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querir toûjours fans mefure, bannir le luxe,
& moderer nôtre dépense afin d'avoir dequoi
donner. Car ce commandement nous oblige
encore à faire l'aumône à ceux qui n'ont pas
le neceffaire, principalement s'ils ne peuvent
en gagner. Que celui qui déroboit, dit faint Eph.
Paul, ne dérobe plus, mais plûtôt qu'il tra-
vaille, faifant de fes mains quelque chofe de
bon, afin qu'il ait dequoi donner à celui qui
fouffre neceffité.

I

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28

E huitiéme commandement défend premierement le faux témoignage, porté en juftice, pour faire condamner innocent. Il défend auffi toute autre calomnie: c'est-àdire toute fauffe accufation, tout discours, par lequel on impofe à quelqu'un ce qu'il n'a pas fait. De plus toute médifance ou détration, par laquelle on ruïne ou on diminuë la reputation du prochain; en publiant le mal qu'il a fait, mais qui n'étoit pas connu: & fur tout les mauvais rapports, faux ou vrais, qui tendent à mettre la division entre les parens, ou les amis. Il ne nous est per- Levit. mis de parler du mal qu'a fait le prochain, 79% 16 la charité nous y oblige ou z6. zz que lors que pour procurer fa correction, ou pour la feu- Ex. 23 reté de celui à qui il pourroit nuire; car nous 7 devons plus à l'innocent qu'au coupable. Il Bafil. regul défend encore le menfonge; c'est-à-dire, brevior. toute parole dite a deffein de tromper, en 25 faifant entendre le contraire de nôtre pensée. Il nous eft donc ordonné de dire toûjours la Eph. 4 verité, Auffi fommes-nous les membres les as

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Prov.

Eccl. 7

2.4

uns des autres, qui par confequent devons avoir une charité reciproque : & la parole n'eft inftituée, que pour fignifier ce que nous penfons. Or nous ne devons avoir que Phil. 4 des pensées raisonnables: & par confequent ne parler, que quand il eft à propos. La mulProv. titudes des paroles n'eft point fans peché, & Matth, nous rendrons compte au jugement de Z. 36 Dieu de toute parole oifeufe. Il faut donc aimer le filence. Nous devons encore procu

8.

TO. 19

rer la concorde & l'unión entre tous les hommes. Car ceux qui procurent la paix, Matth. dit Jefus Chrift, font appellez enfans de 5. 6 Dieu. Nous devons reparer autant qu'il eft poffible, le tort que nous avons fait au prochain, par tous ces pechez de paroles : mais Matth. Cette reparation eft très-difficile. Enfin nous 7. devons éviter les jugemens temeraires, qui font la fource la plus ordinaire des médiían-ces. Les deux derniers commandemens, condamnent les mauvais defirs: le neûviéme défend de defirer, ce que le fixiéme défend de commettre c'eft-à-dire tout plaifir desMatth. honête: hors le feul cas du mariage. Quiconque regarde une femme pour la defirer, dit le Sauveur, a déja commis l'adultere dans fon cœur. Ce n'eft pas feulement le defir formé, qui eft peché, c'eft encore la pensée: quand on s'arrête volontairement à y prendre plaifir, ou que l'on neglige de s'en détourner. Il ne vous eft pas même permis de defirer la femme d'autrui, dans le cas où elle pourroit devenir la vôtre; comme fous l'ancienne loi en cas de divorce, & à present en cas de mort; parce que nourriffant ce defir, il feroit facile d'aller plus loin: & de defirer

5.28

la mort du mari, ou l'adultere. Le dixiéme commandement fe rapporte au feptiéme, & nous défend tout defir du bien d'autrui: de fa maison, de fa terre, de fes beftiaux, de fes meubles; & generalement de tout ce qu'il poffede: fi ce n'eft pour l'acquerir par des voies legitimes, & de fon confentement. Nous ne devons former autres deffeins fur les biens d'autrui, que ceux que nous trouverions bons que les autres formaflent fur nos biens.

