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fortes de crimes, fous pretexte de religion.

Car leurs fêtes n'étoient que jeux de diffoluSap. 14 tion. On honoroit Bacchus, en beuvant avec 22 23 excès: ils y avoit des lieux où les femmes s'abandonnoient publiquement en l'honneur de Venus; d'autres, où les peres facrifioient Barut. & brûloient leurs propres enfans, pour appai443 fer les dieux infernaux. Il y avoit mille imHerod. pofteurs, qui fe vantoient d'être les Prophetes de ces dieux, & de prédire l'avenir, ou deviner les chofes cachées: les uns par l'aftrologie, les autres par l'obfervation du vol ou du chant des oifeaux, ou par les entrailles des victimes. On croioit des jours heureux, d'autres malheureux: on obfervoit les fonges: tout étoit plein de fuperftitions ridicules. Cependant la corruption des mœurs étoit uniRom.1. verfelle; tous les vices regnoient fur la terre, 3Z II & quoi que la lumiere de la raifon & la loi de nature reftât dans le cœur des hommes, elle étoit fi peu fuivie, qu'elle ne fervoit qu'à les rendre coupables d'agir contre leur confcience. Il étoit reservé au Sauveur, de tirer le genre humain de cette mifere.

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LECON XVI.

De David & du Meffie.

A Près que les Ifraëlites eurent été long

têms gouvernez par des juges, ils voulurent avoir des Rois. Le premier fut Saül, Reg. de la tribu de Benjamin: qui fut bien-tôt réprouvé pour fes pechez. Le fecond fut Reg David, de la tribu de Juda; que Dieu trou

va felon fon coeur, & le fit facrez avec de
l'huile fainte, par le Prophete Samuël. Il fut
long-tems perfecuté par Saul; & étant deve

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Rega

nu Roi, il foûtint de grandes guerres contre les infideles; mais enfin Dieu le délivra de tous fes travaux, le mit au-deffus de tous fes ennemis, & le combla de richeffes & de gloire. Auffi fut-il fort fidéle à le fervir. Toute Att. fon application étoit de méditer la Loi de Dieu, 1321 la mettre en pratique, & la faire obferver à P100 fes fujets: c'eft à quoi il emploioit fa puiffance. Comme il avoit l'efprit très beau, & entendoit parfaitement la poëfié & la mufique, il compofa un grand nombre de cantiques pour louer Dieu & enfeigner lá vertu: & ce font le Pieaumes, que nous chantons encore tous les jours. Jerufalem, qui avoit été autrefois la demeure de Melchifedech, fut auffi celle de David. Il y bâtit un palais fur la montagne de Sion, où il fit apporter l'arche 7 d'alliance. Il vouloit bâtir un Temple magnifique, pour le placer, & faire les Sacrifices. Car depuis que le peuple étoit entré dans la terre promife: il n'y avoit point encore de lieu fixe, pour le fervice Divin. Mais Dieu declara à David, que cet honneur de bâtir le Temple étoit refervé à fon fils; & lui promit en même tems, que fa pofterité regneroit éternellement fur le peuple fidéle. C'eft donc un renouvellement d'alliance, que Dieu fit avec ce faint Roi. Car il promit auffi de Pf.131 donner un repos éternel à fon peuple, & de prendre Jerufalem pour fa demeure; c'est-àdire, pour le lieu où il vouloit que fon nom fût honorée, & fa prefence au milieu de fon peuple particulierement reconnuë. Ainfi cette fainte Cité devint l'image de l'Eglife qui eft l'affemblée des Fidéles, & du Ciel, qui eft le fejour des Bienheureux. Dieu découvrit en

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même tems à David de plus hauts Myfteres, Il lui revera que le Sauveur des hommes feroit de fa race: qu'il feroit Roi: qui regne roit, non feulement fur la maifon d'Ifraël, mais encore fur toutes les nations de la terre: & que fon regne n'auroit point de fin. - Qu'il feroit Pontife, non felon l'ordre d'Aaron, mais felon l'ordre de Melchifedech, plus ancien que la Loi écrite qu'il feroit fils de Dieu, & Dieu lui-même. Tout cela fut revelé à David. Mais il lui fut auffi revelé, que 8. Sauveur avant que d'arriver à fa gloire, fouffriroit de grandes afflictions: dont celles de Pf. z. David n'étoient qu'une legere peinture. De

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puis ce tems les Ifraëlites nommerent le Sauveur, qu'ils attendoient, Messie ou Christ: c'est-à-dire oint, ou facré avec l'huile fainte: dont on avoit accoûtumée de facrer les Rois & les Sacrificateurs. Ils l'appelloient auffi le fils de David.

