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culté de théologie de Reims. Non-seulement il appela, mais il consacra sa plume à la défense de l'appel. Ayant réappelé en 1720, un ordre du Roi le relégua à Saint-Jean de Luz. 11 prit la fuite, fut privé des fruits de son bénéfice, et perdit même, en 1730, par une procédure ad hoc, son titre de chanoine de la métropole de Reims. En 1726, il se fixa en Hollande, où il passa les vingt-cinq dernières années de sa vie, aidant de ses conseils les évêques schismatiques d'Utrecht, et prenant part à toutes les entreprises et à toutes les intrigues de ce parti. I composa une foule d'écrits sur ces matières, et prit même la défense des miracles de saint Médard. Tel est l'homme dont on a imaginé de choisir la traduction pour la réimprimer. On a certainement lieu d'être étonné de cette préférence donnée à une production d'un écrivain de parti. Mais si la conduite tenue constamment par Le Gros, son indocilité, les censures et les châtimens qu'il s'est attirés, inspirent déjà de justes préventions contre son ouvrage, elles sont encore confirmées par l'examen même rapide de ce même ouvrage.

En effet sa traduction du nouveau Testament, quoique différente de celle de Mons et de Sacy, s'en rapproche néanmoins beaucoup dans les endroits où celles-ci ont cherché à insinuer les erreurs du temps. La version de Mons sur ce passage de saint Luc: Pax hominibus bonæ voluntatis, chap. 11,†. 14, avoit dit: Paix aux hommes chéris de Dieu; Le Gros reproduit cette interprétation contraire à la lettre, et qui n'est motivée par aucune raison plausible. Il suit également la version de Mons pour ce passage de saint Jean, chap. xvii, f. 12: Quos dedisti mihi, custodivi et nemo ex iis periit, nisi filius perditionis; passage qui a toujours embarrassé ceux qui veulent que Jésus-Christ soit mort seulement pour le salut des prédestinés. Aussi au lieu de traduire ces mots, nisi filius perditionis, de la manière la plus simple et la plus naturelle, sinon le fils de perdition, ils ont cherché, à l'exemple de Calvin, une explication détournée, et ont ainsi rendu ces mots: Mais seulement celui qui étoit le fils de perdition; par où ils ont voulu atténuer la force du passage. Nous lisons dans l'Epître de saint Paul aux Romains, chap. xiv, †. 23: Omne autem, quod non est ex fide peccatum est. Le Gros traduit, comme Mons et Sacy: Tout ce qui ne se fait pas selon la foi est péché; version contraire à la suite des idées et à l'autorité des plus savans interprètes, et qui n'est imaginée que

pour favoriser la proposition de Baïus, que toutes les actions des infidèles sont des péchés : les auteurs les plus exacts et les plus orthodoxes traduisent ainsi : Tout ce qu'on ne fait pas selon la créance que l'on a, ou selon la conscience est péché; et le P. Mauduit lui-même, dans son Analyse des Epitres de saint Paul, dit que le sens littéral de ces paroles est qué toute action qui ne vient pas de la persuasion intérieure de la conscience est péché. Le même apôtre disoit aux Corinthiens,ch. xv, . 10: Non ego, sed gratia Dei mecum; ce qui donne une idée aussi nette que juste de la coopération libre de la volonté à la grâce. Le Gros, comme Mons et Sacy, ont eu soin de faire disparoître ce sens dans leur traduction: Non pas moi, mais la grace de Dieu qui est avec moi. Nous ne citerons pas d'autres passages; ceux-ci suffisent pour montrer l'esprit de cette traduction, et sa conformité dans les points essentiels avec celle de Mons, qui a été condamnée par deux papes et par plusieurs évêques.

