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LEGON XXXIX.
Du Baptême.

Les sacremens. En verité, en verité je E Baptême eft le plus neceffaire de tous vous dis, dit Jefus-Chrift, perfonne ne peut entrer au Royaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau & du Saint Efprit. Ce qui eft né de 70 3.5 la chair eft chair, & ce qui eft né de l'efprit eft efprit. Or fi nous vivons felon la chair, Rom,8 nous mourons, puisque la chair n'est autres chofe que l'amour propre, la concupifcence que nous apportons au monde comme enfans d'Adam, avec le peché originel dont elle eft une fuite. De-là vient que le Baptême eft neceffaire, même aux petits enfans, pour effacer ce peché avec lequel ils naiffent. Aux adultes, c'est-à-dire, à ceux qui font en âge de raifon, il efface de plus tous les pechez qu'ils peuvent avoir commis. Mais pour le recevoir il faut qu'ils foient fuffisamment inftruits de la doctrine Chrétienne, qu'ils la croyent & la profeffent publiquement, & de plus qu'ils foient fincerement convertis, & qu'ils ayent un grand regret de leurs pechez paffez, & une ferme refolution d'obferver les Commandemens de Dieu. Le Baptême autant que l'on peut. doit fe faire à l'Eglife par les mains des Prêtres avec toutes les ceremonies; mais en cas de neceffité toute perfonne peut baptifer, pourvû que l'on verfe de l'eau fur le baptifé avec l'invocation de la fainte Trinité. L'eau doit être fimple & naturelle, & il faut dire; Je te baptife au nom, du Pere & du Fils, & du Saint Efprit. Cons Le Baptême ainfi donné ne peut être reïte-Trid

feff. 7 ré, & imprime un caractere qui ne s'efface de facr. jamais, quelque crime que le baptife puiffe commettre. Il eft toûjours vrai de dire qu'il a été régeneré & confacré à Dieu comme fon enfant d'adoption. Si un adulte defirant le Baptême avec un charité parfaite, est surpris de la mort avant que de le recevoir, il ne laifle pas d'être fauvé, & fon falut eft encore plus affeuré, s'il eft baptifé dans fon fang, fouffrant le martyre pour la foi qu'il veut profeffer. Il y a donc trois Baptêmes, celui de l'eau & du Saint Efprit, celui du S. Efprit feul, celui du fang; mais l'eau eft abfolument neceffaire pour les enfans, qui ne peuvent avoir les faintes difpofitions capa bles d'y fuppléer.

LEGON XL.

De la preparation au Baptéme.

Our bien entendre toute la ceremonie du

PBaptême, il faut confiderer celui des

dultes, & fuppofer qu'il fe fait à l'un des jours folemnels de la benediction des fonts. H étoit très-ordinaire dans les premiers fiecles de baptifer des perfonnes en âge parfait au lieu que parmi nous on ne le pratique que rarement, c'est-à-dire quand des Juifs, des Mahometans, ou d'autres infidéles fe conMatth, vertiffent. Il faut inftruiré avant que de bap28. 19 tifer, fuivant l'ordre que Jefus-Chrift en a

donné, c'est pourquoi l'on commençoit parfaire Catechumene celui qui vouloit être Chrêtien pour Pinftruire à loifir, & pour éprouver la vocation pendant un long-tems, & c'est à cette preparation que fe rapportent les exorcifmes & les autres prieres, par où

