Cap. 8

afin que ceux qui n'entendent pas l'ancienne langue de l'Eglife ne foient pas privez d'inftruction. Il leur fait faire des prieres, pour tous les ordres de l'Eglife, pour les vivans & pour les morts, & il leur recite le Sommaire de la doctrine Chrêtienne, c'eft-à-dire le Symbole, l'oraifon Dominicale, les Commandemens de Dieu & les Sacremens, c'est Concil. ce que l'on appelle le Prône. Puis il fait le Trident Sermon, leur expliquant l'Evangile que l'on Seff. 22 vient de lire, & leur en faifant l'application pour la correction de leurs mœurs, Voilà la premiere partie de la Meffe, qui regarde principalement l'inftruction des Fidéles. La feconde eft l'Offrande. Le Prêtre revient à l'Autel, & falue le peuple encore une fois, puis il offre le pain & le vin, qui font la matiere du facrifice, & cette Offrande eft comme un premier facrifice que nous faisons à Dieu de ces créatures, qu'il nous a données pour nôtre nourriture, & qui vont être déConcil. truites en fon honneur. Le pain doit être Trident fans levain, fuivant la coûtume de l'Eglife 22 Romaine, le vin doit être mêlé d'un peu d'eau, pour reprefenter l'eau qui fortit avec epift.63 le fang du côté de Jefus-Chrift, & pour figad Cae nifier l'union de la nature divine avec la nacil. ture humaine, & du peuple Fidéle avec Jefus-Chrift. Le Prêtre encense l'oblation pour lui rendre honneur: & prie les Anges de porter devant Dieu l'odeur de ces parfums, c'eftà-dire nos prieres, dont elle eft l'image. Alors il reçoit les offrandes du peuple. Mais auparavant il fait baifer la Patene, ce que l'on appelle baifer la paix; parce que ce baiser se donne en figne de paix & de reconciliation

sap. 5

Cypr.

d'offrir

Matt.

parfaite, qui eft neceflaire avant que fon prefent à l'Autel, fuivant le commandement exprès de Jefus Chrift. Autrefois on s'embraffoit effectivement, & chacun offroit 5. 23 le pain & le vin qu'il devoit recevoir changé au Corps de Jefus-Chrift. De-la vient le pain & le vin que l'on offré encore aux Meffes des morts, & le pain que le Prêtre benit pour être diftribué en figne de communication, & reprefenter l'Euchariftie: comme l'eau benîte reprefente le Baptême. On offie enfuite des cierges, de l'argent, ou d'autres chofes que les Fidéles donnent volontairement, felon leur devotion, pour la fubfiftance des Clers & des pauvres, & pour l'entretien des Eglifes. Le Prêtre après avoir reçû l'Offrande, lave fes mains, demandant à Dieu la pureté neceffaire, pour lui offrir un facrifice agréable, & fe recommande * aux prieres des affiftans. C'est la feconde partie de la Meffe.

De la Confecration.

A priere fecrette, qui termine l'offrande, Sursum

Ife conclut par la preface, qui commen

corda,

ce l'action de la confecration & du facrifice. Elevez vos cœurs, dit le Prêtre. Le peuple : répond: Nous les avons à Dieu. Le Prêtre ajoûte : Rendons graces à Dieu Nôtre Seigneur. Le peuple répond Il eft jufte & raifonnable. Ce que le Prêtre repete, ajoûtant dans les jours les plus folemnels le Sommaire du myftere, & concluant toûjours par la mediation de Jefus - Chrift, & par l'union de nos prieres avec celles des faints Angesqui chantent inceffamment: Saint, Saint,

1fa.6.3 Saint', Seigneur Dieu des armées: comme témoigne le Prophete Ifaïe. Etant donc ainfi preparez, ayant élevé nos cœurs au-dessusde toutés les penfées de la terre, & nous unif fant en efprit aux troupes celeftes, pour adorer avec elles la Majefté du Tout-puiffant, nous attendons avec un profond refpect fon Fils unique, qui va defcendre fur l'Autel, par la vertu du Saint Efprit. Le Prêtre dit tout bas les prieres que l'on appelle le Canon, c'est-à-dire, la regle de la confecration de l'Euchariftie, qui ne changent jamais, quelque Office que l'on faffe. Ce Canon confifte en cinq Oraifons. Dans la premiere le Prêtre prie pour toute l'Eglife: nommément pour le Pape, l'Evêque & le Roi, pour ceux qu'il veut recommander, & pour tous les affiftans. Il fait memoire de la Sainte Vierge, des Apôtres & de quelques Martyrs, dont il demande que les prieres nous Hane aident. Enfuite il étend les mains fur l'oblagitar. tion, prononçant la feconde Oraison. Puis Qamil dit la troifiéme, où il recite l'hiftoire de oblation l'inftitution de l'Euchariftie, & la confacre en prononçant les propres paroles de JefusConcil. Chrift. Par cette parole toute-puiffante, qui a fait le Ciel & la terre, la fubftance du Jeff 13 pain & du vin eft changée en la fubtance du Corps & du Sang de Jefus-Chrift: les efpeces ou apparences demeurant les mêmes. Et quoi qu'il y foit vivant & glorieux, comme

