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ftice & fa puiffance, qui peut recompenfer & punir éternellement. Si c'eft purement l'amour de Dieu qui faffe détefter le peché, c'eft la contrition parfaite: fi la contrition eft imparfaite, étant fondée fur la confideConcil. ration de la laideur du peché, ou fur la crainTrid. te de l'enfer: on l'appelle attrition. C'eft une 4d difpofition fainte & utile pour le Sacrement 6. de Penitence; mais il faut qu'elle excluë entierement la volonté de pecher: ce qui enferme un commencement d'amour de Dieu. LEÇON LII.

6. 6.

Concil.

Trid.

4

Cu

Da la Confeffion & de la fatisfaction. Elui qui veut revenir à Dieu, après avoir perdu la grace de fon Baptéme, doit commencer par examiner fa cnofcience Jeff 14 très-foigneufement, pour connoître autant qu'il pourra, le nombre & la qualité de ses pechez, leurs caufes & leurs fuites, fes paffions & fes habitudes. Il doit fur tout bien fonder fon cœur: fi c'est tout de bon qu'il veut fe convertir, s'il eft bien convaincu de l'énormité du peché; qui eft le feul vrai mal qui attaque la Majefté de Dieu même, & qui merite une peine éternelle: s'il eft bien touché de l'ingratitude, dont il a ufé envers Dieu fon Createur, fon Redempteur, fon Souverain bienfaiteur; & de la perfidie avec laquelle il a violé les promeffes de fon Baptême; s'il détefte fa vie paflée, & s'il eft bien refolu d'en commencer une nouvelle, moiennant la grace de Dieu. Qu'il aille enfuite trouver fon Pafteur, ou quelque autre Prêtre approuvé de fon Evêque, & ayant pouvoir de l'abfoudre ; & qu'il lui faffe fa confefsion:

lui déclarant tout au long l'état de fon ame, avec grande fimplicité. Qu'il écoute fes avis avec refpect, & fe foûmettre humblement à la fatisfaction qu'il lui impofe, quelque rude qu'elle lui paroiffe: puis qu'elle fera toûjours fort legere en comparaifon des penitences cononiques. Enfin qu'il ne murmure point, =fi on lui differe l'abfolution: puis que cen'eft pas à lui à juger de la conduite du Prêtre qui eft fon juge. Le Prêtre a le pouvoir de retenir les pechez, auffi bien que de les ́remettre ; & il fe charge devant Dieu de tous les pechez qu'il remet, ou qu'il retient mal-à-propos. Il doit refufer l'abfolution à celui qui ne fçait pas les veritez neceffaires pour le falut:comme le Symbole & les Commandemens de Dieu; à celui qui n'eft pas ontrit, c'eft à-dire qui n'eft pas affligé de fon peché, ou ne l'eft que par quelque interêt temporels ou ne renonce pas à toute volonté de pecher à l'avenir à celui qui ne veut pas reftituer le bien d'autrui qu'il poffede, ou qui ne veut pas quitter l'occafion prochaine du peché ou qui tombe souvent dans les mêmes crimes: ou qui ne veut pas pardonner à fon ennemi: à celui qui ne veut pas accepter la fatisfaction qui lui eft impofée. En un mot, à tous ceux à qui il juge que le Sacrement feroit inutile par leur mauvaife difpofition. Le Prétre ne peut abfoudre un homme en cet état, fans fe damner avec lui. Que fi la difpofition du penitent eft douteufe: le Prétre doit fufpendre l'abfolution, pour l'éprouver quelque tems. Il doit impofer la penitence la plus approchante qu'il pourra, des peines canoniques: eû égard à

:

l'âge, au fexe, à la force & à la ferveur du Conc. penitent. Les peines canoniques font de plu-> Trident fieurs années pour les grands crimes: comJeff 14. me pour un parjure ou un adultere, fept cap. 8. ans; pour une fimple fornication trois ans, & ainii du refte.

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LEGON LIII.

De la Penitence publique.

