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folution l'Archiprêtre s'avance, intercede encore pour eux, & rend témoignage, qu'ils font dignes d'abfolution. Alors l'Evéque, comme vaincu par les prieres de toute l'E1glife, prend un des penitens par la main, 1 & les fait ainfi rentrer dans l'affemblée des Fidéles, Il fait encore plufieurs prieres, où l'on voit que toute l'efperance des pecheurs eft fondee fur les merites de J. C. & fur le pouvoir qu'il a donné à fes Miniftres, quoi que pecheurs eux-mêmes. Enfin il leur don ne l'abfolution folemnelle: après laquelle ils vont quitter leurs habits de penitens, & reviennent plus propres affifter à la Meffe & aux Offices comme auparavant. C'est de cette abfolution folemnelle, que font venues les abfoutes, qui fe font le jeudi Saint dans toutes les Eglifes Cathedrales & Paroiffiales: & qui étant reçues avec devotion, peuvent attirer la grace de la penitence. Le but de ces faintes ceremonies eft de nous donner une grande idée de l'énormité du peché, & de la difficulté de la penitence. Er quoi qu'à préfent la penitence publique foit peu en ufage: nous y voyons fenfiblement quelle doit étre la penitence, même fecrete, pour les grands pechez, c'est-à-dire, que la contrition doit toûjours étre fort grande & fort éprouvée. Il n'y a point de peché fi énorme, qu'il ne puiffe étre remis, par le pouvoir que Jefus-Christ a donné à fon Egli- Concil fe. Mais pour donner plus d'horreur des = grands crimes : les Evéques en communiquant aux Prétres le pouvoir d'abfoudre, fe refervent l'abfolution de certains cas, pour lefquels il faut s'adresser à eux ou à leur pe

Trid.

feff. ro

5. capa

7

nitencier; & il y a méme des cas refervez au Pape. Mais toutes ces referves ceffent à l'article de la mort.

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LECON 1. V.

De l'excommunication: des pechez veniels. Eux qui ne demandent point la penitence, après avoir commis des crimes, dont ils font convaincus, ou par leur propre confeffion, ou par des preuves fuffifantes: ceux-là doivent être privez des Sacremens: & s'il perfeverent, après avoir été avertis plufieurs fois l'Evêque a le pouvoir de leur défendre l'entrée de l'Eglife, & méme de les excommunier: c'est-à-dire, de les retrancher de la focieté des Fidéles, comme des membres corrompus, qui ne peuvent plus fervir Matt. qu'à infecter le refte du corps. L'excommu18. 17 nié denoncé publiquement eft regardé comme un infidéle, dont les Chrêtiens doivent fuir le commerce, hors le cas de neceffité. Mais s'il fe convertit, il fera reçû à penitence. Il y a des pechez, pour lefquels le Sacrement de Penitence n'eft point neceffaire ; fçavoir les pechez veniels, ou pardonnables: qui font les fautes d'ignorance ou de foibleffe, dans lefquelles il eft difficile que les juftes mémes ne tombent. Tels font de petits excès de bouche, des paroles de vanité, d'aigreur, ou d'impatience, de courtes diftraAfric. tions dans la priere, la perte d'un peu de tems, & les autres fautes femblables. Il y a d'autres moïens de les effacer : fçavoir la 11. priere, l'aumône & les autres bonnes ceuvres: toutefois il eft très-utile de s'en confeffer, pour s'humilier d'autant plus, & recevoir les confeils propres à s'en guerir, L'ufa

Can.

114. Eccl.

Conc. Trid. Sell 6.

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ge en est établi dans l'Eglife; & c'est ce qui a rendu plus frequent le Sacrement de Penitence, qu'il ne l'étoit autrefois. Or quoi qu'il ne foit pas neceffaire de fe confefler des pechez veniels : toutefois fi l'on s'en confeffe, on doit en étre veritablement contrit, & refolu de s'en corriger. Il est très-dangereux de meprifer ces pechez, quelque petits qu'ils nous paroiffent: & très-important de s'en purifier fouvent, foit par le Sacrement, soit par quelque autre forte de penitence. Car encore qu'ils n'éteignent pas la charité, ils l'affoibliffent, & nous mettent en danger de tomber dans de plus grands pechez. Le moindre peché eft toûjours un très-grand mal: pire que les maladies, les pertes des biens, la douleur corporelle, l'infamie, la mort même; cn forte qu'un Chrétien doit plûtôt s'expofer à tous ces maux temporels, que de commettre un peché veniel de propos deliberé. Tous les pechez, tant mortels que veniels, fe rapportent à fept principales fources. La gourmandife; l'impudicité: l'avarice: la colere: l'envie; la pareffe: l'orgueil. D'autres ajoûtent la vanité, & mettent le chagrin pour la pareffe.