L

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Es deux derniers Commandemens affeu rent l'obfervation de tous les autres, coupant la racine de tous les pechez, qui eft la concupifcence. On ne fait mal, que par le defir du plaifir, de l'argent, ou de l'honneur, Le defir du bien d'autrui, ou le déplaifir de fa profperité, caufe l'envie, qui nous porte à la médifance & à la calomnie: & il n'y a guére de faux témoins qui ne foient gagnez par argent. Ce qui fait ordinairement attenter fur la vie du prochain, c'eft que nous voulons avoir fon bien, ou ôter un obftacle à notre plaifir, ou à nôtre gloire. Les mêmes raifons portent à méprifer le pere & la mere, & quelquefois à les haïr, ou à fouhaiter leur mort; c'eft le defir du gain qui fait travailler le Dimanche, & c'est l'amour du plaifir qui empêche de l'employer faintement. C'est l'interêt qui fait faire les faux fermens. Enfin ce ne font que les paffions déreglées qui détournent du fervice de Dieu, & qui éteignent la charité. Ainfi ôtant de

nôtre cœur les defirs que condamnent les deux derniers Commandemens, nous nous mettons tous en état de pratiquer facilement tous les autres. Or nous ne defirons point les chofes que nous croïons impoffibles: & nous devons compter pour impoffible, tout ce qui eft contraire à la volonté de Dieu, quoi que nous ayons la liberté de le faire: parce qu'il eft impoffible au moins d'éviter enfuite fa vengeance. Mais le meilleur moien pour éviter le peché, eft de tendre autant qu'il nous eft poffible, à acquerir les vertus & la perMatth. fection Chrêtienne. Soyez parfaits, dit Jefus5. 48 Christ, comme vôtre Pere celefte eft parfait. Ce n'eft qu'en nous humiliant profondement, que nous éviterons l'orgueil & l'ambition. Il faut méprifer les plaifirs permis pour éteindre le defir des plaifirs défendus. Pour ne point defirer le bien d'autrui, le plus feur eft de n'être point attaché à celui que nous poffedons legitimément, & pour arriver à ce détachement, il faut penser souvent 1. Cor. à la mort & à la vie future. Le tems eft court, dit faint Paul, il refte que ceux qui ont des femmes, foient comme s'ils n'en avoient point, ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuroient point, ceux qui fe réjouiffent, comme s'ils ne fe réjouiffoient point, ceux qui achetent, comme s'ils n'acqueroient point, ceux qui fe fervent de ce monde, comme s'ils ne s'en fervoient point: car 1.Tim. la figure de ce monde paffe. Et ailleurs: Ceux 6.9 qui veulent devenir riches, tombent dans les tentations & les filets du diable, & dans plufieurs defirs inutiles & nuifibles, qui précipitent les hommes dans la perte & la damnas

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tion. Car l'avarice eft la fource de tous les
maux. Et c'est ce que Jefus Chrift dit lui- Luc
même, que pour le fuivre il faut renoncer à 14. z6
fon pere, à fa mere, à fa femme, à fes en- 31.
fans,, à tout fon bien. Non qu'il foit necef-
faire de tout quitter réellement; mais parce'
qu'il eft neceffaire d'en détacher fon affection,
pour n'aimer que Dieu feul, & les créatures,
fuivant fon ordre. Il faut donc moderer tous
nos defirs; hors celui de bien faire & de plaire
à Dieu, qui ne peut jamais être affez grand.
LEGON XXXI,

Des trois premiers Commandemens de
l'Eglife.

Nies Commandemens de l'Eglife: en ver

Ous fommes encore obligez à obferver

tu du Commandement de Dieu, d'honorer nôtre pere & nôtre mere. Car l'Eglife eft nôtre mere, & fes commandemens ne font autre chofe, que de faintes pratiques reçûës par une tradition continuelle, depuis les tems apoftoliques: & confervez par l'autorité de tous les Peres & les Pafleurs, dont on a enfin é é obligé de faire des regles dans les derniers tems, pour marquer ce que devoient au moins faire les Chrêtiens. On en compte ordinairement fix, que l'on a mis en rime en cette forte. Les Dimanches Meffes oüira, &c. Le premier eft donc d'entendre la Messe les Dimanches & les Fêtes commandées. Les Chrêtiens doivent prier fouvent, & affifter aux prieres publiques de l'Eglife, autant que leur commodité le permet. Mais comme la plûpart font occupez les autres jours, de travaux, & d'affaires, qui leur laiffent peu de

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