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Hiftoriques font plus neceffaires que Job, le Cantique & les Prophetes; le nouveau Teftament plus que l'Ancien, quoi que l'on ne puiffe bien entendre l'un fans l'autre. Dans la Geneffe & dans les autres livres d'Hiftoires, il y a bien des faits, qui ne nous importent pas autant, qu'à ceux pour qui ils ont été premierement écrits: comme les origines des nations & les genealogies. Dans la Loi, nous avons bien plus de befoin des preceptes de morale, que des ceremonies qui font abolies. Or il eft impoffible de demêler d'abord tout cela, fi l'on n'eft averti par quelqu'un qui ait bien lû l'Ecriture. L'obfcurité de l'Ecriture est encore un obftacle confiderable. Car fans parler de ce qui a été écrit obfcurement tout exprès pour exercer nôtre foi & nôtre foûmiffion, & pour exciter nôtre attention ; ce qui étoit écrit le plus clairement, est devenu obfcur en plufieurs endroits, par des caufes fort naturelles; par l'imperfeЄtion des traductions, qui ne peuvent jamais atteindre à la force des expreffions originales, par la difference des mœurs par la longueur du têms, qui a fait perdre la tradition de mille circonftances des lieux & des perfonnes. On ne peut lever ces difficultez que par une longue étude & une grande application, qui doit être le partage des Prêtres & des Pafteurs. C'est à eux d'étudier continuellement la Loi de Dieu, pour l'expliquer en public & en particulier au peuple, qui a droit de la chercher dans leur bouche. Mais avant que d'en venir au détail de chaque livre & de chaque paffage,

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il'eft neceffaire de leur montrer en abregé le fommaire de la Doctrine, que contiennent ces livres divins, pour les conduire dans la lecture qu'ils en pourront faire enfuite leur marquant ce qu'ils y doivent principalement chercher, ce qu'ils doivent lire d'abord, & où il faut le plus s'arrêter. Or j'efpere que ce Catechifme pourra fervir à cette forte d'inftruction.

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Après avoir rendu compte du deffein que je me fuis propofé, je croi devoir expliquer la methode, dont je voudrois me fervir pour le reduire en pratique. Je ne prétends pas que ce Catec ifme doive être regardé comme un livre fait fimplement pour être lû, ou même pour être appris par cœur: ce doit être plûtôt un modèle d'inftruction, que le Prêtre, ou tout autre qui enseigne puiffe fuivre felon fon talent, fans s'y attacher fcrupuleufement; changeant & diverfifiant fuivant les perfonnes & les occafions. Autre doit être l'inftruction des enfans, autre celle des perfonnes raifonnables, mais ignorantes de la Religion: à des gens polis & éclairez d'ailleurs, il faut parler autrement qu'à des ouvriers & des païfans. Ne. pouvant marquer toutes ces differences dans ce modéle, je me fuis contenté d'y marquer la principale: & de donner deux Catechifmes, un plus petit, pour les enfans, qui pourra fervir aux hommes les moins inftruits; & un plus grand, pour les perfonnes plus éclairées & plus capables. " Le premier Catechifme ne fera pas neceffaire à ceux qui feront en état d'entendre d'abord le fecond: mais ceux qui fe fervi

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ront du premier, doivent enfuite étudier l'autre ; puis qu'encore qu'il aille un peu au-delà de ce qui eft abfolument neceffaire; je ne croi toutefois y avoir rien mis qui ne foit fort utile à tous les Chrêtiens.

