ment tolérée. La plupart des ouvriers, tels que maçons, tailleurs de pierre, etc., émigrent, et vont chercher au loin du travail. La bienfaisance particulière parvient à secourir convenablement les classes pauvres. 23. Dordogne. (M. de Norvins, préfet. 23 septembre 1830.) - On ne saurait évaluer le nombre des indigens et des mendians qui est très considérable dans les années de disette et pendant les saisons rigoureuses. La misère est attribuée au défaut de développement de l'agriculture et de l'industrie manufacturière. Elle n'est secourue que par les hospices, les bureaux de bienfaisance et les aumônes. La mendicité est complétement 10lérée. Il n'existe pas de terres incultes propres à être défrichées dans l'intérêt des classes pauvres. 27. Eure-et-Loir. (M. le baron de Giresse - Labeyrie, préfet. 19 mars 1830.) Il existe peu d'indigens dans le département, si ce n'est dans la mauvaise saison. La misère, dans cette contrée, n'a guère d'autre cause que la cessation des travaux agricoles. Le travail et les aumônes suffisent aux besoins pendant le reste de l'année. Dans la saison rigoureuse, les indigens sont secourus par des travaux de charité sur les chemins vicinaux et des souscriptions très abondantes. Le département renferme peu de mendians. La mendicité n'a d'autre cause que le défaut de travail ou le renchérissement du pain. Les habitans du pays sont actifs et laborieux. On ne voit aucun terrain inculte. 28. Finistère. (M. le comte de Castellane, préfet. 1829.) - Dans la saison rigoureuse on évalue à plus de 60,000 le nombre des indigens. Cette misère excessive est attribuée à la disparition du commerce des toiles de Bretagne, à l'insuffisance des salaires, à l'ignorance et au défaut d'industrie des habitans, à leur penchant à l'ivrognerie, et à l'immoralité qui règne dans les villes. L'indigence n'est que très imparfaite ment secourue par des aumônes et des secours à domicile. Le nombre des mendians est très considérable. Il n'existe aucun moyen de répression. Les causes de la mendicité sont les mêmes que celles qui produisent la misère. Le défrichement des landes offrirait des moyens d'existence et de travail aux indigens et aux mendians. 29. Gard. (M. Hermann, préfet. 13 mars 1830.) — La ville de Nîmes compte 6,000 indigens. On ignore le nombre de ceux qui se trouvent dans le reste du département. Il y a peu de mendians du pays. La plupart sont étrangers. Le département du Gard renferme 25,000 hectares de marais que l'on pourrait dessécher utilement. 30. Garonne. (Haute-) (M. le baron du Martroy, préfet. 23 mars 1830.) — Le nombre des pauvres, que l'on ne saurait évaluer, augmente sensiblement dans les années disetteuses et les hivers rigoureux. Les mendians ne sont nombreux que dans les villes, et particulièrement à Toulouse, où la charité est abondante, et attire les pauvres étrangers. Il n'existe, dans le département, aucun moyen de répression de la mendicité, ni aucun terrain inculte susceptible d'être défriché avec avantage. 31. Gers. N'a pas répondu. 32. Gironde. (MM. le baron d'Haussez et le vicomte de Curzay, préfets. 1829 et 1830.) Dans les temps de prospérité du commerce et de l'industrie vinicole, le nombre des pauvres ne dépasse guère 18,000; mais il augmente considérablement dans les années malheureuses et pendant la mauvaise saison. Il existe des associations de charité qui distribuent très efficacement les secours obtenus de la charité publique. On porte à environ 1,570 le nombre des mendians. La mendicité est attribuée principalement à la paresse et aux infirmités. A Bordeaux, les mendians, au nombre de 270, sont reçus dans la maison de travail et de refuge, créée par M. le baron d'Haussez. Dans le reste du département, ils sont secourus à domicile. Le défrichement et la colonisation des landes incultes offraient de puissans moyens de soulagement en faveur des pauvres. 33. Hérault. - N'a pas répondu. 34. Ille-et-Vilaine. (M.Jourdan, préfet. 