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du Seigneur indignement, dit faint Paul: fera coupable envers le Corps & le Sang du Seignenr. Que chacun donc s'éprouve avant que de manger ce pain, & de boire ce Calice: car quiconque le prend indignement, boit & mange fa condamnation, ne difcernant pas le Corps du Seigneur. Il faut être vivant pour fe nourrir; c'eft pourquoi ce Sacrement ne profite qu'à ceux qui font en étát de grace. Dans les premiers tems tous Dans Apoft. ceux qui affiftoient au Sacrifice, partici- IO. poient auffi par l'Offrande & par la Communion, & l'Eglife fouhaiteroit que tous com- Trid. muniaffent encore réellement: c'eft pourquoi self. 22 ils doivent communier au moins fpirituelle-cap 6. ment, par les faintes difpofitions du cœur. Po On termine la Meffe par l'Oraifon, qui con- Ε tient l'action de graces, puis le Diacre congedie le peuple, & le Prêtre donne la benediction.

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LEGON XLIX.

Des Meffes baffes & du Viatique.

E tout ceci il eft aife de comprendre Dcomment on doit entendre la Meffe.

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Concile

comm

Car le meilleur exercice que l'on y puiffe faire, eft d'être attentif aux inftructions qui s'y donnent, & concourir autant qu'il fe peut, aux actions & aux priéres du Prétre. Mais il ne faut pas croire que ce foit l'entendre, que d'y affilter feulement de corps ayant l'efprit ailleurs, occupé d'autre chofe que de Dieu. J'ai reprefenté une Mefle folemnelle; perce que toutes chofes s'y font plus regulierement. Mais l'Eglife a auffi l'u- Concil. fage des Meffes baffes, où le Prétre n'eft af Trid

2

Jeff 22 fifté que d'un Clerc, ou méme d'un Laïque, cap. 6 & le Sacrifice ne laiffe pas d'y étre parfait

quoi qu'il n'y ait, ni Offrande du peuple, ni Communion que du Prétre, ni quelquefois autre affiftant, que celui qui fert la Meffe, Mais encore que l'effentiel s'y trouve, la Majefté du Sacrifice y paroît beaucoup moins. Il y a moins d'utilité pour le peuple, quand il n'y a pas d'inftruction, quand il n'y a point de communians toutes les intentions de l'Eglife ne font pas remplies. L'ufage a introduit de communier fouvent hors la Meffe avec les Hofties que l'on garde dans le Tabernacle, & qui ne devroient étre que pour Condit les malades. Quand aux malades, lors qu'ils font en peril de mort, on leur doit donner le S. Sacrement comme Viatique, c'est-àdire, comme provifion de leur voyage; afim epift.57 qu'ils ne fortent pas de cette vie fans la proad corn. tection du Corps & du Sang de Jesus-Christ. Comme il faut adorer Jefus Chrift par tout Ibid.c.s où il eft: on rend les mémes refpects au S... Sacrement, lors qu'on le porte ainfi dans les

Trid.

Seff. 13'

cap.

Chr.

6

Concil.

Trid.

Rom

rues, que lors qu'il repofe dans l'Eglife, ou Ritual, qu'on le montre à la Meffe. Quand le Prétre eft arrivé dans la chambre du maladé, il y fait Ritual, quelques prieres avant que de le communier, Parif. & file malade eft un Prétre ou un Diacre, il fait fa profeffion de foi, en recitant le Symbole.

Concil.
Trid.

feff. 13

LEGON L.

Suite de l Euchariftie.