Tout concourt donc à rendre cette traduction suspecte, et nous ne saurions prendre sur nous de recommander l'edition de M. Desoër. Encore supposons-nous qu'il suivra la première édition de la Bible de Le Gros, qui parut en 1739, en 1 vol, in-12. Ce seroit bien pis s'il prenoit pour guide la deuxième édition, publiée en 1756, en 5 tom, in-12 (reliés quelquefois en 6). Celle-ci, qui fut donnée par Rondet, est chargée de notes, dont plusieurs sont assez mauvaises; elle est, de plus, augmentée d'un Discours sur les prophètes, où l'éditeur donne dans des illusions chères à son parti, se perd en conjectures sur les derniers temps, et fait des allusions aussi absurdes que méchantes contre une société célèbre par ses services. Il y a lieu de croire que M. Desoër ne compte pas grossir son édition de ces déclamations qui sentent la passion et l'emportement. Du reste, afin qu'il ne nous accuse pas de ne point donner une idée de son entreprise, il se propose de faire deux éditions à la fois de la Bible, l'une en un gros vol. in-8°.; l'autre en 7 vol. in-8. L'in-8°. paroîtra en avril prochain, et sera de 20 fr.; l'in-18 paroîtra par livraison d'un ou deux volumes et la première doit être publiée dans ce mois. Le prix de chaque volume sera de 3 fr. 50 cent. Le caractère et le papier doivent être semblables à ceux du Prospectus, qui est exécuté d'une manière satisfaisante; et si l'on ne s'en rapportoit qu'à l'œil, l'impression, quoiqu'un peu fine, seroit pourtant assęz géduisarte.

Mercredi 24 février 1819.)

(N°.474.)

Notice sur M. l'abbé le Gris-Duval (1).

René-Michel le Gris-Duval naquit, le 16 août 1765, à Landernau, petite ville du diocèse de Saint-Pol de Léon, en Bretagne; il fut baptisé, le 18, dans l'église paroissiale de Saint-Houardon. Son père, qui jouissoit d'une grande réputation d'intégrité, est ainsi dé signé dans l'extrait de baptême du fils: noble homme Jean-Marie le Gris, sieur Duval, conseiller du Roi, contrôleur des deniers d'octroi de la ville. Sa mère se nommoit Marie-Thérèse-Périne-Renée de la Fontaine de Truaudet. Elle étoit de la famille de MM. de Querbeuf, dont l'un deviat conseiller des finances de S. A. R. MONSIEUR (le Roi actuel), et l'autre, ecclésiastique et ancien Jésuite, est connu par des éditions de bons ouvrages, et mérite encore plus de l'être par sa piété, par son zèle pour le ministère, et par l'estime qu'il avoit inspirée à beaucoup de personnes de distinction dont il étoit le directeur dans la capitale. M. et Mme, le Gris-Duval eurent huit enfans, quatre garçons et quatre filles. RenéMichel étoit l'aîné. Il ne reste aujourd'hui de toute cette famille que le plus jeune des frères, qui est médecin à Brest, et une sœur retirée aux Carmelites de Morlaix.

MM. de Querbeuf ayant obtenu des bourses à Louisle-Grand et à Navarre, pour trois de leurs neveux, l'aîné fut envoyé à Louis-le-Grand, vers l'âge de 11 ans. I s'y fit remarquer dès-lors comme un enfant de prédilection, enrichi des dons les plus précieux de la nature et de la grâce; il n'avoit de l'enfance que la candeur, l'ingénuité, l'innocence et les autres

(1) Brochure in-8°. de 32 pages; prix, 75 cent. et 90 cent. franc de port. A Paris, chez Adr. Le Clere, quai des Augustins no. 35. Tome XIX. L'Ami de la Religion et du Ror. D