1830.) Dans les années malheureuses et pendant la mauvaise saison, le nombre des indigens s'élève au-delà de 70,000. Cette misère si étendue est attribuée au grand nombre d'enfans dans les familles prolétaires, au défaut de travail, à l'insuffisance des salaires, et à l'ivrognerie de la plupart des chefs de famille. La disparition du commerce des toiles de Bretagne a exercé aussi unc fâcheuse influence. Le nombre des mendians est très considérable: on l'évalue à plus de 20,000 dans les années de disette. Une grande partie des mendians cherche à se faire condamner pour être nourris pendant l'hiver. Le seul moyen de répression est la défense de mendier ailleurs que dans le lieu du domicile. Il faudrait renfermer les mendians valides, et surtout les enfans, pour leur donner un métier et les habituer au travail. Le dépôt de mendicité ouvert à Rennes, en 1810, et supprimé en 1816, ne pouvait contenir que 400 individus; il n'obtint que des résultats incomplets. Il aurait fallu un dépôt par arrondissement. Les vastes landes de Bretagne peuvent être utilement plantées en bois; mais cette opération n'offrirait que des travaux momentanés aux indigens. 35. Indre. (M. de Fussy, préfet. 5 avril 1830.) En temps ordinaire, le nombre des pauvres n'est guère que de 5 à 6,000, dont 2,141 sont secourus par les bureaux de bienfaisance. Mais ce nombre augmente dans Ja saison rigoureuse. L'indigence est attribuée à l'insuffisance des salaires et à la cherté des grains. Parmi les moyens de la soulager, on indique T'encouragement de l'agriculture, la création de nouvelles routes, d'ateliers de charité, d'associations de bienfaisance et la propagation de l'ins truction. On compte environ 1,000 mendians. Les vieillards, les femmes et les enfans se livrent seuls à la mendicité, qui est à peu près tolérée partout. 65,000 hectares de terres incultes pourraient être défrichées avec succès, mais le défaut de capitaux empêche de se livrer à cette opération. Depuis trente ans on n'a pas défriché plus de 10,000 hectares. Il est cependant reconnu que la première année de récolte couvre toutes les dépenses de défrichement. 36. Indre-et-Loire. (M. Faré, secrétaire-général. 3 mars 1831.) Le nombre des mendians est peu considérable. Il augmente pendant la saison rigoureuse. 40. Loir-et-Cher. (M. le comte de Lézai-Marnézia, préfet. 31 mars 1830.) - On peut évaluer le nombre des indigens au 12o dans les villes, et au 24o dans les campagnes. On doit ranger parmi les causes premières de l'indigence, l'insuffisance du travail et des salaires et l'avilissement du prix des vins. La pauvreté est secourue par les dotations très insuffisantes des bureaux de bienfaisance. On ignore le nombre des mendians. Il est assez considérable dans la Sologne, pays insalubre et peu fertile. La mendicité est circonscrite seulement dans les communes respectives. Le défrichement des terres incultes de la Sologne offrirait des ressources à la classe ouvrière. Mais on manque de capitaux, et les habitans de cette contrée craindraient de n'ètre pas dédommagés de leurs avances, nécessairement importantes. 43. Loire-Inférieure. (M. de Saint-Aignan, préfet. 21 janvier 1831.)Annonce qu'il lui est impossible de transmettre, sur cet objet, aucun renseignement statistique digne de confiance. (Nota. On a suppléé à ce défaut de renseignemens par des notions recueillies dans la ville de Nantes et dans le département. Une maison de travail et de refuge a été créée à Nantes pour les mendians, sous l'administration de MM. de Villeneuve et de Vanssay.) 44. Loiret. (M. le vicomte de Riccé. 4 février 1831.) - Il existe environ 16,000 indigens dans le département du Loiret. On ne peut évaluer le nombre des mendians, qui est, au reste, peu considérable. (Nota. On a dû modifier cette évaluation d'après des recherches plus complètes et plus précises, faites par M. le baron de Morogues, et consignées dans divers mémoires publiés par cet écrivain philantrope.) 45. Lot. (M. Seguy, conseiller de préfecture. 22 juillet 1830.) Le nombre des indigens s'élève à près de 12,000. La misère est attribuée aux infirmités, aux maladies, à un mauvais régime alimentaire, à l'absence de toute industrie. Elle n'est que très imparfaitement soulagée par les bureaux de bienfaisance et la charité particulière. On évalue à 3,000 le nombre des mendians, sur lesquels on compte 1/4 d'enfans. La mendicité est partout tolérée. Cependant les mendians valides trouveraient du travail. L'administration réclame l'établissement d'un dépôt de mendicité. 46. Lot-et-Garonne. (M. Lacoste, conseiller de préfecture. 