Les délais qu'exigent les notifications à faire pour les témoins étrangers, ont forcé de remettre au 10 mai, au lieu du 5 avril, l'affaire de Cantillon et de Marinet, prévenus d'assassinat sur le duc de Wellington, pen Une ordonnance du Roi du 10 février accorde des sions à onze militaires et quatre-vingt-une veuves de militaires tués dans la guerre de la Vendée. Ces pensions montent ensemble à 38,428 fr. Le minimum des pensions des veuves est de 35 fr., et le maximum de 100 fr. Une seule est de 150 fr., pour la veuve d'un capitaine fusillé en 1794. -Les vice-présidens des colléges électoraux pour les élections prochaines sont pour Lyon, MM. Nuguès et Charasson; pour Quimper, M. le Gros; pour la Sarthe, MM. Chambry et Vétillard, et pour Nantes, MM. Mosneron et Dupin. Parmi les pétitions qu'on fait circuler de tous côtés contre la loi des élections, il y en a une que l'on avoit dressée au nom de l'Ecole de droit. Elle a été enlevée, dit-on, par des jeunes gens qui voyoient avec peine que l'on attribuất à toute l'Ecole ce qui n'étoit que le vœu d'une portion de cette Ecole. Aujourd'hui on rédige une seconde petition exprimée dans des termes moins généraux, et qui n'est présentée que comme le vœu des signataires. On ne néglige rien aujourd'hui pour former la jeunesse, et on trouve inoyen, tout en expliquant Virgile, d'amener l'éloge de la révolution et de Buonaparte, ou la censure de la monarchie et de ceux qui l'ont défendue. Un pro fesseur très-connu dans la capitale, fait tous les jours de ces sortes d'applications. Dernièreurent il en étoit à ces mots : At pius AEneas, et l'on ne se douteroit pas quel parti il en a tiré. « Qu'étoit-ce que ce pieux Enée, a-t-il dit? Peut-être quelque roi fainéant, qui se levoit à neuf heures du matin. Il ne se levoit pas à neuf heures du matin, le vainqueur d'Austerlitz et de Marengo, etc. »! Cela s'appelle assurément profiter de tout. ་་ -Le Journal du Commerce annonce que la proposition de M. de Barthélemy a fait tomber entièrement le commerce; il faut en excepter sans doute le commerce du papier, quí ne peut que gagner à cette prodigieuse quantités de pétitions que l'on fait signer de tous côtés contre la proposition, -Des journaux disent que le général Grouchy a été autorisé à revenir en France. — On fait circuler dans le Finistère, une notice en l'honheur de M_Daunou, que l'on veut porter, à ce qu'il paroît, à la chambre des députés. M. Daunou est, comme on sait, un ancien Oratorien, vicaire épiscopal en 1791. membre de la convention en 1792, et commissaire du directoire à Rome en 1798. Il y a eu du tumulte, le 7 mars, à Nîmes. Un rassemblement nombreux a fait entendre des cris et des menaces, et assaillità coups de pierre les patrouilles que l'on envoya. Il y eut des provocations en divers quartiers. Il paroît que la loi des élections en étoit le prétexte. Le lieutenant général de Briche est arrivé avec cinq cents hommes, et a rétabli la tranquillité. — M. le général Jourdan, qui revenoit d'Italie, a fait une chute dans une descente rapide, à Beron en Savoie. On l'a porté sur un brancard au pont de Beauvoisin, où on lui donne des soins. -La fortune du prince de la Paix est estimée par un journal allemand à 500 millions, qui sont placés en Angleterre, en France, en Italie et en Espagne. -M. Lindblom, archevêque luthérien d'Upsal, en Suède, qui vient de mourir, étoit fils d'un ministre de l'Ostrogothie. Il fut d'abord instituteur en Livonie, puis professeur de belleslettres à Upsal, et ce fut alors qu'il publia un dictionnaire latin et suédois. Il fut nommé évêque de Linkoping, par Gustave III, et à la mort de l'archevêque Troil, il lui succéda dans son siége. CHAMBRE DES PAIRS. Le 13 mars, la chambre s'est réunie à deux heures, après avoir examiné dans les bureaux le projet de loi relatif à la fabrication et à la vente