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I. S. 2.Tim.

4. 8.

Rom. 8

18.

& de joye: fçachant bien qu'après le com Z. Cor. bat, la couronne de juftice les attendoit dans le Ciel, & ne comptant pour rien les fouffrances, de cette vie; en comparaison de la future. Enfin ils fouffrirent tous le martyre par divers fupplices: & donnerent conftamment leur vie pour témoignage des veritez qu'ils préchoient, particulierement de la Refurrection de Jefus Chrift. Saint Pierre fut crucifié, faint Paul eut la tête tranchée tous deux à Rome en même jour, fous. l'Empereur Neron, le plus méchant de tous les hommes, & le premier des Empereurs qui perfecuta les Chrêtiens.

LEÇON L.

Des perfecutions.

L'dant trois cens ans, et il eut une mul'Eglife continua d'être perfecutée pen

Clem. titude innombrable de martyrs. Les Chrêtiens Alex.3 ne faifoient mal à perfonne, vivant la plûpart Padag du travail de leurs mains, dans une grande

humilité & une grande modeftie. Au conConft. traire ils faifoient beaucoup de bien, & par Apoft. leurs grandes aumônes, & par la guerifon 1.4.2. des maladies, & les autres miracles qui étoient velt. encore frequens. Cependant tout le mon

de les haïffoit, & le nom feul de Chrêtien Tertul. pafloit pour un crime. On difoit qu'ils n'aApolog. voient point de Dieu, parce qu'ils n'avoient 6.3. point d'idoles & n'adoroient qu'en efprit.

On regardoit comme de grandes impietez tout ce qu'ils difoient contre l'idolâtrie, & contre les fuperftitions aufquelles on êtoit accoûtumé. Ils ne prenoient point de part,. aux fpectacles & aux divertiffemens publics.

03

de:

35.

fuyoient le jeu & la débauche, jeûnoient Tertul..
fouvent, ne portoient ni habits précieux, ni Apolog
ornemens. Tout cela les faifoit paffer pour
des efprits malfaits & mélancoliques, &
quand ils parloient de la refurrection & de
l'autre vie, où ils attendoient d'étre heu-
reux, on les croyoit tout-à-fait infenfez.
Joint que l'on imputoit à tous les Chrêtiens
de grandes abominations que commettoient
plufieurs heretiques. On vouloit donc les Baron.
exterminer : on les banniffoit, on les met-
toit en prifon, on confifquoit leur bien,
on les envoioit travailler aux mines enchaî
Cipr.
nez, on les condamnoit à mort. Et comme ferm. ad

an. 120

n. zz.

les Empereurs & les Magiftrats virent que mart
bien loin de craindre la mort, ils la rece-
voient avec joye, parce qu'elle leur ouvroit
la vie éternelle, ils employoient contre eux
tous les plus cruels fupplices, & en inven-
toient de nouveaux. Ils faifoient étendre les Gallon
martyrs fur des chevalets, ou pendre avec de crus
des poids aux pieds, & en cet état on les mart.
battoit de verges, on leur déchiroit la chair
avec des peignes de fer, & on leur brûloit
les côtez avec des flambeaux. Quelquefois on
les faifoit brûler à petit feu, on les rotiffoit
fur des grils, ou dans des poiles de fer,
on les attachoit à des lits, ou à des fieges de
fer tout rouge. Il y en avoit à qui l'on écor
choit le vifage, ou tout le corps; à qui l'on cou-
poit les pieds & les mains, que l'on fioit en
deux, à qui l'on arrachoit les yeux, les dents
ou les ongles, à qui l'on tiroit des entrailles
étant tout vivans. D'autres ont été déchirez
par des chiens, des ours, des lions &d'autres
bêtes cruelles d'autres expofez au Soleil,

ou

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frotez de miel pour être piquez par les mouches, d'autree arrofez d'huile bouillante, ou de plomb fondu. Et tout cela fouvent à plufieurs fois & à diverfes reprises. Après les avoir long-tems tourmentez, on les renfermoit dans des prisons obfcures & infectées, femées de cloux ou de verres caffez. La plûpart ont eu enfin la tête tranchée,

LEGON LI.

Des Confeffeurs & des Martyrs.