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Détoient en vigueur: il arrivoit fouvent,

U tems que les penitences canoniques

que les Evéques touchez de la ferveur du penitent, luien remettoient quelque partie: ou pour la longueur du tems, ou pour la rigueur des peines. Depuis il fut affez ordinaire de le remettre, en confideration de

quelques bonnes œuvres moins penibles; comme des aumônes, des pelerinages, le fervice de la guerre contre les infidéles. Tout cela s'appelle indulgence. Les Evéques en donnent encore quelquefois, comme à la confecration des Eglifes. Mais c'est le Pape qui les donne le plus ordinairement: & il les applique à ceux qui recitent certaines prieres, qui affiftent aux offices, ou vifitent les Eglifes à certains jours, qui font quelques jeûnes Levit. ou quelques autres bonnes œuvres. L'indul25. 10. gence la plus folemnelle eft celle du Jubilé : ainfi nommé du Jubilé de l'ancienne loi, qui remettoit tous les cinquante ans toutes les dettes. On en a abregé le terme de moitié, & on l'a mis à vingt-cinq ans; & de plus, il ya quelquefois des Jubilez extraordinaires : à l'occafion, par exemple, d'une guerre des infidéles, ou de quelque autre befoin de l'Eglife. Ces indulgences font un remede très-utile, depuis que l'on a fi fort adouci les penitences. Ĉar la juftice de Dieu étant toûTrident jours la même: nous avons fujet de crainfe. 25. dre qu'il ne foit pas fatisfait des penitences in fini. legeres que l'on nous impofe, & du peu de

Con

foin que nons avons d'y en ajoûter de volontaires: ainfi nous ne devons point perdre d'occafion, de profiter des indulgences. Mais il faut bien se fouvenir qu'elles ne fuppléent qu'à la fatisfaction, & non pas à la contrition; & qu'elles ne profitent qu'à ceux qui font veritablement convertis : car Dieu re fe paye pas de formalitez. Nous pouvons encore être aidez par les bonnes œuvres des autres, qui prient ou jeûnent pour nous: fuivant l'application qu'il plaît à Dieu de rous

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en faire. C'eft l'effet de la Communion des Saints: & c'eft ce qui nous doit rendre fort foigneux, de prier les uns pour les autres & de nous recommander aux prieres des Saints qui font fur la terre: & encore plus des faintes ames qui font dans le Ciel. Il ne refte que ce feul remede à ceux qui fortent de cette vie en état de grace; mais chargez de quelques pechez veniels: ou de quelque partie de peines temporelles qu'ils devoient à Dieu. Ils ne peuvent être aidez que par les fuffrages des vivans. Ils fouffrent cependant Trid. la peine, que nous appellons Purgatoire: feß. 6. parce qu'elle eft neceflaire pour les purger feff. 25 entierement, & les rendre dignes d'entrer dans le Ciel. C'est pour cela que l'Eglife a cip in prin prié de tout tems pour ceux qui font morts dans fa paix & fa communion: & qu'elle offre pour eux des aumônes, des facrifices & toutes fortes de bonnes oeuvres.

LEÇON LVII.

De l'Extréme - Onition

Concil.

can. 30

Ous avons befoin à la mort d'un fe- Concil.

Ncours particulier de Dieu :

5. 149

les attaques Trid. du diable font alors plus violentes, & l'ame Jeff 14 fe reffent de la foibleffe du corps. Ce fecours Jacq. nous eft donné par un Sacrement, que l'Apôtre faint Jacques nous explique en ces termes Quelqu'un eft-il malade? qu'il appelle les Prêtres de l'Eglife, & qu'ils prient fur lui, en l'oignant d'huile, au nom du Seigneur. La priere de la foi fauvera le malade, le Seigneur le relevera; & s'il a commis des pechez, ils lui feront remis. Ce Sacrement a donc trois effets : premierement il remet

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