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males, le second le mode de procédure à suivre dans les crimes ou délits, et le troisième des dispositions particulières pour les journaux et écrits périodiques. Le ministre rend compte des motifs de la loi proposée, qui spécifié les délits que les écrivains peuvent commettre, Ja provocation publique aux crimes et délits, les offenses pour la personne du Roi, les outrages à la morale, la diffamation et l'injure. Les amendes varieront suivant la gravité des cas. Les cris séditieux, l'enlèvement des signes de l'autorité royale, le port de signes de rakJiement non autorisés, l'attaque de la Charte, seront punis d'une amende qui ne pourra être au-dessous de 500 fr., ni excédor 6000 fr. L'offense contre le Roi sera punie d'un emprisonnement et d'une amende, ainsi que outrage à la morale publique. La peine de la diffamation est graduée suivant la qualité de ceux qu'on diffame, les Princes, les chambres, les tribunaux, les agens de l'autorité, les souverains étrangers, les simples particuliers ; l'amende variera dans ces divers cas de 16 fr. à 5000 fr., et l'emprisonnement de cinq jours cà trois ans. Les délits commis par la voie de la presse seront portés devant les cours d'assises, sauf les délits d'iojures; qui seront jugés par les tribunaux de police correctionnelle ; ies écrits pourront être saisis avant le jugement. Le projet sur les journaux porte que tous propriétaires on éditeurs de journal seront tenus de présenter deux éditeurs responsables, et de fournir un cautionnement de 10,000 fr. de rentes pour les journaux quotidiens, et de 5000 fr. pour les autres. Les éditeurs répondront de tous les articles qu'ils insérerőnt, et le cautionnement sera affecté par privilege au paiement des amendes et dommagesintérêts auxquels ils pourroient être condamnés. Quiconque publieroit un journal sans avoir satisfait aux conditions exigées, sera puoi d'une smende de 1000 à 3000 fr., et d'un emprisonnement de six mois à un an. On ne pourra rendre compte des séancos secrétés des chambres sans leur autorisation. Tout journal sera tenu d'insérer sans délai les publications qui lui seront adressées par le gouvernement.

Dans le comité secret qui a suivi, et qui étoit consacré à la discus** sion de la proposition sur les élections, M. de la Fayette a parlé le premier; il s'arrête peu sur le fond de la question, attendu que le fond est épuisé; mais il s'étend sur les conquêtes de la liberté; il défend le droit de petitions même collectives, et il assure que les amis de la liberté gagneront la bataille des élections. M. Corbières ne veut point toucher anx principes de la loi des élections, mais en modifier l'exécution; les abus sont recognus, avoués; puisque la foi des élections n'a pu les réprimer, il faut la fortifier. Attendra-t-on pour corriger ves vices un renouvellement intégral? si ret événement avoit lieu, je désirerois, dit-il, qu'il nous restât d'autre ressource que celle de nous envelopper la tête de nos manteaux, et d'attendre l'explosion du volcan M. de Saint-Cricq vote contre la proposition, qu'il ne trouve ni regnlière, ni utile, ni opportune; il faudroit tout remettre en problême. M. Barthe-Labastide appuie la próposition; elle ne peut avoir d'autre but que d'améliorer; car on pourra toujours empêcher de changer les dispositions essentielles de la loi. Il spécifie les modifications qu'il croit nécessaires, et insiste sur l'abus des patentos,

(Samedi 27 mars 1819.)

(No. 483.

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Dictionnaire historique de Feller. Supplement. Premier volume (1).

Ce premier volume, le seul qui ait encore paru, se compose de plusieurs accessoires et préliminaires qui ne tiennent pas essentiellement au Dictionnaire historique, mais qui peuvent en augmenter l'intérêt. Nous trouvons d'abord en ce genre une Notice sur Feller, qu'on a cru devoir placer en tête du volume plutôt qu'à son rang dans le Dictionnaire. Cette disine tion étoit due sans doute au premier auteur de l'ouvrage, écrivain recommandable par son zèle aiusi que

par le nombre et la na ure de ses écrits. La Notice nous a paru sagement rédigée; elle fait bien connoître Feller, elle garde un juste milieu entre l'excès de l'éloge et celui de la critique, et en rappelant tout ce qu'a fait de louable l'abbé Feller, elle ne dissimule pas ce qu'on pourroit reprendre dans quelquesunes de ses productions. J'aurois seulement désiré que la Notice eût donné quelques détails sur le Journal auquel Feller travailla si long-temps, et qui fut Je fondement de sa réputation. Ces détails eussent été d'autant plus convenables que le Journal historique et littéraire est aujourd'hui peu connu, et ils ne pouvoient être nulle part mieux placés qu'en cet endroit

(1) Prix, 7 fr. et 9 fr. franc de poi, pour les souscripteurs, et 8 fr. et 10 fr. franc de port, pour ceux qui n'ont pas souscrit. A Paris, chez Méquignon fils aine, et chez Adr. Le Clere, au bureau du Journal.

