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Dissertation sur les églises catholique et protestantes, par M. le cardinal de la Luzerne; 2% édition (1).

La controverse entre les catholiques et les protestans est bien changée depuis que ceux-ci out fait tant de pas en avant, et ont abandonné les dogmes que les premiers réformateurs n'avoient pas osé ébranler. Luther et Calvin tenoient au moins aux grands principes du christianisme, à la divinité de Jésus-Christ, à la Trinité, à l'Incarnation, et aux autres mystères que la révélation nous enseigne, et qu'a reconnus une longue tradition. Leurs disciples sont plus hardis, et donnent franchement la main aux sociniens; de sorte qu'aujourd'hui il faut, pour les réfuter, prendre la même marche à peu près qu'avec les sociniens et les déistes, et établir avant tout les vérités qui, auparavant, paroissoient communes à toutes les églises chrétiennes.

Ces réflexions ne tendent nullement à affoiblir le mérite et l'utilité de cette Dissertation, puisque, d'une part, l'illustre auteur a, dans d'autres Dissertations, démontré les principes fondamentaux du christianisme, et que, d'un autre côté, tous les pro testans ne donnent pas dans l'excès de témérité que nous avons signalé. Ceux qui suivent encore le sys

(1) 2 vol. in-12; prix, 5 fr. 50 cent. et 7. fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Potey; et chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal.

Tome XIX. L'Ami de la Religion et du Ror. Ꮐ

tême des premiers auteurs de la réforme, trouveront ici des raisonnemens dirigés spécialement contre eux, et tout-à-fait propres à les convaincre, et ceux qui se donnent plus de licence, et qui retranchent, à leur gré, de la révélation ce qui choque une raison altière, trouveront, en joignant cette Dissertation aux autres qu'a publiées M. le cardinal de la Luzerne, un corps complet de preuves pour résoudre leurs objections et triompher de leurs difficultés.

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Le savant auteur réduit avec raison la controverse à cette seule question : Quelle est la véritable église? expose à cet égard le systême protestant, et fait voir que l'examen particulier que ce système autorise ne seroit conforme ni à la sagesse de Dieu ni à la nature des hommes. Nous aurious désiré citer ce passage, qui nous a paru offrir un exemple d'une discussion sage et précise; mais nous sommes obligés de le supprimer, à cause de l'abondance des nouvelles.

Dans cette Dissertation, rédigée avec beaucoup de méthode et de clarté, l'auteur déduit successivement la preuve de la doctrine catholique sur l'Eglise, par l'Ecriture , par la tradition, par la raison, par l'absurdité du systême contraire. La logique et la théologie s'y prêtent un mutuel secours. Il n'y a d'ailleurs aucune teinte d'amertume, ni l'ombre d'un reproche. L'illustre écrivain n'a en vue que la vérité, et ne dit rien qui puisse indisposer les esprits les plus ombrageux. Aussi nous ne sommes point étounés qu'il ait fallu faire une deuxième édition de son ouvrage. La première avoit paru en 1816, et celleci, qui la suit de près, ne doit pas sans doute avoir moins de succès.

Nous saisissons cette occasion pour parler d'un

autre ouvrage du même genre, qui a paru, l'année dernière, en Angleterre, et qui est aussi le fruit du zèle et des travaux d'un prélat distingué; cet ouvrage a pour titre : End of religious controversy, ou Fin de la controverse religieuse, dans une correspondance amicale entre une société de protestans et un théologien catholique, adressée à l'évêque de SaintDavid's, par J. M.; 3 vol. in-8°. L'auteur est M. Milner, vicaire apostolique, dont nous avons parlé plus d'une fois. Il raconte lui-même, dans sa lettre à l'évêque anglican de Saint-David's, ce qui a donné lieu à cette suite de lettres, qui furent écrites en 180r et en 1802. La controverse entre M. Milner et le docteur Sturges venoit d'avoir lieu. Celui-ci, prébendaire de Winchester, avoit défié M.Milner, dans ses Réflexions sur le papisme, et M. Milner, alors simple prêtre, lui avoit répondu par les Lettres au prébenduire, qui sout fort estimées en Angleterre, et dont la publication fut utile à la religion. Elles éveillèrent l'attention de beaucoup de protestans, et entr'autres d'une société de personnes qui désirèrent lier une correspondance avec M. Milner sur les points controversés. Voilà l'origine de ces lettres, qui sont divisées en trois parties. Dans la première, l'évêque catholique établit que Jésus-Christ a laissé une règle de foi, que cette règle doit être sûre et non sujette à l'erreur, et qu'elle doit être adaptée à la capacité du plus grand nombre. Le second volume trace les caractères de la vraie Eglise, et le troisième est destiné à rectifier les fausses peintures que les protestans font de la doctine catholique. Ces fausses peintures se reproduisent chaque jour dans des écrits publiés par des membres du clergé