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Eux qui demeuroient en vie, après avoir fouffert la perfecution, étoient nommez Confeffeurs, pour marquer qu'ils avoient eu le courage de confeffer le nom de Jefus Chrift devant les Juges. Et on leur rendoit toute leur vie de grands honneurs Enfeb. dans l'Eglife. Ceux qui mouroient, étoient 5. hift. appellez martyrs, & on les honoroit encore I plus. Les Reliques de leurs corps étoient confervez foigneufement, on les embaumoit & on les enveloppoit d'étoffes precieuses, on recueilloit jufqu'aux goûtes de leur fang. Les jours de leur mort on s'affembloit pour en celebrer la memoire, & pour honorer leur naiffance, c'est-à-dire, leur entrée à la vie éternelle. On faifoit de ces jours des Fêtes femblables aux Dimanches, pour s'affembler auprès de leurs tombeaux, remercier Dieu de la force qu'il a donnée à fes Saints, les prier de continuer à prier pour nous, comme ils faifoient quand ils étoient fur la terre, & s'exciter à imiter leurs vertus, en lifant leurs actes, & les hiftoires de leurs fouffrances. On les reprefentoit même par des peintures dans les Eglifes, pour l'inftruction de

Prud.

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Etion

Greg.

ep. I

ceux qui ne les pouvoient pas lire, Dieu fai- Steph:
foit fouvent des miracles aux tombeaux des 9.11
martyrs, & fouvent auffi il en faifoit à leur
martyre, en forte que plufieurs des affiftans
fe convertiffoient, & quelquefois les bour-
reaux & les juges mêmes. Ainfi plus on fai-
foit mourir de Chrêtiens, plus ils multi-
plioient. Mais quoi qu'ils fuffènt en fi grand
nombre, qu'ils pouvoient faire de grandes.
armées, ils n'uferent jamais d'aucune vio-
lence pour fe défendre contre ceux qui les
traitoient fi cruellement. Et il y eut des le- Tertuli
gions entieres de foldats Chrêtiens comme apol.35
celle de S. Maurice, qui fe laifferent maffa- &
crer plûtôt que de fe fervir de leurs armes
contre leur Prince. Ils avoient appris des A- Rom
pôtres qu'il faut refpecter les puiffances éta- 13. 1
blies de Dieu, même en la perfonne des mé- Petr.
chans: & obéir à nos maîtres, quelque fâ-
33 &c.
cheux qu'ils foient. On lit encore tous les
jours à l'Eglife les martyrologes, où l'on a
recueilli les noms d'un grand nombre de
Martyrs & l'abregé de leur hiftoire. Il y en a
qui font honorez par toute l'Eglife comme
les Apôtres, faint Etienne, faint Laurent, S.
Sebastien, faint Vincent, fainte Agnes, fainte
Luce. D'autres font plus connus aux lieux où
ils ont fouffert, comme faint Irenée à Lion,
faint Denis à Paris, faint Saturnin à Tou-
loufe, S. Lucien à Beauvais, ainfi des autres
LEGON LII.

De la liberté de l'Eglife de la vio

Monaftique.

́Près trois cens ans de fouffrançes, Dieu

A donna la paix à fon Eglife fous l'Empe

reur Conftantin, qui embraffa la foi Chrêtienne. Cette liberté rendit plus folemnelles les prieres publiques, & les affemblées des Fidéles, qu'il falloit fouvent faire la nuit & en cachette: du tems des perfecutions. On - fit auffi des édifices plus magnifiques, on augmenta le nombre des ornemens & des vaifleaux facrez: on donna de grandes ri cheffes aux Eglifes pour l'entretien du luminaire & des bâtimens, & pour la nourriture des Clercs & des pauvres: l'on fonda des Hôpitaux de toutes fortes. Mais en même tems, la vertu commença à fe relâcher dans le commun des Chrêtiens. Comme il n'y avoit plus de peril à l'être, plufieurs en faifoient profeffion fans être bien convertis: ni bien touchez du mépris des plaisirs, des richeffes, & de l'efperance du Ciel. Ainfi ceux qui voulurent pratiquer la vie ChrêChrétienne dans une plus grande pureté : troutien, C. verent plus feur de fe feparer du monde, & de vivre en folitude. On les appella Moines, c'est-à-dire, feuls ou folitaires. Les plus parfaits furent en Egypte, où faint Antoine commença à les faire vivre en Communauté & à rendre plus frequente cette maniere de vie, dont quelques Particuliers avoient confervé la tradition depuis le commencement de l'Eglife. Car il a avoit toûjours eû quelques Chrêtiens, à qui le defir d'une plus grande perfection, faifoit pratiquer une vie auftere & retirée, à l'exemple de faint Jean-Baptifte & des Prophetes. Les Moines vivoient dans de grand deferts où ils bâtiffoient pour fe loger de pauvres cellules, & ils paffoient le jour à

meurs

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