Page images
PDF
EPUB

que s'étaient proposé d'abord les Pères dominicains était de pouvoir approvisionner de livres les écoles de leur Mission. Mais bientôt ils ont étendu le cercle de leur publicité. Non-seulement ils ont imprimé des ouvrages de piété, mais encore, convaincus qu'un des plus sûrs moyens de s'emparer des âmes était de développer les intelligences, ils ont publié et répandu parmi la population indigène une foule d'ouvrages de natures très-diverses, faisant ainsi de la propagande intellectuelle en même temps que de la propagande religieuse. Avec le volume du Nouveau Testament, M. de Lasteyrie dépose sur le bureau de l'Académie un catalogue imprimé de quarante ouvrages déjà sortis des presses de la Mission de Mossoul. On y voit, outre les livres de piété, des petits traités élémentaires d'arithmétique et de géographie, des exercices de lecture et de grammaire françaises, et aussi diverses éditions d'anciens auteurs arabes (expurgées, bien entendu, de tout passage hostile à la religion chrétienne). Ces renseignements ont été fournis à M. de Lasteyrie par le R. P. Duval, directeur actuel de l'imprimerie de Mossoul. En les portant à la connaissance de l'Académie, il est certain d'avance de l'intérêt qu'elle prendra à une œuvre qui ne peut qu'augmenter l'influence morale de la France en ces contrées lointaines.

M. GUIGNIAUT, Secrétaire perpétuel honoraire, offre à l'Académie, au nom de M. François Lenormant, un mémoire, intitulé la Légende de Sémiramis. L'auteur s'applique à déterminer, dans les légendes de Sémiramis et de Ninus, ce qui est du mythe et ce qui est de l'histoire. L'histoire d'Assyrie, telle qu'elle nous était transmise par les anciens, était pleine de récits confus, altérés par les traditions populaires. Les textes cunéiformes récemment déchiffrés donnent les moyens de les refaire sur un grand nombre de points. M. François Lenormant, profitant des travaux de MM. Oppert et Norris, a entrepris d'éclaircir ainsi la légende de Sémiramis. Il y a signalé l'élément religieux qui y domine; il a montré que les rois les plus anciens de l'Assyrie ne remontent pas au delà du xiv° siècle avant notre ère, et qu'ils ont été précédés comme en Égypte par les prêtres dont l'histoire est enveloppée de mythes religieux.

M. JOURDAIN offre à l'Académie une autre publication de M. François Lenormant, qui est un travail de son père, les Essais sur l'instruction publique de M. Charles Lenormant.

Ce travail, dit M. Jourdain, ne s'adressait pas à l'Académie et ne lui a pas été lu par notre regretté confrère, mais il peut réveiller le souvenir de la vigueur de son esprit, de son érudition si pénétrante et si sûre et de l'heureuse chaleur de sa parole. Il se rattache au grand

débat qui a eu lieu sur la liberté de l'enseignement vers 1845. Il porte sur les écoles de l'État un jugement qui fit alors une vive impression dans l'Université. Il a le mérite d'avoir devancé et les critiques et les propositions de réformes dont l'enseignement public a été l'objet dans ces derniers temps, et il y aurait à cet égard plus d'un rapprochement à faire entre ces Essais et l'ouvrage de M. Bréal, voire même les circulaires officielles. M. Charles Lenormant n'était pas seulement partisan de la liberté d'enseignement, il était ami de la science, et c'est par intérêt pour la science qu'il était ami de la liberté. Il la voulait non-seulement dans l'enseignement secondaire, mais dans l'enseignement supérieur. A tous ces titres les écrits réunis dans ce volume appelleront l'attention du public, et, en les faisant paraître, M. François Lenormant n'a pas seulement accompli un acte de piété filiale, il a rendu un service important à la cause des hautes études.

M. JOURDAIN offre encore à l'Académie un ouvrage de M. Filleul, intitulé: Histoire du siècle de Périclès. Ce n'est pas une compilation de seconde main, mais le fruit d'un travail original. L'auteur a puisé aux sources anciennes et mis habilement en œuvre les témoignages qu'il a recueillis dans les historiens grecs.

M. RENAN offre à l'Académie, au nom du général Faidherbe, un nouveau supplément à son Recueil des inscriptions libyques. Le général Faidherbe publie ces suppléments à mesure que les textes se découvrent. On ne saurait assez louer son dévouement à la science et le zèle de nos colons algériens pour les découvertes qui peuvent l'enrichir.

SÉANCE DU 7 MARS.

Sont offerts à l'Académie les ouvrages suivants :

1° De l'enseignement de notre langue, par M. Marty-Lavaux.

2° Anthologie des poëtes français depuis le xv siècle jusqu'à nos jours, par M. A. Lemerre, éditeur.

3o La manière de langage qui enseigne à parler et à écrire le français. Modèles de conversations composés en Angleterre à la fin du xiv siècle, et publiés d'après le manuscrit du musée Britannique Harl. 3988.

4° Dissertation critique sur le poëme latin de Ligurinus, attribué à Günther, par M. Gaston Paris.

5° Table chronologique des documents que contiennent les dix-sept séries des ANALECTES HISTORIQUES publiés par M. Gachard.

6° Comptes rendus des séances de la commission royale d'histoire de l'Académie royale de Belgique, tomes XIII et XIV.

M. RENIER offre à l'Académie une étude de M. Robert Mowat sur la découverte faite à Tours d'une inscription romaine inédite et sur le monument considérable dont elle révèle l'existence. Les lettres sont de 8 à 15 centimètres de hauteur. M. Mowat en a donné une restitution fort vraisemblable. L'inscription doit être de la fin du 1° siècle ou du commencement du n°.

er

SÉANCE DU 14 MARS.

