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der aux idées de bonheur, que nous avons en cette vie. D'un autre côté fera l'enfer, le feu éternel, la géenne, les tenebres exterieures, la mort éternelle : là feront les pleurs & les grincemens de dents: le ver qui les ronge ne mourra point, c'eft-à-dire, le remors & le reproche de la confcience. Or la vie éternelle confifte, comme il nous enfeigne, à voir Dieu, être avec Jefus Chrift, & voir la lo. 17 gloire qu'il avoit avant la création du mon- $ 3 de: à être tous un en Jefus-Chrift, & par lui être unis à Dieu d'une charité parfaite. Voilà le fommaire de la doctrine de Jefus Chrift.

LEGON XXXVII.

Des ennemis de fefus.

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19.

10.

24

Efus-Chrift préchant cette doctrine, & la foûtenant par fes vertus & par fes miracles, devint odieux au monde; c'est-à dire aux hommes corrompus, à qui il mòntroit la verité, qui les condamnoit. Ils ai- Io. moient mieux les tenebres que la lumiere, parcé que leurs œuvres étoient mauvaises. Ils jugeoient de lui felon les apparences & le méprifoient comme un Galiléen de Nazareth, fils d'un charpentier, Les Juifs charnels le voiant fi pauvre, fi humble & fidoux; ne pouvoient croire qu'il fût ce grand Roi fils de David, qui devoit venir les délivrer de leurs ennemis, & foûmettre toutes les nations à fom empire. Ceux qui le haïffoient le plus, étoient les Scribes ou Docteurs, les Pharifiens, les Sacrificateurs & les fenateurs,. qui gouvernoient le peuple. Ils étoient envieux de fa gloire, & irritez, des reproches

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1

!

23

Matth. qu'il leur faifoit. Les Docteurs ne pouvoient fouffrir qu'il montrât au peuple leur ignorance, & le mépris qu'ils faifoient de la loi de Dieu pour établir des traditions huMatth. maines. Il faifoit connoître l'hypocrifie des 26 16 Pharifiens: leur orgueil & leur avarice., Ils Act. 6 le haïffoient tous, parce qu'il predifoit la

14

Io.

46

ruine du temple & de la ville qu'ils regar doient comme un lieu où la vraie Religion étoit attachée, & qui ne devoit jamais être détruit. Cependant ils n'avoient rien à lui 8 reprocher, & il leur dit publiquement: Qui de vous me reprendra de peché? Quoi que fa vie fût expofée à la vûë de tout le monde. Ils ne laifferent pas de le calomnier, de ce qu'il gueriffoit des malades le jour du Sabat, & de ce qu'il difoit qu'il étoit le fils de Dieu venu du Ciel, quoi qu'il ne leur parlât qu'au nom de Dieu, & qu'il ne cherchât que la gloire de Dieu: quoi que les miracles qu'il To. 15 faifoit, & dont on n'avoit jamais vu des. femblables, fuffent une preuve infaillible de la verité de fes paroles, & de l'accompliffement des Propheties, qui leur promettoient le Chrift. Ses ennemis aiant refolu de le faire mourir, ne purent executer leur deffein, que quand fon heure fut venue; c'est-à-dire, dans le tems où il avoit refolu de fouffrir. Jufques-là, il fe cacha plufieurs fois; & un jour comme ils penfoient le prendre, il fe rendit invifible & pafla au milieu d'eux. D'ailleurs ils fe prefferent de le perdre, voiant 30 que fes miracles le faifoient fuivre de tout le monde; & que venant à Jerufalem pour 10.2.19 la Pâque, on lui avoit fait une entrée magnifique, Car le peuple vint en foule au devant

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10.

30,

Luc.

4

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de lui, portant des branches de palmiers en
figne de joie, & criant Ofanna, c'est-à-dire,
fauvez, nous fils de David, beni foit celui qui
· vient au nom du Seigneur. C'étoit le recon-
noître publiquement pour le Meffie. Ses en-
nemis ne le purent fouffrir; ils tinrent con-
feil, ils refolurent de le prendre par artifice,
& gagnerent Judas Iscariot un des douze
Apôtres, qui promit de leur livrer fon Maî- Matth.
tre pour trente ficles d'argent, c'eft-à-dire, 36. 14
environ quinze écus de notre monnoie,

LECON

XXXVIII.