qualités qui la rendent intéressante et aimable. Parvenu à l'époque des exercices pour la première communion, on vit qu'il en sentoit toute l'importance; il s'y prépara par un redoublement de vigilance sur luimême. Eutouré d'un bon nombre de camarades distingués par leur piété, tous le reconnoissoient pour leur maître et leur modèle, et ils lui rendoient avec d'autant plus d'empressement ce témoignage flatteur, que, loin de se prévaloir de sa supériorité, il ne s'en apercevoit meine pas. Ingénieux à les gagner à Dieu, il les attiroit par sa complaisauce, par la bonté de son coeur, par les charmes de sa conversation, par les saillies de l'esprit le plus aimable. Ceux mêmes qui n'avoient pas la force de Suivre son exemple, recherchoient sa société, et ne pouvoient s'empêcher de le respecter; et l'on a vu depuis de ses camarades qui ont marqué d'une manière plus ou moins fâcheuse pendant la révolution, ou qui ne dissimu loient pas leur indifférence ou leur mépris pour la religion, donner néanmoins des marques d'une profonde estime à leur ancien ami; tant l'ascendant d'une haute vertu est puissant sur ceux mêmes qui marchent dans d'autres sentiers. Et ce qui ajoutoit à la considération qu'on avoit pour le jeune le Gris-Duval au collége, c'est que les talens de l'esprit ne le cédoient point chez lui aux qualités du coeur. Il ne brilloit pas moins dans la classe qu'à l'église, et il obtint et conserva sur ses camarades, dans tout le cours de ses études, une supériorité qui ne fut jamais contestée. Il termina son cours de philosophie par une thèse qui lui fit le plus grand honneur, et il sortit du collége, y laissant la même réputation que ce Décalogne qu'il avoit, en quelque sorte, remplacé; qu'il égaloit en piété, mais qu'il passoit sous le rapport du talent, de la facilité pour l'étude, et des dispositions pour les lettres.

Avec une piété si tendre, le jeune le Gris-Duval n'avoit pas hésité long-temps sur sa vocation. It se destinoit à l'état ecclésiastique, qui lui offroit plus de moyens

de satisfaire son zèle et sa charité pour le prochain. Il reçût la tonsure, le 7 avril 1781, des mains de M. dè Contrisson, évêque de Thermopyles, et passa maîtreès-arts, le 1er août 1785. It fit choix du séminaire le plus renommé pour la pureté de la doctrine et pour l'esprit sacerdotal. Il entra au grand séminaire Saint-Sul pice, et y montra le même goût pour la vertu, le même désir de perfection, le même attachement à ses devoirs qu'à Louis-le-Grand, avec la seule différence qu'y 'des voient apporter les progrès de l'âge et du jugement. Il ne paroissoit occupé que de son avancement spirituel, et de ses études théologiques. On s'apercevoit bien à son air, et à tout l'ensemble de sa conduite, qu'il marchoit constamment en la présence de Dieu, et qu'il tra vailloit à former en lui l'homme intérieur. Il suivit en Sorbonne les leçons de MM. de la Hogue, Dudemaine, Asseline et autres professeurs habiles. Il reçut les ordres mineurs, le 10 juin 1786, de M. de Beauvais, ancien évêque de Sénez, et fut ordonné sous-diacre, le 22 décembre 1787, par M. Miroudot-Dubourg, évêque de Ba bylone. Ce fut ce même prélat qui lui conféra le diaconat, le 22 mars 1789, et la prêtrise, le 20 mars 1790. Il prit, le 9 février 1789, le grade de bachelier en théologie.

A

M. l'abbé le Gris-Duval ne quitta point la France en 1792. Jeune encore, n'étant point porté sans doute sur les listes d'émigrés, n'ayant point occupé de place, et n'ayant pas eu par conséquent à refuser le serment de 1790, il étoit moins suspect, et pouvoit se rendre plus utile dans un moment où tant de prêtres proscrits et fugitifs alloient laisser les fidèles sans secours. Il se retira à Versailles, et commença à s'y livrer au ministère auquel l'avoient si bien préparé une jeunesse passée dans l'innocence, la méditation des vérités saintes, et l'étude assidue de tout ce qui est relatif à la religion. Il n'étoit point caché, quoique les décrets de proscription et les massacres du mois de septembre eusDa

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