com des idées particulières dans les contestations qui divisoient l'Eglise. Il étoit fort lié avec Quesnel, qu'il vit souvent dans un voyage que celui-ci fit secrètement à Paris, en 1702. Rollin le reçut même dans le collége de Beauvais, où il étoit priucipal. Quesnel ayant été arrêté, à Bruxelles, l'année suivante, on vit par ses papiers qu'il entretenoit un merce de lettres avec Rollin. On manda ce dernier chez le lieutenant de police, et on envoya un exempt faire une visite chez lui; mais il eut le temps, en employant un petit stratagême, de soustraire un papier qui pouvoit le compromettre. Ce danger ne le rendit pas plus circonspect; il continua ses liaisons avec Willart, secrétaire de Quesnel, et il reçut dans le college deux ecclésiastiques chassés de Beauvais. Il fut obligé de quitter sa place en 1712. Les amis de Rollin se récrient ici sur l'injustice de renvoyer un homme si précieux et si utile, et sur le bien qu'il faisoit dans le college. Pourquoi Rollin ne se bornoit-il pas à ce bien ? Que ne se contentoit-il d'exercer ses fonctions de principal, et pourquoi se mêloit-il des intrigues du dehors? On l'avoit accusé d'être dévoué au parti il sembla prendre plaisir à justifier ce reproche. En 1718, il appela au futur concile. avec l'Université, et rédigea, en 1719, la déclaration de ce corps sur les motifs de son appel, qu'il renouvela en 1720. Ayant été élu de nouveau recteur cette année là, il s'échappa dans un discours public, prononcé aux Mathurins, le 11 décembre, jusqu'à féliciter hautement ses confrères de leur appel, de leur opposition à l'accommodement que la cour favorisoit, et d'une requête qu'ils avoient fait présenter dans ce sens au parlement de Paris, alors exile à Pontoise. Cet éclat se concilie mal avec l'éloge que donne à cette occasion un de ses admirateurs, qui assure que la persécution ne l'avoit rendu ni amer ni indiscret. Les notes que nous suivons, qui ne sont pas suspectes de sévérité à son égard, montrent, au contraire, que cet homme, si doux et si modeste d'ailleurs, avoit un zele fort vif et mêlé de quelque roideur quand il s'agissoit des intérêts de sa cause, et qu'il ne manquoit pas d'encourager ceux qui n'étoient pas si ardens, et de leur reprocher leur pusilanimité. Il traduisit en latin, à la prière de Quesnel, la protestation de cet oratorien, et depuis il mit aussi en latin l'acte d'appel des quatre évêques, la lettre des sept évêques à Innocent XIII, différentes lettres de et l'évêque de Montpellier, Colbert, sur ces disputes, et jusqu'à la consultation des cinquante avocats en faveur de M. Soanen. Plein de vénération pour la mémoire du diacre Pâris, et de zèle pour les miracles de Saint-Médard, il étoit un des plus assidus au cimetière avant qu'on le fermât. Il vit et retoucha la vie du saint diacre, imprimée en 1730, renouvela son appel dans son testament et dans ses derniers momens, et laissa mille écus pour la boîte à Perrette, ainsi que le président Rolland le dit dans son Mémoire de 1781. Je suis porté à croire que M. Maillet-Lacoste a ignoré tout cela; car sans doute ce zèle, ces traductions, ces miracles, ce legs, lui eussent paru fort ridicules. Je conçois qu'on n'aime pas les Jésuites quand on a été nourri dans les idées de notre siècle; mais je conçois difficilement qu'avec ces même idées on se fasse l'apologiste de ceux qui ont donné dans une opposition opiniâtre, et dans les folies du cimetière Saint-Médard. Quand on se déclare ennemi de toute sorte d'excès, il me semble qu'on doit s'élever aussi contre l'excès de la résistance et de l'entêtement, et contre de misérables illusions. M. Maillet-Lacoste n'a pas osé dire que Rollin étoit appelant, et il s'enveloppe dans des circonlocutions, pour essayer d'épargner à son héros le ridicule d'une telle qualification. Il s'efforce de colorer ses démarches par des expres-: sions pompeuses, et il plaint l'autorité qui croyoit devoir le poursuivre. Effectivement c'étoit elle qui avoit tort de ne pas se ployer aux opinions de Rollin. Au fond, à quoi se réduisirent cette persécution et cette intolérance qu'on reproche au gouvernement de ce temps-là contre le recteur appelant? On fit deux fois des visites chez lui, et on lui ôta sa principalité; mais ses amis eux-mêmes ont semblé prendre à tâche de justifier l'autorité par ce qu'ils racontent de son zèle pour le parti, et de sa crédulité pour de tristes impostures. Il nous semble que M. Maillet-Lacoste auroit mieux fait d'avouer ces torts que d'y chercher des excuses hyperboliques, ou de condamner tous ceux qui avoient le malheur de ne pas penser comme Rollin. Il y avoit assez de bien à dire de celui-ci sans vouloir admirer tout indistinctement en lui, et, quel que soit à cet égard le privilége des panégyristes, il ne va pas apparemment jusqu'à légitimer la censure des deux puissances, parce qu'il est arrivé à Rollin de se mettre en opposition avec elles. (Samedi 17 avril 