Au reste, afin que le grand Catechifme pût être feul une inftruction fuffifante; je n'ai pû éviter d'y comprendre tout ce que contient le petit: & je n'ai pas craint, que cette repetition fût inutile. Ceux qui commencent à apprendre ne font jamais fi attentifs, qu'il fuffife de leur dire les chofes une fois. On eft bien - heureux, s'ils la retiennent à la troifiéme ou à la quatrième repetition; & je croi que c'eft la caufe des frequentes redites que nous trouvons dans l'Ecriture, particulierement dans la Loi. Dieu parlant par Moife ne fe contente pas de propofer fes volontez une fois à fon peuple Il les leur redit plufieurs fois, en differentes occafions, & les fait écrire comme il les avoit dites: particulierement celles qui étoient les plus importantes, comme la défense de l'idolatrie. Ainfi je croi qu'il fera bon, qu'un enfant, qui aura d'abord appris de fon pere ou de fa mere les paroles du Symbole, avec quelque legere explication: apprenne l'hiftoire du petit Catechime avec les queftions & les réponfes de chaque leçon: qu'il reçoive dans l'explication des dogmes ce qu'il doit le plus retenir: & qu'il paffe enfuite au grand Catechifme, où il verra encore les mêmes faits & les mêmes dogmes, mais avec plus d'étendue. A force d'entendre dire ces mê mes veritez, en tant de manieres differen

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tes, peut-ét e enfin lui demeureront-elles dans l'efprit: peut-être y prendra-t-il goût, & s'affectionnera-t-il à s'inftruire plus à fond tout le reste de fa vie: par la lecture de l'Ecriture fainte, & des autres livres fpirituels, par les fermons & les entretiens familiers. Je fçai qu'il peut y avoir plufieurs dégrez de capacité, entre ceux à qui le petit Catechifme eft neceffaire, & ceux qui peuvent d'abord fe fervir du grand : c'eft au Catechiste à s'accommoder à ces differences, avec jugement & difcretion. Il doit étendre ou refferrer les narrations felon la portée de fes difciples; leur éclaircir ce qu'ils trouveront obfcur, fatisfaire à leurs difficultez; enfin ne point quitter chaque fujet, qu'ils ne l'entendent autant qu'ils en font capables.

Il est évident par-là que le Catechifte doit en fçavoir beaucoup plus, que ce qui eft écrit ici. Il doit avoir bien lû l'Ecritu-: re fainte, particulierement les livres hiftoriques; il doit, pour bien faire, avoir vû dans les fources tout ce que j'ai tiré des Auteurs Ecclefiaftiques marquez dans les marges. Je n'ai dit dans chaque leçon, que ce que je croi neceffaire: mais afin que le difciple puiffe retenir ce peu que j'y ai mis, il lui en faut dire bien davantage. Donc, dans la partie hiftorique, il faudra étendre les narrations, y ajoûtant les circonstances que j'ai retranchées, du moins celles que l'on jugera les plus utiles; & je croi que le plus fouvent il n'y aura qu'à lire, en ces endroits le texte de l'Ecriture. Dans la partíe dogmatique, on pourra s'étendre par des

Conc.

Trid.

raifonnemens, des comparaifons, des exemples; toûjours bien fenfibles & bien pro.. portionnez à l'auditeur.

Mais, en l'une & en l'autre partie, il faut bien prendre garde à ne rien ajoûter, qui ne foit exactement vrai & d'une autorité inconteftable. Gardez-vous de méler aux veritez de l'Ecriture, les opinions qui partagent l'école, touchant les circonstances de la création du monde, les Anges, l'état d'innocence; de vouloir déterminer le têms qu'Adam paffa dans le Paradis terrestre, l'âge d'Abel, comment Cain mourut. Ne vous arrêtez pas aux queftions, que les difciples pourroient faire fur ces circonftances: & fur d'autres plus inutiles. Accoûtumez de bonne heure les enfans à borner leur curiofité, naturellement infinie: & à fe contenter de ce que Dieu a voulu que nous fçachions. Expliquant ce qui regarde JefusChrift, on doit fe défier de certaines meditations, qui ajoûtent aux hiftoires plufieurs circonftances, inventées fous prétexte de vrai - femblanche, comme des difcours de la fainte Vierge, avec fon Fils, ou avec les Anges qu'elle étoit prefente à l'Afcenfion que les Apôtres affifterent à fa mort, & mille autres particularitez femblables dont l'Ecriture ne dit rien. Tout de même fur les dogmes, on ne doit mêler les opinions probables avec les décifions de Foi. Vous trouverez affez de chofes neceffaires à dire avant que de parler de la qualité des peines du Purgatoire, de l'âge auquel nous devons reffufciter, & d'autres articles femblables, fur lefquels l'Eglife n'a rien pro

Seff.25,

init.

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