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Alex. 6

foin de s'en inftruire. Je fçai plus de bien que je n'en veux faire, dira l'un; Je me contente de mon Catechisme, dira l'autre; Je veux croire, dira celui-ci, fans approfondir les verités de la Religion doivent être refpectées: il est dangereux de raifonner en ces matieres. S.Clem. Vous diriez qu'ils craignent de trouver le from.P. foible de leur Religion s'ils s'en inftruifoient 655 4. plus à fond. Mais tous ces difcours ne font que de vains pretextes dont le couvrent PigDent 4 norance & la pareffe. La vraie Religion ne craint point d'être connue, elle n'enseigne 1.21.1 rien qui ne fe foûtienne au plus grand jour." La même Ecriture qui nous ordonne de recevoir avec foûmiffion les veritez revelées de Dieu, de captiver nôtre entendement, d'obéir à la Foi nous commande expreffement Cor.10. de mediter fa Loi jour & nuit, de nous ap5 pliquer de toutes nos forces à l'étude de la Deut. 6 fcience & de la fageffe, & de travailler toute 6. 18. nôtre vie à connoître la volonté de Dieu le plus diftinctement qu'il eft poffible.

2 &c.

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En effet, quoi que le Catechifme contienProv. ne ce qui eft le plus neceffaire à fçavoir : il 1. 2. 3. en eft comme de tous les autres abregez, que l'on ne fçait jamais bien fi l'on n'étudie rien 12. 2. au-delà. Pour entendre & retenir ce peu que Eph. s. contient le Catechisme; il faut en pefer toutes les paroles, & penetrer chacun felon fa Coloff portée la profondeur de la doctrine qu'elles 1.9.10. renferment. Quant aux veritez de morale, il

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eft vrai que la meilleure maniere de les étudier eft la pratique, & que nous ne fçavons comme il faut, que celles que nous obfervons; mais il ne s'enfuit pas que nous ne devions les apprendre qu'à mesure que nous

les mettons en œuvre. Les occafions d'agir ne fe prefentent pas par ordre: & fi j'attends que j'aie executé tous les Commandemens de Dieu pour connoître les confeils, je ne les connoîtrai peut-être de ma vie ; quoi qu'ils foient donnez pour faciliter l'obfervation des Commandemens. La negligence à garder les preceptes que nous fçavons dèja, ne nous donne donc pas droit d'ignorer les autres: nous fommes obligez à les garder tous, & par confequent à les fçavoir tous.

Enfin la vraie Religion n'est pas comme les faffues, qui ne confiftent qu'en un culte exterieur & en de vaines ceremonies. C'eft Dent. une doctrine, une étude, une fcience. Les 4 7 Fideles étoient nommés Disciples avant qu'ils euflent reçû à Antioche le nom de Chrêtiens : les Evêques font nommés Docteurs A&t. chez tous les Anciens; & JESUS-CHRIST fon- ¡I. 16. dant fon Eglife dit aux Apôtres : Allez in- Matth. ftruisez toutes les nations. Il eft donc impof- 28. 15. fible d'être Chrêtien & d'être entierement ignorant: & celui-là eft le meilleur Chrêtien, qui connoît le mieux & pratique le mieux la Loi de Dieu. Or quoi que l'on puiffe la connoître fans la pratiquer, il eft impoffible d'en pratiquer que ce que l'on en connoît.

Mais il faut avouer que les particuliers ne font pas feuls coupables de l'ignorance qui regne depuis long-temps dans l'Eglife, il y a bien de nôtre faute, je dis de nous autres Prêtres & de tous ceux qui font établis pour inftruire. Quoi que l'on prêche très-fouvent, & qu'il y ait une infinité de livres qui traitent de toutes les parties de la Religion, on peut dire qu'il n'y a pas affez d'instruction

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:

pour les Chrêtiens, même pour les mieux intentionnez. Les livres font de plufieurs for-tes des traitez de Theologie, plein de queftions curieufes, dont le commun des Fidéles n'a pas befoin; écrits en Latin, & d'un ftile qui n'eft intelligible qu'à ceux qui ont frequenté les écoles: des commentaires fur l'Ecriture, la plupart fort longs; & prefque tous en Latin: des vies des Saints, qui ne vont qu'à montrer des exemples particuliers de vertu : des livres fpirituels, qui donnent de bonnes pratiques pour fortir du peché, & pour avancer dans la vertu & dans la perfection; mais qui fuppofent des Chrêtiens fuffifamment inftruits de l'effentiel de la Religion : & qui par la longueur du ftile & la groffeur des volumes ne font pas à l'ufage des gens occupés ou peu attentifs. Il en eft de même des Sermons. On n'y traite que des fujets particuliers, détaché le plus fouvent les uns des autres, felon la Fête, l'Evangile, ou le deffein du Predicateur: On y expique rarement les premiers principes, & les faits qui font les fondemens de tous les dogmes; on y parle des hiftoires contenues dans l'Ecriture fainte, comme de chofes connues de tout le monde.