1819.) (No. 489.) Considérations sur les discordes religieuses, adressées au rédacteur du journal soi-disant l'Ami de la Religion et du Roi, par un habitant d'un village du Doubs; Paris, 1819, brochure in-8°. de 48 pages. Nos lecteurs auront sans doute oublié que dans notre No. 268, tome XI, page 102, il fut question de M. R., curé dans le Jura, et d'un écrit que nous avions reçu sous le titre ironique de Rétractation d'un prétre constitutionnel; nous avions nous-même un peu oublié ce petit écrit, quand la nouvelle brochure, les Considérations, nous a été remise. Ce titre auroit pu faire croire qu'on y présentoit des réflexions sur les tristes effets des discordes religieuses. Non; c'est tout simplement un nouveau plaidoyer en faveur de l'église constitutionnelle. L'habitant du village du Doubs n'a pris d'autre peine que de répéter ce qui a été dit pour ce parti. Il s'étoit pourtant donné le temps de méditer sa réponse. Notre article a paru le 5 mars 1817; il y a par conséquent plus de deux ans, et l'auteur avoit eu tout le loisir nécessaire pour préparer ses argumens. Cet homme-là n'a pas la répar tie vive. Cependant aucuns ne trouveroient encore qu'il s'est trop hâté; dans sa brochure, élaborée pendant deux ans révolus, il y a quelques traces de précipitation. Ne pouvant ni ne voulant reproduire ici ce que d'autres ont déjà dit, et mieux.que nous, sur ces matières, nous nous contenterons de faire quelques remarques sur certains endroits de sa brochure. Il supTome XIX. L'Ami de la Religion et du Rot. T pose que le ton d'ironie du premier écrit qui nous fut envoyé, sous le titre de Rétractation d'un prêtre constitutionnel, nous avoit donné de l'humeur, et que c'étoit aussi ce qui courrouçoit les Jésuites dans les immortelles Provinciales. Nous devons lui dire que ce rapprochement entre un très-petit écrit et les Provinciales, est quelque peu ambitieux. Il peut être certain en outre que la Rétractation ne nous a point courroucés ni même donné de l'humeur. Cet écrit étoit trop doux pour nous blesser, et l'ironie en étoit bien moius maligne et bien moins piquante que l'auteur ne le croit. C'est un point sur lequel nous devions rassurer sa conscience. L'habitant du Doubs reproduit un argument que nous avions réfuté dans notre article. Il prétend qu'en 1791, il ne prêta serment qu'à la constitution de l'Etat et non à la constitution civile du clergé. La même défaite a été imaginée dans la Chronique. Ce ne fut point, est-il dit, tome Ier. de ce recueil, pag. 122, Ala constitution civile du clergé que mon serment eût pour objet, comme on voudroit le faire entendre, c'étoit la constitution françoise. Il est, sans doute, assez étonnant qu'il faille apprendre à ces Messieurs l'objet du serment qu'ils ont fait; ils n'y mettoient pas apparemment beaucoup d'importance, puisqu'ils ont déjà oublié ce qu'ils avoient juré. Si on leur avoit dit en 1791 qu'ils n'avoient point promis d'observer la constitution civile du clergé, il est à croire qu'ils l'auroient trouvé fort mauvais. Ils tenoient alors ce serment à honneur,, ils le regardoient comme un acte de patriotisme; aujourd'hui ils voient qu'il n'y a plus le même intérêt à se déclarer pour cette constitution civile du clergé, et ils ne voudroient plus avoir l'air de s'être engagés à l'observer. Examinons ce qui en est. Que l'on consulte tous les journaux du temps, ou bien, si l'on veut quelque autorité plus importante encore, que l'on recourre an Bulletin des Lois, qui, comme on sait, est officiel, et fait régle devant les tribunaux. J'ouvre le volume intitulé: Assemblée constituante, tome Ier. 1. partie, et j'arrive, en suivant l'ordre chronologique des décrets, à la page 327, où je lis: Décret sur la constitution civile du clergé, et la fixation de son traitement, du 12-24 juillet 1790. L'assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de son comité ecclésiastique, a décrété et décrète ce qui suit, COMME ARTICLEs consTITUTIONNELS. Vous l'entendez, comme articles constitutionnels. Suit tout le décret qui, dans le Bulletin des Lois, volume cité, occupe dix pages, depuis la 327°. jusqu'à la 338.; là se trouve la nouvelle division des diocèses, la suppression des anciens siéges, l'érection des nouveaux, le mode d'élection des évêques et des curés, et tous les réglemens compris sous le titre général de Constitution civile du clergé. Là aussi se trouve le serment d'être fidèle à la nation, à la loi et au Roi, et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l'assemblée nationale, et acceptée par le Roi. Ce décret fut sanctionné par Louis XVI, le 24 août 1790. 1 Ainsi, d'une part, l'assemblée porte un décret sur la constitution civile du clergé, et elle le décrète comme articles constitutionnels; d'une autre part elle prescrit le serment de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l'assemblée nationale, et acceptée par le Roi. Cela est-il assez positif et assez pré |