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9.7

ibid. 21

2. Cor. cheufe. Auffi ce peu de loix Ecclefiaftiques n'ont été faites que dans les derniers tems, depuis que la charité de plufieurs eft refroidie, Elle ne font pas immuables comme les Loix divines: l'Eglife qui les a faites, peut les changer, ou en difpenfer quelques particuliers, felon, les têms, & pour des raisons très-importantes. Voilà donc ce que tout Chrêtien eft obligé d'obferver: les Commandemens de Dieu, & ceux de l'Eglife, qui y font compris. Si vous voulez entrer dans la vie; dit Jefus-Chrift, gardez les Matt. Commandemens. Mais il ajoûte: Si vous 1917 voulez être parfait, allez, vendez tous vos ibid.12 biens & fuivez-moi, & vous aurez un trefor dans le Ciel. Il dit encore: Il y a des eunuques, qui fe font rendus tels eux-mêmes, pour le Royaume des Cieux : qui en est capable le faffe: mais il n'y a que ceux à qui 7.Cor.7 il est donné, qui en font capables. Et faint 25. 27 Paul dit: Si vous n'êtes point marié ne cherchez point de femme : ajoûtant que c'est un confeil qu'il donne, & non pas un precepte du Seigneur. Il y a donc difference entre les preceptes & les confeils. Les preceptes, ou commandemens font propofez à tous, comme leur obligation; les confeils font propofez feulement comme les moyens d'arriver Matth. à la perfection. Or Jefus-Chrift nous exhor5.48 te tous à tendre à la perfection; àl'imitation de nôtre Pere Celeste, qui eft parfait. En effet comme nôtre volonté eft foible, nous faifons toûjours moins bien, que nous ne voulons; & fi nous ne nous propofons, que ce qui eft precifément d'obligation: nous demeurerons toûjours en deçà, c'est-à-dire

Rom.12

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dans le peché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous; mais lui donner genereufement tout ce que nous pourrons, puis que nous ne lui devons pas moins, que de l'aimer de tout nôtre cœur & de toutes nos forces. Il faut avoir une haute eftime des confeils de Jefus-Christ; puis qu'il eft la fagefle même, & qu'il fçait bien mieux que nous, ce qui nous eft bon. Il ne faut pas chicaner avec Dieu, ni trop Eccl. s'attacher à diftinguer les preceptes des con- 19. feils: mais s'efforcer autant qu'il eft poffible de connoître & de pratiquer ce qui lui eft Eh. s agréable. Jefus-Christ a renfermé l'idée de 10 toute la perfection dans ces huit béatitudes. Phil. Heureux les pauvres d'efprit, parce que le 10 Royaume des Cieux eft à eux. Heureux ceux qui font doux, parce qu'ils poffederont la terre. Heureux ceux qui pleurent, parce qu'ils feront confolez. Heureux ceux qui ont faim & foif de juftice, parce qu'ils feront raffafiez. Heureux les mifericordieux, parçe qu'on leur fera mifericorde. Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Heureux ceux qui procurent la paix, parce qu'ils feront nommez enfans de Dieu. Heureux ceux qui fouffrent perfecution pour la juftice, parce que le Roïaume des Cieux eft à eux.

LEÇON XXXVII,

De la Grace.

Nous ne ni fuivre fes
Ous ne pouvons accomplir les Com-

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Matth

confeils, que par fa grace. De nous-mêmes z. Car nous ne pouvons former une bonne pensée, a, s