Trid.

Can. 2

eft en effet dans le Ciel : toutefois la divifion des efpeces du pain & du vin reprefente la feparation de fon Corps & de fon Sang far la Croix, & l'état de fa paffion: car it eft la victime immolée. Auffi-tôt que les paroles de la confecration font prononcées,

le Prêtre adore Jefus-Chrift prefent, & l'éleve à la vûë du peuple, qui l'adore auffi : puis il continue la troifiéme Oraifon du Ca

non.

Il offre à Dieu en memoire de la paf*fion & de la refurrection de fon Fils, le pain de vie éternelle & le Calice du falut, c'est-àdire, le Corps & le Sang de ce même Fils, priant Dieu qu'il daigne recevoir agréablement de nos mains ce facrifice, qui rappelle Een memoire & continue en quelque forte celui de la croix: comme il a reçû autrefois celui d'Abel, celui d'Abraham, celui de Melchifedech, qui en étoient des figures, & F. que tous ceux qui y participeront, foient remplis de grace & de benediction celefte; Par la quatriéme Oraifon le Prêtre recommande à Dieu les Fidéles trépaffez, tant ceux 2. Men qu'il veut recommander en particuliere, mento. que tous en general. Par la cinquième, il fait Nobis memoire de plufieurs Saints, & demande, peccat. en frappant fa poitrine, que nous autres pecheurs nous ayons quelque part à leur gloire par la mifericorde de Dieu. Enfin il éleve la Ste. Hoftie fur le Calice en rendant honneur à la Ste, Trinité.

D

LEGON XLVIII.

De la Communion.

quoque

U tems des anciens Sacrifices, après que l'Hoftie avoit été offerte & égorgée, on en brûloit une partie, le reste étoit Levi.4 mangé par les Sacrificateurs, & par ceux 26.7 6 qui l'avoient offerte. Ainfi la veritable Hoftie 15. 16 ayant été offerte & immolées par la confecration, il ne reste plus que de la manger, & c'eft ce feftin fpirituel que nous appellons

Dei

la Communion, & qui eft la derniere partie de la Meffe. Elle commence par l'oraison Dominicale, où nous demandons à Dieu ce pain quotidien, ce pain qui paffe toute fubftance, ce pain qui est descendu du Ciel, Enfuite le Prêtre rompt l'Hoftie en trois parties, pour imiter Nôtre-Seigneur qui rompit le pain, lors qu'il le confacra : auffi le Sacrifice s'appelloit au commencement fraction du pain. Le Prétre met une de ces trois parties dans le Calice, pour mieux faire voir que ce n'eft qu'un feul Sacrement du Corps & du Sang de Jefus-Chrift. On demande enfuite la paix, c'eft-à-dire, la concorde & la chaAgnus rité parfaite, pour s'approcher de l'Agneau fans tâche, & en figne de cette paix, ou bien l'on s'embraffe les uns les autres, ou bien on baife une inftrument deftiné à cet ufage comme on a fait avant l'offrande. Le Prétre fait encore quelques prieres à Jefus-Chrift prefent au Saint Sacrement, pour lui demander la grace de communier dignement & utilement, & après avoir protefté tout haut fon indignité, en fe frapant la poitrine: il fe communie lui-même fous les deux efpeces. Il communie les Affiftans fous le feule efpece du pain, fuivant la coûtume, pratiquée de tout tems dans l'Eglife en certains cas, & reçüë univerfellement dans les derniers fiecles, pour éviter les irriverences Concil. & les divers accidens. Ceux qui communient doivent être exactement à jeun, fans Self. 21 avoir pris même une goûte d'eau, leur excap. 2 teriéur doit être propre & modefte, & leur interieur le plus pur qu'il eft poffible, Quiconque mangera ce pain, ou boira le Calice

Trid.

1. Cor.

II. 27