienne amie Américaine. Je l'ai réclamée, mais elle me disait froidement : « J'ai été votre bonne femme quarante-neuf années et quatre mois , presque un demi-siècle , soyez content de cela. J'ai formé ici une nouvelle connexion qui durera à l'éternité...
Page 120 - Moraliste profond, apôtre de la liberté et de l'égalité, il a été le précurseur qui a appelé la nation dans les routes de la gloire et du bonheur ; et si une grande découverte appartient à celui qui l'a le premier signalée, c'est à Rousseau que nous devons cette régénération salutaire qui a opéré de si heureux changements dans nos mœurs, dans nos coutumes, dans nos lois, dans nos esprits, dans nos habitudes.
Page 427 - ... qu'en une telle situation on pouvait me pardonner d'être dégoûté d'écrire, etc. « Eh! oui, me dit-il, vous avez perdu, mais tout le monde en est là. Et moi aussi j'ai perdu mon état par la Révolution. » Sur cela me voilà jouant l'intérêt. Je lui demande quelle est l'espèce de perte qu'il a faite, quelle place il occupait, quel état il avait. Il me répond courageusement : « J'étais coiffeur de dames, et, ajoute-t-il, j'ai toujours aimé les mécaniques, et j'ai présenté à...
Page 432 - Il me parut recevoir mon apologie avec bonté et compatir à la tiédeur de mon patriotisme; mais, pour m'encourager, il me cita son propre exemple. « Et moi aussi, me dit-il comme le coiffeur, j'ai perdu par la Révolution, car, tel que vous me voyez, je suis prêtre et prêtre marié, et voilà ma femme, » me dit-il en me montrant la petite personne, qui parut toute fière de l'aveu que faisait son prêtre.
Page 118 - Je pris un jour le Mercure de France, et tout en marchant et le parcourant , je tombai sur cette question proposée par l'Académie de Dijon pour le prix de l'année suivante , Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs.
Page 114 - ... d'esprit et de raison ne nous en défend pas. Je pense que de réflexion et après coup, il a dû rejeter lui-même plusieurs de ses paradoxes; mais il m'est impossible de croire qu'au moment où il les établit, il n'en ait été parfaitement convaincu : car on ne persuade pas comme il fait , sans être soi-même persuadé.

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