LEGON XVII.

De Salomon & de la fageffe.

Ntre les enfans de David, Salomon fut

3.Par. Echoif de Dieu, pour regner après lui, & pour être l'Imáge du Meffie dans fa gloire, car il regna toûjours en paix. Ce fut lui qui bâtit le temple, dont fon pere lui avoit laiffé le deffein & tous les preparatifs. C'étoit un fuperbe bâtiment, tout revétu d'or en dedans, & divifé en deux parties: dont la plus fecrette étoit le fanctuaire, où repofoit l'Arche d'alliance, fous les Cherubins. Le fouverain Pontife êtoit 6. Reg. le feul à qui l'entrée en fut permife: encore n'y entroit-il qu'une feule fois l'année,

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3 Reg.

Υ portan te fang des victimes. Auffi ce fanctuaire étoit la figure du Ciel, qui êtoit fermé pour les hommes, jufqu'à ce que le Heb. Chrift y entrât couvert de fon fang. De- 11. vant le Temple êtoit l'autel pour les holocauftes & les autres facrifices : dans une grande cour environnée de galleries, avec plufieurs fales & divers appartemens: pour toutes les fonctions des facrificateurs & des levites. Il n'y avoit que ce feul Temple, dans toute la terre d'Ifraël; & il n'êtoit permis de facrifier que fur ce feul Autel: pour rendre plus fenfible l'unité de Dieu & de fon Eglife. Salomon vécut dans l'état le plus heureux, que l'on puiffe imaginer fur la terre. Il commandoit à plusieurs nations étrangeres, outre le peuple de Dieu: il avoit des richeffes immenfes, une prodigieufe 34.9 quantité d'or & d'argent, & jouïffoit de 10 tous les plaifirs de la vie. Mais ce qui étoit bien plus excellent, que tous les tréfors & que tous les plaifirs fenfibles : c'eft la fageffe, que Dieu lui avoit donnée, & qui le mettoit au-deffus de tous les hommes. Nous la voions encore dans fes écrits: où il enfeigne la fageffe veritable, qui eft de bien regler nos mœurs. On y voit la defcription de la fagef- Prov. fe de Dieu, fource de celle des créatures. 8. 22 Elle dit qu'elle étoit en Dieu au commenceᏅ . ment: avant qu'il formât ni la terre, ni la mer, ni les Ĉieux, ni les abîmes. Qu'elle affiftoit à la production de tous fes ouvrages, & faifoit tout avec lui, en fe jouant. Elle ajoûte que fes délices font d'être avec les hommes: & les invite tous à s'approcher d'elle, à s'enrichir de fes tréfors, & le railaH

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'fier à son festin : c'eft-à dire fe remplir de fa doctrine où fe trouve la vie & le falut. C'eft ainfi que ha fageffe parle, dans les proverbes ou fentences morales de Salomon. Il a compofé un cantique, où il reprefente l'affection de Dieu envers fon Eglife: fous l'image de l'amour le plus fort qui foit entre les hommes, qui eft celui d'un époux & d'une épou3 Reg. fe. Mais il profita fi mal des dons de Dieu, qu'il s'égara dans fa vieilleffe, pour s'être trop abandonné aux plaisirs, particulierement des femmes. Il en aima un nombre exceffif, même d'étrangeres, qui l'engagerent dans l'idolatrie; tant fa foibleffe fut grande Dieu le permit ainfi pour nous montrer par là chûte d'un homme fi fage, le danger qu'il y a dans le plaifir & dans la profperité temporelle? & pour nous convaincre de ce que Eccl. 1 Salomon a dit lui-même, que tout n'eft que mifere & vanité fous le Soleil.

LEGON XVIII.

Du Schifme des dix Tribus, ou de Samarie.

Pfon Royaume fut divifé après fà mort.

Our punition des pechez de Solomon,

Il n'y eut que la tribu de Juda & celle de 3 Reg. Benjamin, qui obéirent à fon fils Roboam; les dix autres reconnurent pour leur Roi Ibid. Jeroboam: de la tribu d'Ephraïm. Ce rebelle

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craignit que les Ifraëlites ne retournassent à l'obeiflance de leur Roi legitime, s'ils continuoient d'aller faire leur prieres & leurs facrifices à Jerufalem. Pour les en détourner, il changea la religion, & comme ils aimoient les idoles, il mit deux veaux d'or en deux endroits de fon roiaume: il éleva plu

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