l'église de Jésus. Le prélat Zen, nommé nonce en France, officia pontificalement, et l'abbé Ponzileoni prononça l'oraison funèbre du vertueux défunt. Les régulateurs secondaires de l'Union se sont rassemblés pour élire un premier régulateur, à la place du père Felici; le choix est tombé sur M. l'abbé Filonardi, de la famille des marquis de ce nom. Au Rédacteur de l'Ami de la Religion et du Roi. Monsieur, la Minerve, qui prêche l'oubli du passé, n'est pas heu reuse dans sa manière de raconter les événemens nouveaux. Après avoir mis au grand jour, dans sa 54. livraison, ses principes de tolérance touchant les missions, elle daigne parler avec éloge du bon esprit des habitans et du clergé de la petite ville de Sablé. Elle prétend que ce bon peuple et ces dignes ecclésiastiques, éclairés sur les dangers qui accompagnent ordinairement les missions, n'ont pas jugé à propos d'accueillir une troupe de missionnaires qui menaçoient leur tranquillité; que ces hommes exagérés se moquant de l'opposition, se sont emparés de vive force de l'église, dans laquelle ils ont préché, et d'où ils n'ont pu être délogés que par l'autorité de l'évêque informé du scandale. Les ecclésiastiques de Sablé, qui trouvent certains éloges pires que des calomnies s'inscrivent contre la narration de la Minerve, et dussent-ils recevoir, pour peine de leur témérité, des brevets de souscripteurs au Champ-d'Asile, rapportent ainsi les faits: Les missionnaires, envoyés par Mgr. l'évêque du Mans, arrive rent dans notre ville, le 15 janvier dernier, à la grande satisfaction du clergé et des habitans: le dimanche 17 du même mois et le lundi suivant, ils se rendirent à l'église, accompagnés du clergé, et aux acclamations du public, qu'ils y édifièrent par leurs discours. Le bien qu'ils opérerent se fera long-temps sentir, et éternisera les regrets. Mgr. l'évêque, instruit de l'opposition de M. le maire de Sablé et de M. le préfet de la Sarthe, jugea convenable de suspendre la mission en attendant les moyens de lever les obstacles. Nous réclamons aussitôt que nous connoissons les calomnies de la Minerve, et nous vous prions instamment d'insérer cette lettre dans votre prochain numéro. Nous avons l'honneur d'être, Monsieur, vos très-humbles et trèsobéissans serviteurs, PINEAU, curé ; J. B. POIRIER, premier vicaire. J. B. TRUMEAU, vicaire, P. A. GOUGEON-LUCÉ, vicaire. P. S. Le soussigné, membre du conseil municipal de Sable, proteste contre ce que dit la Minerve de ce conseil, et de son prétendu arrêté, pris, dit elle, à l'unanimité: ce rapport est un conte aussi bleu que le couvercle du petit livre. P. A. GOUGEON-LUCÉ, vicaire. (Mercredi 10 mars 18 19.) (No. 478). 4 Sermons du père Lenfant, Jésuite, prédicateur du Roi, 3. et 4. livraisons, formant les volumes V, VI, VII et VIII (1). TROISIÈME ET DERNIER ARTICLE. Il n'est point de talent universel. C'est un grand pas de fait vers la perfection relative à nos propres moyens, que de savoir choisir des sujets assortis à notre manière de sentir et de rendre; mais ce choix désirable n'est pas toujours facile pour l'orateur chrétien, appelé, dans le cours d'une longue station, à traiter des vérités qui lui sont imposées, en quelque sorte, par la solennité, l'époque ou l'Evangile du jour. C'est peut-être ce qui explique la distance prodigieuse à laquelle sont placés, dans l'estime des connoisseurs, les discours de nos prédicateurs même les plus distingués. On doit done moins s'étonner de trous ver le père Lenfant foible dans plusieurs discours, et de ne point le reconnoître entr'autres dans le sermon › sur l'Enfer. Ce sujet demandoit une touche plus forte, des traits frappans, de la vivacité et de la vigueur; et notre auteur, par la tournure de son caractère et par celle de son talent, étoit plus propre à insinuer une morale douce et consolante, qu'à ébranler par des vérités terribles. Il entreprend d'abord de prouver la (1) L'ouvrage complet forme 8 vol. in-12; prix, 28 fr. et 38 fr. franc de port. A Paris, chez Grégoire père, quai des Augustins, n°. 