On ne peut mieux connoître quelles font

les intentions de l'Eglife, dans l'adminiftration de ce Sacrement: que par les ceConcil. remonies de la penitence publique. Ceux qui Tridens ont fait des pechez publics & fcandaleux; Jef.24. doivent en faire penitence publiquement; reform. & s'ils ne s'y foûmettent, l'Evêque a droit cap de les retrancher de l'Eglife. S'ils demandent Pontif. Rom. de penitence, après s'être confeffez à l'Evêque, expulf. ou à fon Penitencier, ils viennent le mer-publ. credi des Cendres à l'Eglife cathedrale, vétus pauvrement & nuds pieds, le vifage panché, vers la terre. L'Evéque étant affis au milieu de l'Eglife, ils entrent & fe profternent contre terre avec larmes; puis ils s'approchent, & il leur met à chacun des cendres fur la tête, difant; Souviens-toi homme que tu es poudre, & que tu retourneras en poudre ; fais penitence pour avoir, la vie éternelle. Il benit des cilices, dont il leur couvre la téte; & fe mettant à genoux, tout le Clergé & le. peuple étant profterné à terre, il recite les. fept Pfeaumes de la penitence, avec les Litanies & quelques prieres pour demander à Dieu qu'il leur pardonne leurs pechez, & leur faffe la grace de changer de vie. Enfuite il leur fait un Sermon: où il leur re

prefente comme Adam après fon peché fut chaffé du Paradis terreftre, chargé de plu=fieurs maledictions, & qu'à fon exemple ils vont être chaflez de l'Eglife pour un tems. En effet, il en prend un par la main, & ils fe prennent tous les uns les autres, tenant des cierges allumez; ainfi il les chaffe de l'Eglife avec larmes, & cependant on chante, ce que Dieu dit à Adam en le chaffant du Paradis. Les penitens fe mettent encore à genoux à la porte de l'Eglife, & l'Evêque debout les avertit, de ne point defefperer de la mifericorde de Dieu, de s'appliquer aux jeûnes, aux oraifons, aux pelerinages, aux aumônes, & aux autres bonnes œuvres; afin que Dieu leur faffe faire des fruits dignes de penitence. Auffi-tôt on ferme à leur yeux -la porte de l'Eglife, & l'Evêque étant rentré, commence la Meffe: qui ce jour-là & pendant tout le Carême convient à la peni tence. Les penitens ne rentrent plus dans l'Eglife jufqu'à leur abfolution folemnelle, & accompliffent cependant leur penitence. Ils doivent s'abftenir de tout divertifferent, de toute fonction publique, & éviter la compagnie, autant qu'il leur eft poffible. Ils jeûnent ou au pain & à l'eau, ou avec moins de rigueur, ou tous les jours, ou certains jours de la femaine fuivant qu'il a été prefcrit à chacun, à proportion de fes pechez & de fa contrition. Les œuvres penales aufquelles les penitens doivent s'ap pliquer, font d'ordinaire des jeûnes, des prieres, des aumônes : & tout ce que l'on appelle œuvres de mifericorde, tant corpo- Matth. relles que fpirituelles. Les corporelles font 25, 55

:

Pontif. Rom.

de re

conc.

huit Donner à
:
manger
à ceux qui ont
faim, donner à boire à ceux qui ont foif,
vêtir les nuds, loger les paffans, vifiter les
malades, vifiter les prifonniers, racheter les
captifs, enfevelir les morts. Les fpirituelles
font fept: Enfeigner les ignorans, corriger
les pecheurs, donner confeil, confoler les
affligez, fouffrir les injures, pardonner les
offenfes, prier pour les vivans, pour les
morts, & pour ceux qui nous perfecutent,
LEÇON LIV.

De l'Abfolution folemnelle, & des cas re

fervez.

A penitence étant achevé, on donne l'Abfolution folemnelle le Jeudi faint: ou du même Carême : ou d'une autre année, panit. fuivant le tems prefcrit à chacun, l'Evêque accompagné de l'Archidiacre & de plufieurs autres Officiers fe profterne, & recite les fept Pfcaumes & les Litanies, pendant lef quelles il envoye deux Soûdiacrés, puis deux autres, pour confoler les penitens, qui font hors la porte de l'Eglife; puis un Diacre qui leur allume leurs cierges. Enfuite l'Evêque vient s'affeoir au milieu de l'Eglife, avec fon Clergé debout, rangé de part & d'autre; & l'Archidiacre s'avançant, lui reprefente que le tems favorable s'approche, où l'Eglife doit fe réjouir de la conversion des bâtifez & des penitens: que ceux-ci profternez devant lui, après s'être long-tems affligez, demandent mifericorde, & eiperent de l'obtenir. L'Evêque vient à la porte, & leur fait une exhortation fur la clemence de Dieu, leur faifant efperer une prompte ab

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