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De-là vient que les lectures publiques de P'Ecriture, qui font partie de l'Office de l'Eglife, fervent fi peu pour l'inftruction des Fidéles, pour laquelle on les a inftituées. Tout le monde n'entend pas le Latin : peu de gens fe fervent des traductions; & elles ne fuffifent pas, fi l'on ne connoît les livres faints, d'où les leçons font tirées, & fi l'on ne les y lit dans leur fuite. On devroit fuppléer à ce

défaut par les Sermons : mais ce n'eft pas expliquer un Evangile que d'en prendre un mot pour texte, & y faire venir à propos tout ce que l'on veut. Ainfi on trouve par tout de bonnes gens, qui frequentant les Eglifes depuis quarante ou cinquante ans, & étant fort affidus aux Offices & aux Sermons, ignorent encore les prémiers élemens du Chriftianifme.

Il n'y a que les Catechifmes qui defcendent jufqu'à ces premieres inftructions fi necef-> faires à tout le monde: mais il femble qu'ils ne font pas affez eftimez. La plûpart croyent fçavoir le Catechifme, parce qu'ils l'ont appris en leur enfance; & ne s'apperçoivent pas qu'ils l'ont oublié ou qu'ils ne l'ont jamais bien entendu. D'autres ont honte d'avouer leur ignorance & leur mauvaise éducation, & ne peuvent s'abaiffer jufqu'à ces inftructions, qui les remettroient, ce leur femble, aux petites Ecoles. Les Ecclefiaftiques, je dis,ceux qui cherchent leurs interêts, plûtôt que ceux de Jefus-Chrift; méprifent cet emploi, parce qu'il eft penible, obfcur & infructueux. S'ils croyent avoir de grands talens ils cherchent de la reputation par l'éloquence de la chaire s'ils en ont moins, ils s'appliquent au confeffional & à la direction. Mais une des plus grandes difficultez de la Confeffion, eft l'ignorance des Chrêtiens: & qui les in-ftruiroit bien, trancheroit beaucoup de pechez par la racine.

Il est vrai que la forme & le ftile des Ca-techifmes a peu d'attrait pour ceux qui l'apprennent. Car pour ceux qui l'enfeignent, il ne faut pas efperer qu'ils prennent jamais.

grand plaifir à repeter fouvent des veritez qui leur font familieres, trouvant toûjours de nouvelles difficultez de la part des auditeurs: il n'y a que la charité qui puiffe en faire l'agrément. Mais pour les difciples; comme la plupart font des enfans qui ne peuvent voir l'utilité de ces instructions, il feroit fort à fouhaiter qu'elles euffent quelque chofe de plus engageant, qu'elles n'en ont pour l'ordinaire. Car il femble que ceux qui dans ces derniers temps, ont compofé des Catechif mes, n'ont pas eu cette vûë, ou n'ont pas crû qu'il fut poffible d'y reüiffir. Ils ont feulement cherché à renfermer en peu de paroles le plus effentiel de la Doctrine Chrêtienne: à le diftribuer fuivant un certain ordre, & à le faire apprendre aux enfans, par des questions & des réponfes, qui s'imprimaffent fortement dans leur memoire : & c'eft en effet le plus neceffaire. Auffi ces Catechifmes ont-ils fait de très-grands fruits: & quelque ignorance qui refte parmi les Chrêtiens, elle n'eft pas comparable à celle qui regnoit il y a deux cens ans, avant que faint Ignace & fes difciples euffent rappellé la coûtume de catechifer les enfans.

Mais enfin on ne peut nier que le ftile des Catechifmes ne foit communément fort fec; & que les enfans n'ayent beaucoup de peine à les retenir, & encore plus à les entendre. Cependant les premieres impreffions font les plus fortes & plufieurs confervent foute leur vie une averfion fecrette de ces inftructions qui les ont tant fatigués dans leur enfance. Tous les difcours de Religion leur paroiffent triftes & ennuieux. S'ils écoutent

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