Ien que la fainte Euchariftie foit le vrai

B Corps de Jefus Chrift, il y eft routefois

6,13 d'une maniere furnaturelle & diviné, tout

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entier dans le tout, & tout entier en chaque
partie. De-là vient qu'il eft en méme - tems
en plufieurs lieux, au Ciel & fur la terre,
dans tant d'Eglifes, fur tant d'Autels, en
tant d'Hofties. De-là vient encore qu'il eft
auffi entier dans la plus petite particule, que
dans la plus grande Hoftie: qu'en la divifant,
on ne le divife point: que quand on en prend
plufieurs ensemble, on ne le prend point
plufieurs fois, qu'il eft autant fous une des
efpeces, que fous toutes les deux. Car la fe-
paration des efpeces ne fert qu'à representer
l'état où il étoit fur la Croix, après que tout
fon Sang fut répandu & feparé de fon Corps ;
mais en effet, le Corps & le Sang ne font
point divifez dans l'Euchariftie, puis que le
Corps eft vivant & animé, & le même qui
eft glorieux au Ciel. Ainfi par tout où eft le
Corps, le Sang y eft auffi, & par tout où est
le Sang, le Corps y eft: par une fuite necef-
faire, que
l'on nomme concomitance. Ce
Sacrement eft bien au-deffus de tous les au-
tres, d'où vient que l'on l'appelle par excel-
lence le faint Sacrement. L'eau où l'huile ne
font Sacremens, que dans l'ufage actuel,
l'Euchariftie l'eft toujours, tant que Jefus-
Chrift y eft prefent, c'eft-à-dire, tant que les
efpeces fubfiftent. Les autres Sacremens ne
font que des fignes de la grace, l'Euchariftie
contient la fource des graces, Jefus-Chrift
vrai Dieu & vrai Homme. Elle ne laiffe pas
d'être figne en plufieurs manieres. Premiere-
ment les efpeces du pain & du vin, confa-
crées par la parole de Jefus Chrift, font les
fignes de la prefence réelle de Jesus-Chrift
Secondement, ce Sacrement nous fait fo

venir de fa Paffion. En troifiéme lieu, il

nous avertit que nous fommes tous un même corps; puis que nous participons à un 1. Cr. meme pain. Enfin ce nous eft un gage, que 10. 17. Dieu fe donnera un jour à nous à découvert comme il fe donne à present caché fous ces apparences étrangeres.

LEGON LI.

Du Sacrement de Penitence. De la
Contrition.

Es Chrétiens devroient n'avoir jamais befoin d'eurre Sacrement, que de l'Euchariftie, pour entretenir la grace qu'ils ont reçûë au Baptéme & à la Confirmation, & aller toûjours croiffant dans la vie fpirituelle. Il a méme la force d'effacer les fautes legeres & journalieres. Mais il n'arrive que trop fouvent, que les Chrêtiens commettent des pechez mortels, qui éteignent en eux la charité, & les rendent dignes de la mort éternelle. Tels font l'impieté, l'homicide, l'adultere; & tous les crimes qui violent quelque commandement du Decalogue en matiere importante. Pour fortir de cet état de mort, & reffufciter fpirituellement, Jefus-Christ a inftitué le Sacrement de Penitence, qui ref femble au Baptême, en ce qu'il remet auffi les pechez; & qu'il fuppofe la converfion du coeur, & la refolution de changer de vie, comme le Baptême dans les Adultes. Mais la Penitence eft differente en ce qu'elle ne remet point le peché originel: n'étant inftituée que pour les Chrêtiens, qui font tombez Concil, après leur Baptême. De plus, quelques criTriden mes qu'un homme ait commis avant fon

A

Baptême, en quelque quantité & quelques feff. 6: énormes qu'ils foient: on ne l'oblige point à cap. 14. les declarer en particulier; & on ne lui fait. 14 de fœn E fouffrir aucune peine pour les reparer. Mais on n'accorde la Penitence, qu'à condition de fouffrir quelque peine temporelle proportionnée au peché, & par confequent il faut le confeffer diftinctement. Et certainement il est bien raisonnable que l'on traite differemment, , ceux qui ont peché dans l'aveuglement de l'infidelité, où ils n'avoient point fe puiffant fecours de la grace, contre leur concupifcence: & ceux qui ont été une fois illuminez au Baptême, qui ont été faits par- Heb. ticipans du S. Efprit à la Confirmation, qui 6. 4. ont goûté le don celefte de l'Euchariftie, la beauté de la parole de Dieu, l'excellence du fiecle à venir: & qui font tombez après tant d'avantages, crucifiant en eux-mêmes de nouveau le Fils de Dieu. Ceux-là meritent fans doute, que Dieu leur faffe acheter par des larmes & des œuvres laborieuses la grace qu'il leur fait, de les renouveller par la Penitence. C'est bien affez qu'il leur remette gratuitement la coulpe: c'eft-à-dire, la tâche du peché, & qu'il les décharge de la peine éternelle. La Penitence a donc trois parties, la contrition, la confeffion, la fatisfaction. La contrition', c'est-à-dire, la douleur qui brife le cœur, doit être furnaturelle. Car il ne fuffit pas d'être affligez de nos pechez, par des morifs temporels: à caufe des maux que nous fentons, ou que nous craignons en cette vie. Il faut que cette douleur foit fondée fur la Foi, & qu'elle ait pour motif, ou la bonté infinie de Dieu, ou du moins fa ju

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