Sont offerts à l'Académie :

1° La Kabylie et les coutumes kabyles, par M. Hanoteau.

2o Étude sur la genèse des patois et en particulier du roman ou patois lyonnais, par M. le D' Monin.

3o Le Sarcophage de Massanès, par M. Lagrèze-Fossat, br. in-8°.

M. DE WAILLY offre à l'Académie un Dictionnaire de la langue française au XII et au XIII siècle, par M. Hippeau. Ce livre lui ayant été remis à la séance avec prière de l'offrir à la Compagnie, il n'a pu en prendre connaissance, et ce n'est qu'après une lecture attentive qu'un pareil ouvrage peut être jugé.

SÉANCE DU 21 MARS.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL présente à l'Académie le 6° volume de la nouvelle édition de l'Histoire littéraire du Maine, par M. Hauréau.

Par une lettre datée de Modène, M. Muratori, arrière-neveu du fameux érudit italien, fait hommage à l'Académie d'un ouvrage intitulé Archivio Muratoriano, recueil de manuscrits, notes autographes et correspondances.

Est offert en outre à l'Académie :

Le Catalogue de la bibliothèque de la North-China branch of the Royal Asiatic Society, par M. Cordier.

SÉANCE DU 28 MARS.

Sont offerts à l'Académie les ouvrages suivants :

1° Archives paléographiques de l'Orient et de l'Amérique, par M. Léon de Rosny.

2° Celtes, par M. Gustave Lagneau.

3ο Αρχαιολογικὴ ἐφημερὶς ἐκδιδομένη ὑπὸ τῆς ἐν Ἀθηναῖς ἀρχαιολογικῆς ἑταιρίας δαπανῇ τῆς βασιλικῆς Κυβερνήσεως.

M. RENIER offre à l'Académie, au nom de M. DE ROSSI, un numéro du Bulletin d'archéologie chrétienne (2° série, 3° année, n° 4). Ce bulletin contient la description de quelques monuments des villas situées aux environs de Tusculum et l'on y trouve, entre autres, deux inscriptions non chrétiennes : l'une, d'un personnage qui fut consul en 137 de notre ère, l'autre, de sa mère. La première est intéressante parce qu'elle contient le cursus honorum très-complet de ce personnage, et il y a cette particularité curieuse qu'il est appelé consul ex kal. januariis. A partir de l'empire, le nombre des consuls avait dû être augmenté, parce qu'on avait besoin d'un plus grand nombre de personnages consulaires, la condition d'avoir été consul étant exigée pour parvenir à diverses fonctions. Il y en eut d'abord quatre par an; depuis les Flaviens, six; depuis Trajan, douze, et c'était à peine suffisant. Auguste avait établi une hiérarchie très-rigoureuse et les monuments prouvent que les règles en étaient fort strictement observées. Au temps de notre personnage, il y avait donc douze consuls, deux tous les deux mois. D'Auguste à Caracalla les monuments publics et les actes publics étaient datés des consuls en charge, qu'ils fussent suffecti ou non. Mais le peuple n'avait pu s'y habituer et comptait toujours par les noms des consuls qui avaient ouvert l'année. A partir de Caraçalla, on reprit pour les actes publics la coutume qui était restée dans l'usage vulgaire et alors on vit paraître un nouveau titre, celui de consuls ordinaires, donné à ceux qui étaient entrés en fonctions au 1"janvier. Le premier exemple est de 221; comment étaient-ils nommés jusque-là? l'inscription donnée par M. de Rossi nous le montre : ils s'appelaient consules ex kal. januariis.

M. DEFRÉMERY offre à l'Académie, au nom de l'éditeur Ahmed Véfyk Efendi, ancien ministre de l'instruction publique en Turquie, et de M. Alphonse Belin, secrétaire interprète de l'ambassade de France à Constantinople, un ouvrage en turc oriental, imprimé à Constantinople à l'imprimerie impériale, dans le courant de l'année dernière. Ce livre, qui forme un petit volume in-8° d'environ 220 pages, y compris la table des matières et l'errata, est intitulé: Mahboub-oulkoloub, ou l'Ami des cœurs. Il a pour auteur le célèbre vizir de l'avant-dernier souverain Timouride du Khorâçân, Aly-Chir Nevâïi, mort dans le 6 mois de l'année 906 de l'hégire, le 3 janvier 1504 de J. C. Ce personnage non moins remarquable par sa générosité, son désintéressement, son amour pour

les lettres et ceux qui les cultivaient, que par ses talents littéraires, a fourni à l'un des éditeurs du présent ouvrage le sujet d'un intéressant travail publié dans le Journal asiatique de 1861 (février, mars, avril et mai, Notice biographique et littéraire sur Mir-Ali-Chir Névâii, suivie d'Extraits tirés des œuvres du même auteur, par M. Belin). Le Mahboub-oulkoloub est une sorte de traité de morale, en prose entremêlée de vers. Les amis de la littérature orientale sauront d'autant plus de gré aux savants éditeurs de leur avoir fait connaître cet ouvrage, qu'il ne figure pas dans le volumineux recueil des œuvres d'Aly-Chir que possède notre grande Bibliothèque nationale. C'est le quatrième écrit d'Aly-Chir qui ait été livré à l'impression. On était redevable des deux publiés en dernier lieu (1841) au savant Étienne Quatremère. Espérons que celui-ci fixera bientôt l'attention de notre nouveau confrère, M. Pavet de Courteille, et qu'il le fera connaître par une analyse détaillée dans le Journal asiatique.

« PreviousContinue »