De la Céne de notre Seigneur Jesus-Chrift.
E têms de la Pâque étant venu, Jesus vint

,

1 Cor.

II. 13

avoient preparé par fon ordre; pour y man-
ger l'Agneau, fuivant la coûtume. Dans ce Io. 13
foupé, que l'on appelle auffi la Céne; il fe
leva de table & leur lava les pieds à tous; pour
leur montrer l'exemple de fe fervir les uns
les autres, & pour achever de les purifier.
Puis il fe remit à table; & comme ils man-
geoient, il prit du pain, rendit graces à Dieu, Matth
benit le pain, le rompit & le diftribua à fes 25. 26
Difciples, difant: Prenez, mangez, ceci eft
mon Corps, qui fera livré pour vous, faites
ceci en memoire de moi. Tout de même
après le foupé, il prit le Calice, c'est-à-dire
la coupe, où il beuvoit, avec du vin, &
ayant rendu graces, le benit & leur donna,
difant: Beuvez tous de ceci, car c'e mon
Sang de la nouvelle alliance, qui fera répan-
du pour vous, & pour plufieurs, en remif
fion des pechez: faites ceci, toutes les fois
que vous en boirez, en memoire de moi,

Ce fut ainfi que Jefus inftitua le faint Sacre ment de fon Corps & de fon Sang, que nous 10.6 4z appellons l'Euchariftie. Il avoit dit aux Juifs, 10. qu'il étoit le pain vivant, descendu du Ciel,

que qui mangeroit ce pain vivroit éternellement; & que l'on ne pouvoit avoir la veritable vie fans manger fa chair & boire fon fang. Car ma chair, difoit-il, eft vraiment viande, & mon fang eft vraiment breuvage. qui mange ma chair & boit mon fang, demeure en moi & moi en lui. Les Juifs avoient, été choquez de ce difcours le prenant groffierement: comme fi Jefus eût voulu mettre fon corps en pieces, & le leur donner avea fon fang, fous leur forme naturelle, pour fervir de nourriture à leur corps. Jefus avertit fes Difciples que ces paroles avoient un fens plus relevé; & c'eft ce myftere qu'il accompit le jour de la Céne: leur donnant veritablement fon corps & fon fang, mais fous. une forme étrangere; fous les apparences du pain & du vin, & pour être la nourriture de leurs ames. Après la Céne, Jefus parla long-. 3. 14 tems à fes Apôtres qu'il ne devoit plus voir 75. 18 ufqu'à fa mort. Il leur prédit qu'ils l'aban

Ibid.

Io. 13

donneroient tous, & à Pierre en particulier qu'il le renieroit trois fois. Et pour les confoler dans la tristesse où ils étoient de fa perte, il promit de leur envoier dans peu le S. Efprit, qui leur teroit entendre tout ce qu'il leur avoit enfeigné : il leur recommanda fur tout de s'aimer les uns les autres. Il fortit enfuite avec eux hors de la ville, & alla au mont des Olives dans un jardin où il avoit accoûtumé de prier.

LEÇON XXXIX.

De la Paffion de Jesus-Chrift.

Efus-Chrift étant au jardin des Olives, fe
reprefenta ce qu'il alloit don des

ces

agir la nature, il fut faifi d'une peur & d'une trifteffe extrême : & tomba fur le vifage,, fuant des goûtes de fang, dont la terre fut trempée. Il pria fon Pere par trois fois, de Luc. détourner de lui ce Calice, c'est-à-dire, zz. 44 fouffrances; & à chaque fois il ajoûta: Neanmoins que vôtre volonté foit faite, & non pas la mienne. Cependant Judas amena dans Matth. le jardin une grande troupe de gens armez 26, 47 envoiez par les facrificateurs & les fenateurs. &ica Ils prirent Jefus, le lierent & le menerent chez Caiphe fouverain Pontife. Mais Jefus fit voir par plufieurs miracles, qu'ils ne l'euf. fent pas pris s'il ne l'eût voulu. Il ne répondit rien à plufieurs faux témoins, l'on que produifit contre lui, ni aux queftions du Pontife; finon lors qu'il l'interrogea juridiquement, s'il étoit le Chrift Fils du Dieu vivant. FC: Alors il declara hautement qu'il l'étoit: ce qu'ils reçûrent comme un hlafphême; dirent que Jefus étoit digne de mort, & l'abandonnerent à des valets infolens, qui le maltrai-. terent le refte de la nuit, lui donnant des fouflets & lui faifant deviner qui l'avoit frappé. Le lendemain ils le menerent à Ponce Matth Pilate Gouverneur de Judée, pour l'Empereur 27 Tibere: lui difant que c'étoit un homme fédirieux qui revoltoit tout le païs, qui fe difoir Roi & défendoit de paier les tribus à l'Empereur; quoi qu'il eût enfeigné tout le contraire. Jefus garda auffi le filence devant

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