des poudres. M. le comte de Choiseul-Gouffier a été admis à prendre séance. Trente-neuf pairs créés par l'ordonnance du 5, ont été aussi introduits, et ont prêté serment. M. le duc de Mouchy a présenté requête pour établir son droit d'hérédité au titre de pairie de M. le prince de Poix, son père. Trois membres, M. le cardinal de Périgord, MM. les marquis d'Aguesseau et de Clermont-Galle rande, ont été chargés d'examiner ses titres, qui ont été déclarés valables; l'information ordinaire aura lieu. Une autre commission a vérifié les titres de M. le comte de Greffulhe, et de huit pairs créés le 5 mars; ils seront admis à la prochaine séance. On a discuté en assemblée générale le projet de loi examiné dans les bureaux. Aucune réclamation ne s'étant élevée, on a voté au scrutin; il y a eu 163 voix pour l'adoption du projet, et 4 pour le rejet. M. le marquis de Pastoret a développé sa proposition pour adopter l'usage d'un feuilleton où les pétitions seroient relatées; cette proposition a été renvoyée à l'examen des bureaux. CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Le 15 mars, la séance s'est ouverte à une heure. Une masse énorme de pétitions couvroit le bureau; les unes sont relatives à la loi des élections, les autres à d'autres objets; elles sont renvoyées aux commissions respectives, et M. Guilhem, qui demandoit à parler sur ce sujet, n'est pas entendu. La chambre procède au renouvellement de ses bureaux. Trois membres font successivement des rapports sur des pétitions; la plupart roulent sur des objets particuliers et de peu d'intérêt. Des habitans de Neufchâteau demandent que les maires et officiers municipaux soient nommés par les habitans; la commission propose et fait adopter le renvoi au ministre de l'in térieur, attendu que le gouvernement s'occupe d'un projet de loi à cet égard. Un sieur Durieux, de Par's, sollicite un projet de loi pour faire sortir du royaume tous les Savoyards, qui emportent annuellement 15 millions, et pour former une association de vingt mille commissionnaires au coin des rues le projet en lui-même et les 15 millions qu'on suppose emportés par les pauvres Savoyards, ont beaucoup fait rire, et on a passé à l'ordre du jour. On a également passe à l'ordre du jour sur des réclamations présentées contre des jugemens rendus par des tribunaux. A deux heures et demie la chambre s'est formée en comité secret. On a renvoyé à l'examen des bureaux, sans discussion, la proposition de M. de Barthélemy, et la discussion s'est ouverte sur celle de M. le duc de Lévis, relative à l'abolition du droit d'aubaine. MM. Duvergier de Hauranne, Kern et Jacquinot-Pampelune parlent contre la proposition; MM. Lainé de Villevêque et Beugnot l'appuient, La suite de la discussion est renvoyée à un autre jour. Il n'y a pas de séance publique indiquée. On nous a communiqué un écrit dont nous croyons devoir faire une courte mention dans ce journal. C'est une Dissertation sur l'époque de la mort d'Antiochus VII, Evergètes-Sidétès, roi de Syrie, sur deux médailles antiques de ce prince et sur un passage du second livre des Macchabées, par M. Tôchon d'Annecy, in-4°. de 72 pages. Cette Dissertation a pour objet de fixer un point important de la chronologie des rois de Syrie, laquelle, comme on sait, est fort embrouillée, et a déjà exercé plusieurs savans. Il s'agit de savoir si Antiochus Evergètes a péri dans une guerre contre les Parthes, l'an 183 ou 184 de l'ère des Séleucides, ou en pillant le temple d'Elimaüs, l'an 188 de la même ère. Les historiens profanes appuient la première opinion, et la deuxième est fondée principalement sur un passage du II. livre des Macchabées, et sur deux médailles citées par Froelich et Eckhel. M. Tochon, qui se déclare pour le premier sentiment, discute l'autorité des deux médailles, et surtout le passage du livre des