Tome XIX. L'Ami de la Religion et du Ror. N

On ne peut qu'applandir à l'idée d'avoir présenté na Précis historique de la Révolution françoise, depuis 1789 jusqu'en 1814. Ce morceau lie entre eux plusieurs articles principaux du Dictionnaire; il montre l'ensemble de ce que l'on verra ensuite en détail; il rappelle la suite et l'enchaînement des événemeus. Mais ce travail présentoit quelques difficultés; il y falloit éviter à la fois, et la sécheresse d'un abrégé trop succinct, et la prolixité d'un tableau trop étendu. Il falloit un coup d'oeil assez sûr pour lier les faits, pour en saisir ce qu'ils offroient de plus remarquable, pour peindre rapidement eette scène si mouvante, pour suivre ces partis qui se forment, se heurtent et se précipitent, enfin pour juger les hommes et les choses avec ce sang-froid et cette mesure qu'on attend de l'historien. Or, le Précis en général remplit ces conditions; les objets y sont retracés dans un cadre circonscrit; quatre-vingts pages pour l'Histoire de la révolution ne paroîtront sûrement pas pécher par trop de longneur, et cependant, en parcourant ce Précis, il nous a paru que rien d'essentiel n'étoit omis. Mais en lonant le travail du rédacteur, nous ne pouvons dissimuler que l'impression présente beaucoup de fautes dont, sans doute, il n'est pas entièrement responsable, mais qui nuisent au mérite ou du moins à l'effet du morceau. On s'en est aperçu, et l'on a publié un errata qu'il faut nécessairement consulter. Ceux qui ne l'auroient pas reçu doivent le demander et le joindre au volume. Cet errata nous dispense de faire quelques remarques critiques que, sans cela, nous aurions adressées à l'éditeur.

A la suite du Précis est un Tableau chronologique des principaux événemens concernant l'Histoire ecclé

siastique, depuis 1789 jusqu'en 1814. Ce Tableau, en vingt-cinq pages, présente les faits rangés par ordre des dates. Ce n'est qu'un sommaire fort abrégé, mais ce sommaire est instructif et exact; c'est en quelque sorte le complément du Précis, et il se trouve fort à sa place en tête d'un Dictionnaire historique, destiné spécialement au clergé.

Le Coup-d'œil sur la littérature espagnole, italienne et angloise, ne paroîtra peut-être pas, au premier abord, aussi nécessaire dans un Dictionnaire historique; mais outre qu'il ne forme qu'une soixantaine de pages, il suppose des connoissances très-étendues et très-variées, et il est aux articles de littérateurs qui se trouveront ensuite dans le Dictionnaire, ce que le Précis de la révolution est aux articles des révo lutionnaires, et autres personnages qui ont joué un rôle pendant nos troubles. On pourroit seulement s'étonner que dans un dictionnaire françois, et composé principalement pour des François, on se spit borné à donner le Tableau de la littérature des autres nations; et nous aurions à regretter que l'auteur du Coup-d'œil n'eût rempli qu'une partie de sa tâche, s'il avoit jugé notre littérature avec le même goût et le même talent qu'il a mis aux autres parties de ce travail.

La dernière addition est une Chronologie des souverains, depuis 1789 jusqu'à nos jours.

Nous arrivons au Dictionnaire proprement dit, et là nous ne croyons pas pouvoir mieux faire que de citer un article qui fera juger de l'esprit et du style de l'ouvrage. Nous choisissons, entre plusieurs autres, l'article Azara.

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« D. Joseph-Nicolas d'Azara, diplomate et littérateur es

pagnol, naquit à Barbunales, en Aragon, le 28 mars 1731, d'une famille illustre de cette province, fit ses études dans l'université d'Huesca avec tant de succès, que don Ricardo Val, ministre de Ferdinand VI, lui donna à choisir une place dans la magistrature, dans les armées ou dans le département des affaires étrangères. Il préféra la carrière diplomatique; et en 1765, il fut envoyé à Rome, sous Clément XIII, en qualité d'agent du roi pour les affaires ecclésiastiques, auprès de la daterie; seconda ensuite efficacement don Joseph Monino, et sut captiver son amitié et son estime. Ce dernier fut remplacé à Rome par le duc de Grimaldi, qui avoit le titre d'ambassadeur, mais d'Azara en exerçoit toutes les fonctions. Lorsque la suppression des Jésuites fut secrètement décidée en Espagne, le comte d'Aranda, alors président du conseil de Castille, fut chargé du plan et de l'exécution, et Azara reçut des ordres pressans de traiter cette affaire avec la cour de Rome. Il la suivit avec non moins d'activité qu'avoit fait auprès de cette même cour, son prédécesseur Monino, et l'un et l'autre remplirent à l'envi les intentions du cabinet espagnol, qui mit dans cette circonstance un peu trop de rigueur. A la mort du duc de Grimaldi, Azara le remplaça, mais seulement avec le titre de ministre. Il demeura à Rome près de trente ans, et montra un attachement invariable pour le pape Pie VI, dont il reçut toujours un très-bon accueil. Dans ce long séjour il se lia avec les personnes les plus distinguées et par leur rang et par leurs talens, comme les cardinaux de Bernis, Albani, Borgia; les célèbres antiquaires Winckelman, Visconti, et avec Fea, Dagincourt, Marini, Dutheil, etc. Les grands artistes Pikler, Canova, Volpato, Angelica Kauffmann, Gawit, Hamilton, etc., étoient de sa société; et il comptoit parmi ses plus intimes amis les ex-Jé suites espagnols Andrès, Requeno, Eximeno, Clavigero, Ortiz et Arteaga, noms recommandables dans la république des lettres. Littérateur lui-même, ami et protecteur des arts, il partageoit ses loisirs entre ces deux occupations favorites... La révolution françoise vint mettre un terme à ses nobles travaux. Soit que le chevalier d'Azara voulût, quoiqu'en vain, concilier tous les partis, soit qu'il ne vit d'abord dans cette révolution qu'un moyen, comme on vouloit le faire croire, de corriger certains abus, il parut ne pas en désavouer les principes, et son crédit alors di

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