37; Grégoire fils, même quai, ¡no. 25; et chez Adr. Le Clere, au bureau du Journal. H Tóme XIX. L'Ami de la Religion et du Ror. vérité de l'enfer, et peut-être insiste-t-il trop sur ce point; car il est des dogmes que l'on ne sauroit démontrer dans la courte étendue d'un discours, et qu'il vaut mieux, ce semble, supposer que les auditeurs ne contestent pas, d'abord parce que véritablement ceux qui viennent à l'église les croient, et ensuite parce que si on ne donne qu'une partie des preuves, et si on ne répond qu'à une partie des objections, on court le risque de laisser des nuages dans l'esprit de quelques personnes. C'est, au surplus, une observation que nous hasardons avec timidité, et que nous soumettons à l'expérience des distributeurs de la parole sainte. Il entroit plus naturellement dans les moyens du père Lenfant de traiter le sujet de l'amour de Dieu." Aussi s'acquitte-t-il de cette tâche d'une manière plus satisfaisante. Il présente des motifs déterminaus, et les présente avec onction. Il n'outre rien, et se tient à distance égale de la sévérité et du relâchement. Il étoit trop pieux et trop orthodoxe pour autoriser les excuses des mondains et pour afforblir un devoir essentiel; mais il étoit trop charitable et trop éclairé pour exagérer le précepte. Il combat donc les deux excès; les prétextes des pécheurs et les rigueurs de ces casuistes impitoyables qui, sous l'ombre d'exalter la charité, anéantissent les autres vertus; qui découragent la foiblesse humaine, en présentant comme venant toujours et nécessairement d'un amour criminel du monde ou de soi-même, tout ce qui n'est pas sanctifié par l'amour divin; et qui, ne mettant aucun intervalle entre le péché et la perfection du christianisme, comptent parmi les actions dignes de la co lère de Dieu, les sentimens honnêtes, louables et ver tueux de l'humanité : dureté désespérante qui n'auroit pas dû, ce semble, donner beaucoup de sectateurs à une telle théologie. Rien ne porte plus puissamment à l'amour de Dieu que la considération de ses miséricordes à l'égard du pécheur. Le père Lenfaut en a fait l'objet d'un de ses meilleurs discours, que l'on trouvera au tome VI. Dans le même volume est un sermon sur l'amour que nous devons au prochain, et dont le principe, le motif, et en un sens l'objet sont les mêmes; c'est la remarque du père Lenfant. Si cet orateur a réussi à célébrer les miséricordes de Dieu à l'égard des hommes, il n'a pas été moins heureux à prescrire celle que nous avons à exercer à l'égard de nos frères. Le plan de son discours est sage et bien conçu. Il établit la sagesse et l'étendue de la loi qui nous fait un devoir de la miséricorde. Cette loi est sage en effet, puisque son accomplissement procure à la fois la gloire de Dieu, l'honneur de la religion, la tranquillité de la société et le bonheur de l'homme. Son éten-due est telle qu'aucun prétexte n'en dispense; elle n'admet aucune réserve. Le chrétien, bien différent du sage mondain qui oublie l'injure par le mépris qu'il affecte pour celui qui en est l'auteur, le chrétien pardonne par les motifs élevés que la religion lui inspire. Là l'orateur se livre à d'heureux développemens; son style s'anime, et devient pressant et pathétique. Nous pourrions surtout citer la péroraison, si elle n'étoit un peu longue, et si d'ailleurs nous n'avions déjà fait connoître par plusieurs exemples la manière facile du père Lenfant. On lira avec plaisir les discours sur la fausse conscience, sur le respect humain, sur les afflictions, sur J'amour que Jésus-Christ nous témoigne dans l'Eucharistie. Celui sur la médisauce est bien; seulement on' pourroit s'étonner que l'anteur ait pris pour texte ces paroles des Juifs, dans saint Jean: Quidam dicebant: quia bonus est; alii autem dicebant: non, sed seducit turbas. Cette application ne paroît pas trèsnaturelle; ces paroles injurienses à la personne adorable du Sauveur, seroient plus à leur place dans un sermon sur la calomnie ou sur le jugement témé raire. Le discours sur l'importance du choix des livres offre des considérations très-justes et très-vraies, auxquelles les événemens postérieurs ajoutent une nouvelle force. Ce que le père Lenfant et ses contemporains ne pou voient que prévoir, nous l'avons vu; ce qu'ils ne pou voient que craindre, nous l'avons éprouvé; les maux qu'ils annonçoient devoir découler des doctrines irréligieuses, nous en avons été les victimes. Nul doute que nous ne puissions sentir plus vivement le danger de ces livres où tout est en problême, où la religion, la morale, la société, l'Etat, toutes les institutions divines et humaines sout attaquées tour à tour, et où l'on emploie tantôt l'artifice et le mensonge, tantôt le sarcasme et l'ironie, tantôt l'injure et l'accent de la haine. Cette fureur, qui semble s'être renouvelée de nos jours, ne peut manquer d'amener les même résultats, si on lui laissoit le temps de se développer, et si l'expérience du passé n'engageoit pas à la réprimer. Dans un autre discours, le père Lenfant détruit les prétextes dont on s'autorise pour se permettre toute sarte de lectures. Enfin nous indiquerons les discours surda sévérité des obligations qu'impose la religion, sur l'oubli des vérités de la religion, sur l'existence de la loi |