Macchabécs. Dans ce passage est une lettre des Juifs de Jérusalem à ceux d'Egypte, datée de l'an 188; on y raconte la mort d'Antiochus. Mais quel est cet Antiochus? M. Tochon croit que c'est Antiochus Epiphanes et non Antiochus Evergètes; il apporte en preuves plusieurs circonstances mentionnées dans cette lettre et dans le second livre des Macchabées en général, et la conformité du désastre rapporté dans la lettre, avec ce que les historiens profanes racontent de la mort d'Antiochus Epiphane. Le pillage d'un temple convient mieux à Epiphane surnommé aussi l'Insensé, qu'à Evergètes, dont la conduite fut sage et réservée, et dont l'historien Josephe loue les qualités heureuses et même la religion. Mais comment expliquer la date 188 en tête de la lettre? Le savant antiquaire conjecture qu'il pourroit y avoir ici une erreur de chiffre, et qu'il faudroit lire 148. Par-là, dit-il, se concilient le récit du ler. livre des Macchabées, celui de la lettre et celui du chapitre 10 du Ife, livre. Le P. Carrière et le P. Houbigant sont d'avis de cette correction. On peut consulter les pages 58 et suivantes de la Dissertation, où l'auteur récapitule les fondemens de son opinion. Nous n'aurions pas besoin de dire que dans cet ouvrage M. Tôchon parle avec respect de l'autorité de l'Ecriture, si trop d'exemples ne prouvoient avec quelle facilité les écrivains actuels se dispensent de ce qui est dû à la parole de Dieu. Nous le félicitous de ne pas suivre de tels exemples. Sa Dissertation prouve d'ailleurs une grande connoissance de l'histoire, une étude approfondie de l'art numismatique et le talent de la discussion. L'auteur compare les divers témoignages, et ne propose ses conjectures qu'avec le ton de la réserve; c'est par-là que se distinguent les vrais savans. On peut dire de l'érudition ce que Bacon disoit de la philosophie: quand elle est légère et superficielle, elle peut éloigner de Dieu; mais elle y ramène quand elle est plus profonde et plus consommée. (Samedi 29 mars 1819.): (No. 481.) Etat actuel du christianisme à Genève. * Cette capitale du protestantisme présente en ce moment un singulier spectacle à l'observateur attentif La ville où Calvin avoit autrefois établi le siège de sa doctrine, a renoncé à cette doctrine; la mère de la réforme a dit adieu à la réforme; elle passoit pour le centre de l'unité protestante, quoiqu'il n'y ait jamais eu d'unité dans cette église, et que la diversité des croyances y ait toujours été portée à l'extrême, et ellemême n'est plus protestante. Elle se vantoit, dans une devise orgueilleuse, d'avoir fait succéder la lumière aux : ténèbres (post tenebras lux); et voilà qu'aujourd'hui elle qualifie de ténèbres l'enseignement des premiers réformateurs, et qu'elle court après de nouvelles lumières, en traitant d'obscurans ceux qui tiennent encore à ces mêmes dogmes que l'on trouvoit naguère' si lumineux. Elle exerçoit une sorte de suprématie sur les églises de sa communion en Suisse, en Allemagne, en France, en Angleterre; elle appeloit à ses leçons les jeunes candidats du ministère dans ces diverses contrées; c'étoit dans son sein, disoit-on ; qu'on trouvoit la pureté de la doctrine. La réputation de son académie, l'habileté de ses professeurs, le nombre et le titre de leurs ouvrages, tout sembloit annoncer le› siége de l'orthodoxie; mais quand on y regarde de près, on est tout étonné de voir que le berceau du calvinisme en soit devenu comme le tombeau, que le nom de Calvin n'ait plus aucune autorité dans le lieu même où il croyoit avoir affermi ses dogmes, et que chaque jour on s'écarte davantage de l'esprit et de la lettre de ses ouvrages. En effet, le catéchisme qui portoit son nom a été retiré en 1788, et remplacé par un autre où il n'est plus question des dogmes niés par les sociniens. Tome XIX. L'Ami de la Religion et du Ror. L |