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par

à

z. Cor. ni dire le Seigneur Jefus, que par le Saint 12. 3 Elprit. Ce n'eft pas que Dieu ne nous ait Eccl. créez libres, & ne nous ait proposé dans fa 35. 14 loi la vie & la mort : afin que nous choifif Dent. fions la vie. Mais nôtre volonté eft tellement 30. 19 affoiblie par le peché, que de nous-mêmes nous choififfons toûjours le mal, & nous n'avons point de liberté pour bien faire, fi nous ne fommes délivrez par la verité, qui Jan. 8 eft Jefus-Chrift. Nous connoiffons le bien la lumiere de la raifon, que Dieu à mife en nous, & par fa Loi qu'il nous a donnée mais nous n'avons pas la force de l'acRom. 7 complir; parce que nôtre concupifcence 15. &c nous entraîne continuellement vers le mal, que nous condamnons. Cette concupiscence eft l'amour de nous-mêmes, fans rapport Dieu, & l'inclination au plaifir fenfible, qui nous fair preferer le bien du corps à celui de Pame. De là viennent les paffions déreglées, l'amour fenfuel, la haine, la colere, la peur, la trifteffè, la joie. Ces paffions nous -font commettre toutes fortes de pechez, quand elles font plus fortes que la raifon : & elles font toûjours plus fortes, quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompuë, où nous naiffons tous: parce qu'en cet état il eft impoffible que nous prenions plaifir à autre chofe, qu'à ce qui flatte nos fens, & qui Rom. eft conforme à nôtre amour propre. C'est 3 Z4 pour cela qu'il faut mourir au vieil homme, & renaître de nouveau en Jefus-Christ, étant juftifiez gratuitement par fa grace, afin de V.Ang. faire par amour de Dieu & avec plaifir ce de fir qui eft conforme à fa volonté & à la lumie &litt. re de la raifon.

LEÇON XXXVIII.

Des Sacremens.

LA grace nous étant abfolument neceffai

re. Dieu ne fe contente pas de nous la donner, il veut bien l'accompagner de fignes fenfibles, proportionnez à notre foibleffe. On appelle ces fignes Sacremens, e'eft-àdire, chofes facrées, ou myfteres, c'est-à-dire, choses cachées. En effet, ce font des choses materielles, & des actions exterieures, qui nous fignifient l'operation interieure du Saint Efprit, par laquelle il fanctifie nos ames, en même tems que nous pratiquons ces faintes céremonies. Ce n'eft pas que Dieu ne puiffe nous communiquer fa grace fans l'accompa gner de ces fignes; mais nous n'en sommes

pas alors fi affurez, & ce n'eft pas auffi que ces fignes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçû la grace, puifque nous avons toujours fujet de douter, fi nous y avons apporté les difpofitions neceffaires. C'eft la Eccl. mifere inévitable en cette vie, de né fçavoir z jamais fi nous fommes dignes d'amour ou de haine, ni fi nous perfevererons jufqu'à la fin, & d'être obligez à travailler à nôtre fa- Phil, z lut avec crainte & tremblement. Toutefois, connoiffant la bonté de Dieu, nous avons grand fujet de bien efperer, quand nous nous approchons de fes Sacremens avec foi, confiance, fincerité, humilité & componction. Ou appelle donc Sacremens des fignes facrez établis de Dieu pour fignifier & operer en nous la grace. L'ancienne loi parmi tant de

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ceremonies n'avoit aucun de ces Sacremens, qui donnent la grace: & c'eft un avantage de Conc. la loi nouvelle. C'eft Jefus - Chrift qui les a Tr.feff. tous inftituez; afin que fon fang & fes me7 can. rites infinis, plus que fuffifans pour le falut de tous les hommes, fuffent appliquez en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appellez. Il en a marqué quelques-uns par fes paroles & par fes actions raportées dans l'E vangile; fçavoir le Baptême, l'Euchariftie, la Penitence & l'Ordre. Les Apôtres ont-declaré les autres, en expliquant ce qu'ils avoient appris de lui. Car il n'étoit pas en leur pouvoir d'inftituer des Sacremens, il n'y avoit qu'un Dieu, qui pût attacher à des chofes fenfibles l'operation du Saint Efprit. Il en a inftitué pour tous les befoins de la vie fpirituelle: le Baptême pour y entrer & naître fpirituellement; pour croître & fe fortifier, la Confirmation; pour fe nourrir, l'Euchariftie: la Penitence pour guerir les maladies de l'ame, & même la reffufciter après qu'elle eft morte par le peché: pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'ExtrêmeOnction. Les deux autres Sacremens regardent l'utilité de toute l'Eglife, l'Ordre lui donne des Miniftres publics, le Mariage fert à la perpetuer dans tous les fiecles. Il y a donc fept Sacremens. Le Baptême, la Confirmation, l'Euchariftie, la Penitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre & ie Mariage. Pour bien entendre la nature des Sacremens, il faut fçavoir les raisons des faintes Ceremo nies dont l'Eglife les accompagne.

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