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commence la ceremonie du Baptême, juf qu'à la recitation du Symbole & la profeffion de foi. Depuis qu'il eft plus ordinaire de baptifer des enfans, on a joint ce qui fe faifoit auparavant à plufieurs fois, & ce n'est aujourd'hui que la fuite d'une même ceremonie. Mais quand on baptife un Adulte, on ne doit pas laiffer d'examiner avec foin s'il eft veritablement converti, & s'il n'est point attiré au Baptême par quelque motif temporel. On doit auffi l'inftruire amplement, non feulement des myfteres, mais des preceptes de morale, & des regles de la vie Chrêtienne. Quand on juge à propos de le baptifer, on l'amene à l'Eglife, où d'abord il doit demeurer à la porte en dehors, fous le veftibule, ou en quelque autre lieu commode. Le Prêtre lui demande fon nom, puis Rituals il fouffle fur lui, & conjure le diable pour Parif le faire retirer de cette créature, dont il est en poffeffion par le peché: puis il lui marque le figne de la croix fur le front & fur le cœur, & fait fur lui quelques prieres, afin qu'il profite des inftructions, & qu'il commence à vaincre fes paffions, & à obferver les commandemens de Dieu pour fe rendre digne d'arriver au faint Baptême. Enfuite le Prêtre ayant beni le fel, lui en met un peu dans la bouche, pour marquer le goût qu'il doit prendre à la doctrine Chrêtienne, la fageffe & l'éloignement de la corruption. Auffi Jefus-Chrift a dit: Ayez en Marc vous du fel. Et faint Paul : Que vos difcours 9. 49, foient toûjours affaifonnez de fel en la gra- Coloff ce. Le Prêtre fait encore fur lui plufieurs exorcifmes, qui fe faifoient autrefois à diffe

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Marc.

8, 33

rens jours, & emploie le figne de la crois avec des paroles terribles, pour chaffer le démon, & le contraindre à quitter la place au Dieu vivant, qui va faire fon temple de cette créature: puis prenant un peu de fa falive, il en touche les narines & les oreilles du 10.9. 6. Catechuméne, pour imiter ce que Jefus Chrift fit à l'aveugle né, & à un fourd & muet poffedé du demon, il recite ensuite sur lui l'oraifon Dominicale & le Symbole, ce qui fe faifoit autrefois feparément, pour faire apprendre par cœur l'un & l'autre au Catechuméne. Après cela le Prêtre l'introduit dans l'Eglife, & alors il le fait renoncer à fatan, à fes œuvres & à fes pompes : puis il lui fait des onctions fur la poitrine & entre les épaules avec de l'huile benite, nommée par cette raifon l'huile des Catechuménes.. L'effet de ces onctions eft de donner de la force contre les tentations & les attaques du démon. Tout ce qui fe fait jufques-la regarde la preparation au Baptême, comme il pa roît par les ornemens violets.

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'Ancienne coûtume de l'Eglife étoit de ne baptifer folemnellement que deux fois. l'année, la veille de Pâque & la veille de la Pentecôte, & de-là vient que c'eft encore en ces deux jours que fe fait la benediction de l'eau, qui doit fervir au Baptême toute l'anMilf née. La ceremonie de cette benediction Rom. commence par plufieurs lectures de l'ancien Santo, Teftament, pour remettre en memoire aux Catechuménes les principaux points des in

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ftructions qu'ils ont reçûës, & ces lectures font entremêlées d'oraifons, pour leur obtenir la grace de naître veritablement. Enfuite l'Evêque ou le Prêtre, avec tout le Clergé va en proceffion aux fonts, qui font toujours à l'entrée de l'Eglife, & étoient autrefois dehors. Là il benit l'eau par des prieres magnifiques, qui marquent les mysteres & les miracles que Dieu a operez par cet élement, il fouffle deffus & y trempe le Cierge pafchal, pour montrer par ce fouffle & par ce feu la vertu du Saint Efprit, qui defcend en l'eau & le rend capable d'effacer les pechez & de purifier les ames, comme de fa nature elle pouvoit nettoyer les corps. Il y mêle enfin pour le même effet du faint Chrême & de l'huile des Chatechuménes. L'eau étant ainfi preparée, c'eft le tems de baptifer ceux qui font choifis. Après toutes les ceremonies qui ont été dites, le Catechuméne eft prefenté par fon parain & fa maraine, qui doivent avoir eu loin de fon inftruction particuliere. Le Prêtre revêtu de blanc lui demande fon nom, puis il lui fait faire fa profeffion de foi, en recitant le Sym bole, ou tout entier ou en abregé : il lui demande s'il veut être baptifé: enfin il le bap tife, ou par immerfion le plongeant dans l'eau par trois fois, ou par infufion, lui ver- Rit fant de l'eau fur la tête, & difant cependant Rom ces paroles: Je te baptife au nom du Pere, & du Fils, & du Saint Efprit. Le Baptême par immersion étoit autrefois le plus ordidinaire, & en effet baptifer fignifie plonger ou baigner. Enfuite le Prêtre lui fait fur le haut de la tête l'onction du faint Chrême

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