15 juillet 1830.) - Le département de Lot-et-Garonne renferme environ 12,000 indigens. La pauvreté est attribuée à Pinsuffisance du travail et des salaires et au défaut d'industrie. Lorsque l'hiver ou la gêne des propriétaires forcent à réduire le nombre des journaliers et valets, ceux qui demeurent sans emploi, tombent dans l'indigence. Le nombre des mendians est très considérable: suivant les circonstances, il s'élève de 3 à 5,000. La mendicité est attribuée en partie à la paresse, encouragée par une charité irréfléchie. On n'a pu réaliser aucun secours efficace en faveur de l'indigence, ni aucune répression contre la mendicité, depuis la suppression du dépôt fondé sous l'administration de M. le comte de Villeneuve. (M. Lacoste, directeur de cet établissement, avait obtenu les succès les plus remarquables.) Le défrichement des landes, ou terres incultes du département, pourrait offrir sans doute d'utiles ressources aux indigens; mais il faudrait, outre de grands capitaux, pouvoir vaincre l'obstination des communes et des particuliers, et cette difficulté paraît insurmontable. 47. Lozère. (M. Reboul, secrétaire-général. 9 avril 1830.) - On compte, dans le département, de 3 à 4,000 indigens. La misère est attribuée à la stérilité du sol, à l'âpreté du climat, à l'absence d'instruction, de commerce et d'industrie. Les aumônes sont les seuls secours offerts aux pauvres. Environ le 1/3 des indigens se livre à la mendicité, qui est partout tolérée. 48. Maine-et-Loire. 49. Manche. N'a pu fournir aucun renseignement. N'a pas répondu. , 50. Marne. (M. le baron de Jessaint. 8 juillet 1830.) - Le nombre des indigens s'élève à environ 11,000. Les causes de la misère se puisent dans l'insuffisance du travail et des salaires, dans le défaut d'industrie dans la paresse, l'intempérance et l'imprévoyance des classes ouvrières. Les hôpitaux, les bureaux de bienfaisance, les ateliers de charité et les dons volontaires, constituent les seuls modes de secours. On compte, dans le département, 1,150 mendians. La mendicité est attribuée principalement à des aumônes trop facilement obtenues. Un mendiant bon marcheur gagne plus, dans ses tournées quotidiennes, qu'il n'obtiendrait d'un travail régulier. La mendicité est réprimée, pour les valides, par un dépôt de mendicité. Les hôpitaux et les hospices reçoivent les invalides et les enfans. En général, on se borne à réprimer les écarts de la mendicité. Les mauvaises terres de Champagne ne peuvent être mises en valeur que par des plantations de sapins. 51. Marne. (Haute-) - N'a pas répondu. 52. Mayenne. (M. le comte de St.-Luc, préfet. 20 juillet 1830.) Durant la saison rigoureuse, le nombre des indigens s'élève jusqu'à 35,000. La misère extrême du pays est attribuée à la destruction des anciennes fabriques de toile et à l'introduction des machines dans la fabrication des tissus de coton, à l'insuffisance des salaires, à l'exubérance de la popu lation ouvrière. Les pauvres sont secourus par des ateliers de charité et des distributions à domicile. On évalue à 2,500 le nombre des mendians. La mendicité provient des mêmes causes que l'indigence: elle est complétement tolérée. Les terres incultes n'offrent aucune ressource aux classes pauvres. 53. Meurthe. N'a pas répondu. On a suppléé à cette absence de renseignemens officiels par des notions recueillies dans le département. 5/4. Meuse. (M. le baron de Caunan. 31 mars 1830.) - On évalue te nombre des indigens à 10,000. La pauvreté est attribuée à l'inconduite, à l'imprévoyance et à des accidens individuels. Les associations de bienfaisance, les établissemens de charité et des écoles gratuites sont les moyens principalement employés pour la soulager. On compte environ 3,500 mendians dans la saison rigoureuse. La mendicité, dont les causes sont les mêmes que celles de l'indigence, est à peu près tolérée dans toute l'étendue du département. Il n'existe aucun terrain inculte à défricher. 55. Morbihan. (M. Audouye, conseiller de préfecture. 28 janvier 1831. On compte environ 5,000 pauvres, dans le Morbihan, et 2,000 mendians. (Nota. Cette évaluation, si peu en rapport avec la situation des autres départemens de la Bretagne, a paru avoir été donnée sur des notions très vagues et peu approfondies. Des renseignemens particuliers ont mis à même de la rectifier convenablement.) 56. Moselle. (M. le vicomte de Suleau, préfet. 24 mars 1830.) On ignore le nombre total des indigens: environ 2,000 sont secourus à domicile, dans les villes principales, par les bureaux de bienfaisance; dans les campagnes, les pauvres sont soulagés par la charité des personnes aisées. La pauvreté est principalement occasionée par la surabondance d'enfans dans les familles pauvres (fruit de l'imprévoyance dans le mariage), et par l'insuffisance des salaires. Le nombre des mendians s'élève à 1,200 dans les temps ordinaires, mais s'augmente dans les années malheureuses et dans la mauvaise saison. La |