dominant. On diroit qu'ils redoublent de zèle contre les catholiques à mesure que leur influence sur leurs propres troupeaux va en décroissant. Un grand nombre de protestans abandonnent successivement l'église établie, et se jettent dans d'autres scctes, cherchant le repos et ne le trouvent pas. Cette défection, dont les catholiques ne sont point la cause, semble pourtant ranimer la haine qu'on leur porte, et on s'en prend à eux de la solitude des temples, et de l'abandon où les ministres anglicans se trouvent de plus en plus. L'évêque de Saint-David's, auquel M. Milner répond, vient de publier le Catéchisme d'un protestant, où il déclare qu'il ne faut point tolérer le papisme, et où il semblé appeler contre eux la barbarie des anciennes lois. Telle est la modération et la douceur de ce bon prélat; elle ne peut être comparée qu'à sa logique, dont il est à propos. de donner un échantillon. Il établit en principe que le protestantisme existoit plusieurs siècles avant le papisme, et cependant il fait consister le protestantisme dans l'abjuration du papisme. Il pose en effet cette question: Qu'est-ce que le protestantisme ? et la réponse est: L'abjuration du papisme, et l'exclusion des papistes de tout droit ecclésiastique et civil. Mais comment le pro-. testantisme peut-il consister dans l'abjuration d'une croyance à laquelle il est antérieur? C'est une difficulté que l'évêque anglican n'a pas prévue. M. Milner, dans sa lettre, fait sentir cette absurdité; il relève aussi comme un trait d'une singulière érudition, l'assertion du même prélat, qui prétend que l'église d'Angleterre a été fondée par saint Paul; enfin il lui reproche d'autres paradoxes religieux ou politiques. Cet écrit de M. Milner se place avec hontieur à la

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suite de ceux par lesquels ce savant évêque a défendu la religion catholique, et peut surtout être regardé comme un appendice de ses excellentes Lettres au prébendaire, qu'il seroit à propos qu'on prît la peine de traduire en françois.

NOUVELLES ECCLESIASTIQUES.

PARIS. Il y a eu cette semaine plusieurs assemblées de charité dans la capitale; l'une le mardi 2, dans l'église de l'Assomption, où a prêché M. l'abbé Fayet, et qui étoit destinée à une maison d'éducation pour de jeunes personnes, la plupart orphelines, et toutes indigentes, que l'on forme au travail et à la piété; l'autre assemblée, à Saint-Denis du Marais, le vendredi 5, où a prêché M. Ronsin, et qui a aussi pour but de soutenir une maison d'éducation du même genre dans ce quartier. Aujourd'hui 6, à une heure, il y aura encore une assemblée de charité à Saint-Vincent-de Paul, faubourg Poissonnière. M. l'évêque de Samosate prêchera en faveur d'un établissement de charité pour les enfans pauvres et les malades de ce quartier. S. A. R. MADAME, pro tectrice de l'établissement, se propose d'assister à cette piense réunion. Elle a nomnié pour quêter Mmes, de Brissac et de Pradel, S. A. R. se propose également d'assister à une assemblée de charité qui se tiendra, le lundi 8 mars, à midi et demi, à Saint-Germain-d'Auxerrois, pour l'établissement des Enfans de la Providence, M. l'abbé Feutrier, prédicateur du Roi, prononcera le discours.

-M. Henri de Chambre d'Urgons, évêque d'Orope, et ancien suffragant de Metz sous M. le cardinal de Montmorency, est retiré depuis quelque temps à Tartas, département des Landes, où il est né en 1748. Dans le commencement de son séjour en cette ville, il s'étoit abstenu de paroître à l'église, et on en avoit conclu qu'il ne vouloit pas communiquer avec le curé du lieu. Ce qui avoit fortifié ce bruit, c'est que M. d'Orope

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